vendredi 24 décembre 2010

La reconnaissance est un secret



Joyeux Noël !

Et ici : Message de Noël




Matthieu 1, 18-25
18 Voici quelle fut l'origine de Jésus Christ. Marie, sa mère, était accordée en mariage à Joseph ; or, avant qu'ils aient habité ensemble, elle se trouva enceinte par le fait de l'Esprit saint.
19 Joseph, son époux, qui était un homme juste et ne voulait pas la diffamer publiquement, résolut de la répudier secrètement.
20 Il avait formé ce projet, et voici que l'ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit : "Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse : ce qui a été engendré en elle vient de l'Esprit saint,
21 et elle enfantera un fils auquel tu donneras le nom de Jésus, car c'est lui qui sauvera son peuple de ses péchés."
22 Tout cela arriva pour que s'accomplisse ce que le Seigneur avait dit par le prophète :
23 Voici que la vierge concevra et enfantera un fils auquel on donnera le nom d'Emmanuel, ce qui se traduit : "Dieu avec nous".
24 À son réveil, Joseph fit ce que l'ange du Seigneur lui avait prescrit: il prit chez lui son épouse,
25 mais il ne la connut pas jusqu'à ce qu'elle eût enfanté un fils, auquel il donna le nom de Jésus.


*

On a vu dimanche le problème de Joseph par rapport à cette fiancée étrange… En regard de cela, et du conte que nous venons d’entendre, je vous propose de considérer aujourd’hui un aspect qui a de quoi nous sembler étrange : la spontanéité avec laquelle Joseph accueille ce qui lui arrive…

Tout porte à penser que l’ange a mis Joseph au bénéfice d’un secret, le secret de la reconnaissance…

Mais revenons au problème de Joseph pour bien nous mettre à sa place…

Le texte nous présente Joseph au moment où il envisage de prendre des résolutions : rompre secrètement — car « il était un homme juste », nous dit l'évangile. On imagine que le texte suggère qu'à un certain point de la grossesse, il commençait à se poser des questions au sujet du ventre de sa fiancée.

Ce pourquoi il envisage de rompre : rappelons qu'à l'époque, les fiançailles étaient un contrat que normalement on ne rompait pas. C'était déjà un mariage, en quelque sorte ; une rupture était donc comme un divorce. Et il était inconcevable qu'avant le mariage proprement dit, le fiancé s’approche de sa promise. On restait à une distance relative, on était simplement promis l’un à l’autre, et cela ne se rompait pas.

D'où le problème qui se pose à Joseph : s'il ne rompt pas, on va le soupçonner lui d’avoir manqué de respect à sa promise ; et naturellement, de plus, il n'était peut-être pas non plus forcément enthousiaste à l'idée d'épouser une femme qui apparemment l’avait trompé. Mais s'il rompt, il expose Marie à l'humiliation publique, et par là-même à un avenir des plus sombres : ce qu'il veut lui épargner. Joseph envisage donc une voie moyenne : la rupture secrète.

C'est un ange, perçu en songe, qui le retient de mettre son projet de rupture à exécution et le rassure sur la probité de Marie.

Mieux, C’est du Messie qu’il s’agit, selon la vision du rêve (v. 20-21) : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse : ce qui a été engendré en elle vient de l'Esprit saint, et elle enfantera un fils auquel tu donneras le nom de Jésus, car c'est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. »

Et Joseph, à son réveil, obéit à la vision angélique. Il adoptera donc Jésus.

*

Cette spontanéité n’est-elle pas troublante ? On imagine volontiers, tout de même, un Joseph gêné aux entournures ! Certes, c’est le Messie attendu que le messager de son rêve lui annonce.

Mais tout de même… Le lendemain au village, qu’est-ce qu’on va dire ?… Cette fiancée pour laquelle on va le montrer du doigt. « Oh oh, ils ont fait Pâques avant Carême », selon la belle formule du temps de nos grand-parents ou arrière-grands-parents. Cela dans la meilleure des hypothèses. Car on peut aussi envisager les murmures sur son passage, genre : « Oh, le brave homme ! »

Bref pour Joseph, même après la vision de son rêve, tout aurait pu n’être pas acquis ! Beaucoup auraient pu envisager la rouspétance : « Mais qu’est-ce que j’ai fait au bon Dieu ? Messie, Messie ! Peut-être ; mais il aurait pu trouver quelqu’un d’autre ! Pourquoi moi, quand même ? Je suis un brave homme, qui ne demande que tranquillité ? Excusez-moi mais tout bien réfléchi, ange ou pas ange, moi je vais voir ailleurs, et lui il se débrouille avec sa mère du Messie ! »

Réaction normale quoi ! La rouspétance, qui n’est pas, semble-t-il, le fait du reste de la création, qui n’est pas le fait des animaux… Ce que le conte nous a rappelé. Avec la rouspétance on est dans l’humain, c’est-à-dire dans le religieux, puisque, on s’y accorde, une des caractéristiques de l’humain, c’est le religieux : les tombes intentionnelles disent les anthropologues, les premières tombes intentionnelles, précisent les paléontologues.

La rouspétance, ou l’humain, ou le religieux. La rouspétance comme début de la prière. Parce qu’après tout, qu’est ce que la rouspétance, sinon l’expression d’une plainte, d’une insatisfaction, adressée à qui au fond ? — sinon à Dieu : « qu’est-ce que j’ai fait au bon Dieu ? » C’est la version mauvaise humeur de la prière de demande : « Seigneur, ne pourrais-tu pas faire que ma situation soit meilleure que cela ? » — demande tout à fait légitime tant il y a des situations qui sont épouvantables.

C’est la situation de Joseph ce jour-là, au fond, si l’on se met à sa place. La prière ! La prière non-dite, cachée, dans la rouspétance, et la prière formulée, qui demande un changement de situation. Situation de Joseph. 1°) Rouspétance : « mais qu’est-ce que j’ai fait au bon Dieu ? » 2°) Demande : « ne peux-tu pas confier ton Messie à un autre ? »

Ce sont les deux premiers temps du déplacement de la prière : de la rouspétance à la demande exprimée, avant le troisième temps, ce temps dont Joseph montre à son réveil qu’il est le sien. Le temps de la reconnaissance : toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu » en dira Paul, en écho au Psaume que Joseph, en lecteur de la Bible a dû méditer : « fais du Seigneur tes délices, et il te donnera ce que ton cœur désire »… Joseph était un homme juste…

Le reconnaissance est donc un secret, un secret qui fait ressortir la justice de ceux à qui il est dévoilé. Le secret de l’émerveillement spontané qui meut la création, mais qui semble-t-il, a échappé aux hommes. Un secret, qui est celui du bonheur le plus profond, et qui va être plus difficile à transmette aux hommes. C’est le secret de Noël, le cœur de son message.

Réentendons la fin du conte :

« Quand le soleil se coucha sur Bethléem, toute la création, hormis les hommes, savait que l'Éternel ne l'avait pas oubliée et qu'un grand jour s'annonçait.

Dans l'étable où Marie et Joseph avaient trouvé refuge, l'âne attendait, le cœur battant, l'accomplissement de la promesse. Le bœuf, avec qui il partageait la litière, guettait le premier cri.

Dehors, l'air de la nuit se fit plus chaud, la lune brilla avec ardeur. Les oiseaux chantèrent comme en plein jour et les moutons, là-haut sur les collines, bêlèrent la grande nouvelle. Dans les océans, les coraux rougirent d'allégresse et au pôle nord, la banquise éclata de joie. La nature entière et tous les arbres des champs battirent des mains.

Cependant, les hommes ne prêtèrent pas attention aux émois de la terre. Rares furent ceux qui comprirent ce qu'ils signifiaient. Seuls les mages, venus d'Orient, virent dans le ciel une étoile qu'ils n'avaient jamais vue auparavant, et la suivirent. »


(Et c’est ce que nous verrons demain…)

RP
Antibes, Veillée de Noël 24.12.2010



jeudi 25 novembre 2010

Paul et l’Alliance universelle. Vers les nations





L’événement fondateur, celui de la manifestation du Crucifié ressuscité, du Ressuscité advenant au cœur de nos vies individuelles rejointes jusque dans la mort — qu’il a vécue et fait ainsi advenir en nous avant même la mort — ; le jaillissement de la nouveauté radicale de la résurrection fait éclater les cadres identitaires quant à leurs prétentions structurantes.

Galates 3, 28 :
Il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni esclave ni libre, il n’y a plus ni homme ni femme ; car tous vous êtes un en Jésus-Christ.

Dès lors l’Alliance scellée dans la tradition juive est ouverte à son universalité, dévoilée et étendue aux nations.

Cela vaut du cultuel au moral et au culturel. La portée symbolique des traditions et des rites qui portent la parole qui s’y transmet, se dévoile comme symbolique. La vérité qu’ils visent ne s’y scelle pas.

1 Corinthiens 3, 19-22
19 La sagesse de ce monde est folie devant Dieu. Car il est écrit : Il prend les sages à leur propre ruse.
20 Et encore : Le Seigneur connaît les raisonnements des sages, il sait qu'ils sont futiles.
21 Ainsi, que personne ne fonde son orgueil sur des hommes, car tout est à vous :
22 Paul, Apollos, ou Céphas, le monde, la vie ou la mort, le présent ou l'avenir, tout est à vous […].


*

Les conséquences considérables, déjà au temps de Paul, qui auront tendance à être enfouies, valent jusqu’à nos jours. Pour ne donner qu’un exemple d’actualité criante, le mot « culture », ou civilisation, dans une perspective paulinienne, n’a pas lieu de se conjuguer au pluriel.

Il y a « la culture », culture universelle, qui se reçoit dans le cadre de coutumes particulières : « Paul, Apollos, ou Céphas, le monde, la vie ou la mort, le présent ou l'avenir, tout est à vous » (1 Co 3, 22) — et on peut y ajouter tout ce qu’on veut.

Il y a fort à gager que Paul récuserait deux ouvrages à la mode — l’un mondial et un peu daté désormais : « le choc des civilisations » ; l’autre plus récent et à la mode en France : « Le déni des cultures ». Titre que la théologie paulinienne contraint évidemment à récuser, sachant qu’il n’y a pas lieu de dénier ce qui n’est pas advenu !

Cela se vérifie en outre pour peu que l’on observe le fait que les coutumes sont mouvantes et s’enrichissent ou se corrigent les unes par les autres — et c’est cela même qui fait la culture. Ne dit-on pas, d’ailleurs, « être cultivé » pour parler précisément de l’ouverture aux richesses culturelles diverses ? Se cantonner à un « type culturel », ou pour mieux dire à une tradition, est précisément refuser d’être cultivé, refuser la culture. Où l’on peut élargir à l’envi le propos paulinien : « Paul, Apollos, ou Céphas, le monde, la vie ou la mort, le présent ou l'avenir, tout est à vous » (1 Co 3, 22), sachant — c’est la parole qui suit (v. 23) — que « vous êtes à Christ, et Christ est à Dieu. »

Une parole qui n’est pas la réintroduction d’une restriction, mais le rappel du cadre d’éclatement qu’est l’événement initial : Christ, à savoir le Crucifié-ressuscité, parole qui dévoile que toutes les coutumes sont transcendées dans l’ultime : « Christ est à Dieu ».

Pour situer la dimension concrète de la problématique, en regard de l’usage qui est souvent fait de Paul, une réflexion d’Alain Badiou (Saint Paul, La fondation de l’universalisme, PUF 1997) : Badiou décèle chez Paul de quoi transcender les différences, coutumes et opinions, en les saisissant du « travail postévénementiel d’une vérité » (en l’occurrence de la crucifixion-résurrection)… « Mais, remarque Badiou, pour les en saisir encore faut-il que l’universalité ne se présente pas elle-même sous les traits d’une particularité » (p. 106).

« Bien entendu, note-t-il aussi, les fidèles des noyaux chrétiens ne cessent de lui demander ce qu’il faut penser de la tenue de femmes, des rapports sexuels, des nourritures permises ou interdites, du calendrier, de l’astrologie, etc. Car il est de la nature de l’animal humain, défini par des réseaux de différences, d’aimer poser ce genre de questions, voire de penser qu’il n’y a qu’elles qui sont vraiment essentielles » (p. 107).

*

Or, « il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni esclave ni libre, il n’y a plus ni homme ni femme ; car tous vous êtes un en Jésus-Christ. »

Cela ne revient pas à nier que les événements adviennent dans le concret des traditions qui les véhiculent en premier. C’est dans la tradition juive que l’événement fondateur est advenu. Cela a aussi des conséquences quant au déploiement libérateur : « l’Evangile est une puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit, du Juif premièrement, puis du Grec » (Romains 1, 16).

Le fondement originel reste un fait incontournable, ancré dans l’histoire, et cela d’autant plus qu’il est libération advenue dans le temps, dans l’histoire donc.

Le fondement originel ne scelle pas pour autant la rupture qu’il initie. D’où la relativisation des rites, des coutumes religieuses, culturelles ou autres, d’où l’appel à leur correction et à leur enrichissement réciproque.

D’où l’illégitimité de fixer par la suite un rite chrétien donné qui aurait valeur universelle ! Le rite même est relativisé par ce qu’il porte — non pas délégitimé, mais mis à distance, à commencer par le rite originel, juif, précisément puisqu’il est donné en premier.

Pour Paul et pour tous ceux qui en reçoivent la parole, qui en reçoivent l’Evangile, désormais l’événement fondateur de la création nouvelle, la crucifixion-résurrection du Christ, donne à accomplir la promesse prophétique d’un royaume universel (que la suite des temps sera tentée en permanence d’identifier à tel empire temporel et au véhicule de ses coutumes).

« Christ en vous, l’espérance de la gloire » (Colossiens 1, 27).




samedi 20 novembre 2010

Luthériens et réformés - de la rupture à l’union




Résoudre un dissensus de près de cinq siècles, tel est le moment qui nous est offert. Restons modestes, nous ne sommes pas les premiers. Et gardons le sens de la mesure : luthériens et réformés français restons minoritaires en regard des luthériens et réformés dans le reste du monde !

Il n’empêche : nous voilà partie prenante d’un mouvement — osons le mot — prophétique d’une belle portée. Depuis l’échec de 1529, au colloque de Marbourg, où Luther et Zwingli ne parvenaient pas à s’accorder, les tentatives de réconciliation n’ont pas manqué et voilà que s’ouvre un réel espoir d’y parvenir.

La division part de ce désaccord initial sur la Cène à Marbourg en 1529, désaccord qui cause immédiatement le sentiment de la nécessité de le résoudre. Mais on ne sait pas encore comment. On est certainement au fait que le dissensus repose sur les arrière-plans philosophiques respectifs des deux camps, à partir desquels on exprime sa compréhension de la façon dont se signifie la présence du Christ à l’occasion de la Cène. On ne sait pas comment s’en distancier. On s’est accordé pour ne pas lier cette compréhension à la philosophie d’Aristote qui fonde la théorie de la transsubstantiation, on ne s’accorde pas sur une alternative commune.

Pourtant, déjà un an après Marbourg, en 1530, la Confession d’Augsbourg, qui symbolise la foi luthérienne jusqu’aujourd’hui, exprime pour partie la volonté de résoudre le dissensus initial. C’est un des soucis de son rédacteur, Melanchthon, qui poussant dans le sens de ce souci, produira en nouvelle version, en 1540, que Calvin signera. C’est la première mouture, celle de 1530 qui s’imposera, ratifiée par le réformé Théodore de Bèze, qui l'inclut dans son Harmonie des confessions de foi.

Tandis qu’un peu plus de trente ans après, en 1561, au colloque de Poissy, la même Confession d’Augsbourg sera à nouveau pressentie parmi les bases pour une réconciliation en France… entre catholiques et protestants !

Calvin, dans son Petit traité de la sainte Cène, montre d’une autre façon le même souci concernant la Cène : « nous avons à confesser, écrit-il, que si la représentation que Dieu nous fait en la Cène est véritable, la substance intérieure du sacrement est conjointe avec les signes visibles ; [...] si avons-nous bien manière de nous contenter, quand nous entendons que Jésus-Christ nous donne en la Cène la propre substance de son corps et de son sang, afin que nous le possédions pleinement, et, le possédant, ayons compagnie à tous ses biens. [...] Or nous ne saurions avoir aiguillon pour nous poindre plus au vif, que quand il nous fait, par manière de dire, voir à l'œil, toucher à la main, et sentir évidemment un bien tant inestimable : c'est de nous repaître de sa propre substance. »

Les mots sont forts — on est loin d’un vague symbolisme —, au point qu’ils ont pu fonder la légende selon laquelle Luther tombant sur le traité de Calvin se serait exclamé : « Ah, si Zwingli l’avait dit comme ça ! »

Mais les soubassements philosophiques qui sont derrière les interprétations respectives du mode de la présence du Christ à la Cène sont alors décidément trop immédiatement présents ! C’est le temps qui opérera la prise de distance des esprits par rapports aux philosophies ambiantes alors trop prégnantes : Aristote, Platon, l’empirisme, etc.

La division sur la compréhension de la Cène perdurera jusqu’en… 1973, avec la Concorde de Leuenberg…

*

Entre temps, suite au colloque de 1529, et l’union ne s’étant pas faite par la suite, la dérive des ecclésiologies s’est fait jour et s’est accentuée.

Une Église, une organisation d’Église, n’apparaît pas ex-nihilo. Voilà qui permet de relativiser ce qu’on serait tenté de recevoir comme immuable, voire révélé !

Car cela vaut pour bien des aspects de notre vie d’Église. Prenons nos prédicateurs laïcs. Savons-nous toujours que cette institution typiquement réformée n’existait pas au XVIe siècle, et qu’elle doit beaucoup à notre influence méthodiste, postérieure au XVIIIe siècle donc — concrètement, en France, au XIXe ? Prenons notre liturgie, traditionnellement réputée typiquement réformée et remontant au XVIe siècle, mais largement héritée de l’anglicanisme via la liturgie mise en place au XIXe siècle par Eugène Bersier.

Prenons, plus anecdotique, la gestuelle, qui elle aussi s’est développée dans le temps — comme l’abandon du signe de la croix, par exemple, acquis désormais pour les réformés et les évangéliques, mais aussi pour nombre de luthériens : on ne sait pas exactement dater cet abandon. Une tradition veut que la légitime crainte des superstitions en soit à l’origine. Remarquez, quand des pratiques populaires voulaient que le signe de croix porte bonheur au point que le faire à l’envers ait été utilisé pour faire mourir les vaches des voisins, on a un argument fort, incontestablement, en faveur de son abandon !

Autre hypothèse à ce sujet, que je ne peux m’empêcher de considérer comme vraisemblable puisque l’abandon du signe de la croix viendrait, à l’origine, du Languedoc : la mémoire cathare, celle de la persécution. Les cathares bannissant le signe de la croix comme superstitieux, et obligés par les persécuteurs de se faire discrets, et donc de se signer quand même, proposaient des interprétations variées du geste, comme celle du cathare Pierre Authié : voici le front, voici la barbe voici une oreille et en voici une autre… jusqu’à ce qu’ils puissent enfin se passer du geste rendu obligatoire par la persécution (utile toutefois, concède-t-il, pour chasser les mouches de son visage en été). Voilà quoiqu’il en soit qui relativise l’importance d’un geste ou de son refus…

*

Nous voilà aujourd’hui inscrits dans l’histoire, une histoire en marche, blessée mais dans l’espérance de la guérison comme don du Christ. Nous voilà selon cette espérance, acteurs et témoins, à notre échelle, d’un signe de réconciliation.

Pour cela, revenons donc à la question qui concerne plus directement nos débats, notre organisation d’Église.

… On ne le sait pas toujours, mais dans les premières décennies de la réforme, on aurait facilement pu confondre une ecclésiologie luthérienne et une ecclésiologie réformée.

Sait-on toujours que la Confession de foi de la Rochelle de 1559, fondatrice dans la tradition réformée en France, connaît l’existence de « Superintendants » (c’est le mot — à l’article 32), qui ressemblent tout de même fort aux inspecteurs ecclésiastiques luthériens.

Sait-on toujours qu’en parallèle, la mise en place de la structure luthérienne doit fort peu à Luther lui-même, qui s’est très peu mêlé d’organisation, chose qu’il a remise aux princes, organisant la structure de l’Église sans doute même contre ce qu’il aurait souhaité ? — Il insiste beaucoup pour sa part sur la réalité de l’Église locale comme communauté, au point que les congrégationalistes anglais, par la suite, se réclameront souvent de lui !

Sait-on par ailleurs que Calvin écrivant au roi Édouard VI d’Angleterre ne remet pas en question l’institution des évêques, espérant une Église anglicane réformée mais ne bouleversant pas pour autant sa structure ? Un véritable pragmatisme chez Calvin comme chez Luther, éventuellement contre leur propre souhait en matière d’ecclésiologie.

L’un comme l’autre opteraient sans doute, pour d’autres temps, pour une autre organisation. Comme celle, par exemple, que le luthérien Bucer initie à Strasbourg, ville libre et donc plus propre à une organisation de l’Église plus autonome par rapport à l’État, où Calvin empruntera ses quatre ministères qui deviendront une base du futur système presbytérien synodal, qui doit donc beaucoup à un luthérien !

Le système presbytérien synodal — dont les éléments précurseurs lointains sont posés d’une certaine façon dans la luthérienne Strasbourg (ayant adopté la confession d’Augsbourg) de Bucer puis dans la Genève de l’ex-Strasbourgeois Calvin — va donc peu à peu se mettre en place dans la tradition réformée, notamment via l’Écosse, sous l’influence de John Knox.

À l’époque, les réformés français auraient peut-être eu de la peine à se reconnaître dans cette organisation, pour ne rien dire de notre organisation actuelle, qui doit en outre beaucoup à la loi de 1905 sur les associations cultuelles…

*

Quatre siècles et demi après le colloque de Marbourg de 1529, en 1973, à Leuenberg, réformés et luthériens (notamment) ont pris acte concernant la Cène de ce que les vocables conditionnés par la philosophie dont le temps a permis la mise à distance traduisent une foi commune, prise de conscience scellée dans une Concorde, qui nous permet aujourd’hui de franchir un pas de plus : l’union.

Pour cela, il est question d’organisation — on vient de voir sommairement que les organisations aussi s’inscrivent dans l’histoire, dans le cadre des dérives de traditions séparées. Choses relatives aux temps et aux moments. Et comme dit l’Ecclésiaste (3, 7), « Un temps pour déchirer, un temps pour coudre ». C’est, à notre humble échelle, ce temps qui est le nôtre, et ça c’est, comme dit aussi l’Ecclésiaste parlant de tout bonheur, « un don de Dieu » (3, 13). C’est une véritable grâce qui nous est octroyée, que d’être les acteurs d’une histoire en train de se construire, pour un signe de réconciliation cette fois. Ce que nous faisons est déjà ainsi dans l’histoire au même titre que les manuels d’histoire de l’Église parlent du colloque de Marbourg, mais cette fois c’est pour la réconciliation. C’est « le temps pour coudre » qui nous est donné.

Nous allons donc passer à présents aux aspects pratiques de ce travail de couture…

RP
Synode régional ERF PACCA,
Grasse 19-21 nov. 2010


jeudi 21 octobre 2010

Le Crucifié-Ressuscité. Quelle sagesse ?




1 Corinthiens 1
17 Le Christ ne m'a pas envoyé baptiser, mais annoncer l'Evangile, et sans recourir à la sagesse du discours, pour ne pas réduire à néant la croix du Christ.
18 Le langage de la croix, en effet, est folie pour ceux qui se perdent, mais pour ceux qui sont en train d'être sauvés, pour nous, il est puissance de Dieu.
19 Car il est écrit : Je détruirai la sagesse des sages et j'anéantirai l'intelligence des intelligents.
20 Où est le sage ? Où est le docteur de la loi ? Où est le raisonneur de ce siècle ? Dieu n'a-t-il pas rendue folle la sagesse du monde ?
21 En effet, puisque le monde, par le moyen de la sagesse, n'a pas connu Dieu dans la sagesse de Dieu, c'est par la folie de la prédication que Dieu a jugé bon de sauver ceux qui croient.
22 Les Juifs demandent des signes, et les Grecs recherchent la sagesse ;
23 mais nous, nous prêchons un Messie crucifié, scandale pour les Juifs, folie pour les païens,
24 mais pour ceux qui sont appelés, tant Juifs que Grecs, il est Christ, puissance de Dieu et sagesse de Dieu.
25 Car ce qui est folie de Dieu est plus sage que les hommes, et ce qui est faiblesse de Dieu est plus fort que les hommes.


1 Corinthiens 2
2 J'ai jugé bon, parmi vous, de ne rien savoir d'autre que Jésus-Christ — Jésus-Christ crucifié.
3 Moi-même, j'étais chez vous dans un état de faiblesse, de crainte et de grand tremblement ;
4 ma parole et ma proclamation n'avaient rien des discours persuasifs de la sagesse ; c'était une démonstration d'Esprit, de puissance,
5 pour que votre foi ne soit pas en la sagesse des humains, mais en la puissance de Dieu.
6 Cependant, c'est bien une sagesse que nous énonçons parmi les gens « accomplis » : une sagesse qui n'est pas de ce monde ni des princes de ce monde, qui doivent être réduits à rien ;
7 nous énonçons la sagesse de Dieu, mystérieuse et cachée, celle que Dieu a destinée d'avance, depuis toujours, à notre gloire ;
8 aucun des princes de ce monde ne l'a connue, car s'ils l'avaient connue, ils n'auraient pas crucifié le Seigneur glorieux.


*

Quelques citations :

A. Schweitzer, La mystique de l’Apôtre Paul (Albin Michel 1962) :

« Tandis qu’en Jésus-Christ, la mort et la résurrection sont apparues avec évidence, chez les élus le processus est caché, mais non moins réel. Par ce qu’ils son un avec Jésus-Christ dans leur nature corporelle, ils deviennent, par sa mort et sa résurrection, des êtres en voie de mort et de résurrection, quand bien même l’aspect de leur existence naturelle subsiste. » (p. 101)

A. Badiou, Saint Paul, La fondation de l’universalisme (PUF 1997) :

« Quand le christ meurt, nous, les hommes, cessons d’être séparés de Dieu, puisqu’avec l’envoi de son Fils, se filialisant, il entre au plus intime de notre composition pensante. » (p. 73)

« La mort nomme ici une renonciation à la transcendance. Disons que la mort du Christ este le montage d’une immanentisation de l’esprit. » (p. 73)

Cf. Philippiens 2, 7-9 :
« 7 Il s'est dépouillé, prenant la condition d’esclave, devenant semblable aux hommes, et, reconnu à son aspect comme un homme,
8 il s'est abaissé, devenant obéissant jusqu'à la mort, à la mort sur une croix.
9 C'est pourquoi Dieu l'a souverainement élevé et lui a conféré le Nom qui est au-dessus de tout nom. »


La Résurrection est celle du Crucifié, au point que « Le Christ crucifié » est chez Paul désignation du Ressuscité.

« Chez Paul, il y a certes la croix, mais non le chemin de croix. Il y a le calvaire, mais non la montée au calvaire. » (Badiou, p. 71-72)

« La souffrance ne joue aucun rôle dans l’apologétique de Paul, pas même dans le cas de la mort du Christ. Le caractère faible de cette mort lui importe certes, pour autant que le trésor de l’événement […] doit résider dans un vase de terre. » (Badiou, p. 70)


* * *


Un Christ glorifié dans sa mort par sa résurrection, au point que cela ouvre même sur une future oblitération de la mort du Christ, via Jean — qui n’en est pas là, mais qui parlant de la croix, dit explicitement élévation, glorification !

Une oblitération présente dans la gnose, et scellée dans la lecture du Coran (S. IV, v. 156-158) désormais majoritaire dans l’islam (mais qui ne l’a pas toujours été).

Mais déjà le livre dans le livre des Actes (2, 36), Pierre proclame : « Dieu a fait Seigneur et Christ ce Jésus que vous avez crucifié. »

Une crucifixion qui ne s’arrête pas au dolorisme, mais au renversement de l’humiliation d’une telle mort dans la résurrection, une crucifixion qui pose la gloire de celui qui se relève de cette mort dans sa résurrection, est comme telle la marque et le sceau du renversement de la mort.

1 Corinthiens 15, 20-22 & 44-45 :
« Christ est ressuscité des morts, prémices de ceux qui sont morts.
21 En effet, puisque la mort est venue par un homme, c'est par un homme aussi que vient la résurrection des morts :
22 comme tous meurent en Adam, en Christ tous recevront la vie ; […]
44 Semé corps naturel, on ressuscite corps spirituel. S'il y a un corps naturel, il y a aussi un corps spirituel.
45 C'est pourquoi il est écrit : Le premier homme, Adam, devint un être vivant. Le dernier Adam est devenu un esprit vivifiant. »



Advient ainsi, par la mort du Christ, la mort ante-mortem, la mort avant la mort de celui qui vit en Christ, participant dès lors, en ce temps, de sa résurrection.

« Mort et vie sont […] des dimensions enchevêtrées du sujet global ou corps et âmes sont indiscernables (c’est bien du reste pourquoi la résurrection, pour Paul, est forcément la résurrection des corps, c’est-à-dire résurrection du sujet divisé en son entier). (Badiou, p. 72)


Être mort à cette vie pour vivre dès aujourd’hui d’une vie nouvelle qui n’a plus à craindre même du temps qui concourt à la croissance de la vie nouvelle, et de la mort, déjà advenue dans l’union au Christ.

Telle est la sagesse que la sagesse n’a pas connue, telle est la puissance de la manifestation de la vie dans la faiblesse de celui qui meurt, vaincu de la défaite de l'humain en sa faiblesse et de ce qui la gère, la loi, qui ne fait pas entrer dans l’au-delà de la mort.

La résurrection du Crucifié est accès dès aujourd’hui à la vie via la mort déjà advenue… propre à fonder sur une parole folle, la prédication de la croix, une nouvelle sagesse : le vie dans la liberté, fondée sur la libération à l’égard de la mort même, déjà advenue pour un déferlement de la vie nouvelle par-delà la mort-même, ici et maintenant.



Paul (2) - Le Crucifié-Ressuscité. Quelle sagesse ?
R.P., KT Adultes
Antibes 21.10.2010



jeudi 23 septembre 2010

Paul. La rencontre fondatrice




On connaît Paul essentiellement par ses écrits, ses lettres, et par le livre des Actes des Apôtres, qui en fait un personnage central de l’expansion de la foi qui deviendra ultérieurement le christianisme.

C’est au point qu’on fait de l’Apôtre un candidat sérieux, en concurrence avec Jésus, de la fondation du christianisme. Candidats anachroniques l’un comme l’autre, le christianisme comme religion leur étant bien ultérieur. C’est dire toutefois l’importance du personnage, et l’importance de sa pensée pour ce qui deviendra le christianisme.

Et de fait, il est là, à chacun des grands tournants de l’histoire du christianisme. Que l’on parle d’Augustin, de la Réforme du XVIe siècle, des Réveils ou du renouveau barthien du début du XXe siècle, voire du mouvement œcuménique ou même du dialogue judéo-chrétien.

Et comme tout personnage marquant, il en est question y compris en dehors de ses propres écrits — le livre des Actes donc, où l’on trouve le propos que j’ai mis en exergue de notre parcours de cette année, propos qui me semble significatif tant de la mission de l’Apôtre que de sa conception de la relation de son message avec le monde : « J’ai […] trouvé [à Athènes] un autel avec cette inscription : "À un dieu inconnu" » (Ac 17, 23).

Le livre des Actes dessine un parcours de la mission et des allers-retours de l’Apôtre depuis Jérusalem et Antioche dans le bassin méditerranéen, jusqu’à son arrestation et à sa venue à Rome. Un parcours assez précis puisqu’il permet un recoupage relativement précis avec les épîtres de l’Apôtre.

Une précision certaine, qui doit cependant nous laisser prudents quant à la possibilité d’en tirer le tracé d’une évolution théologique via la chronologie que l’on peut y fonder quant aux dates de rédaction des épîtres ; et a fortiori quant à privilégier tel ou tel pôle d’une telle évolution supposée… Autour de question comme : Paul conçoit-il mieux l’essence de son message dans la maturité ; ou au contraire : en enfouit-il l’essence dans un réalisme consécutif à la confrontation aux réalités du temps ? Voire : les dernières épîtres sont-elles encore de lui ?

Outre que le temps de sa mission de Paul est relativement bref et que le livre des Actes qui autorise le discernement de son parcours est doté de sa logique propre, sachant aussi que les destinataires des épîtres sont fort divers, il me semble prudent d’opter pour une compréhensions synchronique de la pensée de Paul : différent aspect qui ne s’annulent pas les uns les autres se déploient à l’occasion de telle ou telle situation à laquelle répondent les épîtres…

Se déploient surtout les conséquences que tire Paul d’un événement fondateur : sa rencontre du Ressuscité. Puisque c’est la ce qui fonde le tournant de sa vie, sa mission, et le développement de sa pensée autour de cet événement…

Cet événement, vision fondatrice, n’est pas relaté par Paul, mais par le Livre des Actes, un première fois comme récit, une deuxième fois en faisant parler l’Apôtre.

Difficulté de dire la complexité et la richesse d’une vision, les deux relations du même événement dans le même livre semblent contradictoires ! Cf. ch. 9 v. 7 : « Les hommes qui l’accompagnaient […] entendaient bien la voix, mais ils ne voyaient personne » ; et ch. 22 v. 9 : « Ceux qui étaient avec moi virent bien la lumière, mais ils n’entendirent pas la voix de celui qui parlait ».

Actes 9, 3-9 :
3 Comme [Paul] était en chemin, et qu’il approchait de Damas [où il se rendait pour arrêter les croyants en Jésus], tout à coup une lumière venant du ciel resplendit autour de lui.
4 Il tomba par terre, et il entendit une voix qui lui disait : Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ?
5 Il répondit : Qui es-tu, Seigneur ? Et le Seigneur dit : Je suis Jésus que tu persécutes. Il te serait dur de regimber contre les aiguillons.
6 Tremblant et saisi d’effroi, il dit : Seigneur, que veux-tu que je fasse ? Et le Seigneur lui dit : Lève-toi, entre dans la ville, et on te dira ce que tu dois faire.
7 Les hommes qui l’accompagnaient demeurèrent stupéfaits ; ils entendaient bien la voix, mais ils ne voyaient personne.
8 Saul se releva de terre, et, quoique ses yeux fussent ouverts, il ne voyait rien ; on le prit par la main, et on le conduisit à Damas.
9 Il resta trois jours sans voir, et il ne mangea ni ne but.


Actes 22, 6-9 :
6 Comme j’étais en chemin, et que j’approchais de Damas, tout à coup, vers midi, une grande lumière venant du ciel resplendit autour de moi.
7 Je tombai par terre, et j’entendis une voix qui me disait : Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ?
8 Je répondis : Qui es-tu, Seigneur ? Et il me dit : Je suis Jésus de Nazareth, que tu persécutes.
9 Ceux qui étaient avec moi virent bien la lumière, mais ils n’entendirent pas la voix de celui qui parlait.


Moment fondateur, retenu par le Livre des Actes, mais jamais mentionné comme tel dans les Épîtres de Paul. Juste une allusion probable à l’événement…

En 2 Corinthiens 12, 2-4 :
2 Je connais un homme en Christ qui, voici quatorze ans — était-ce dans son corps ? je ne sais, était-ce hors de son corps ? je ne sais, Dieu le sait — cet homme-là fut enlevé jusqu'au troisième ciel.
3 Et je sais que cet homme — était-ce dans son corps? était-ce sans son corps? je ne sais, Dieu le sait —,
4 cet homme fut enlevé jusqu'au paradis et entendit des paroles inexprimables qu'il n'est pas permis à l'homme de redire.


De ce retournement, le tournant de sa foi au Crucifié-Ressuscité, naissent une série de conséquences, qui feront l’objet, non exhaustif, de notre parcours pour le reste de l’année :

— Le Crucifié-Ressuscité. Quelle sagesse ? — L’Alliance universelle. Vers les nations — Juifs et Grecs. La question de la loi — Le salut par la foi — Le « mystère » et la « plénitude » — L’Esprit et l’Église — Les derniers jours.


Paul (1) - Introduction. Rencontre fondatrice
R.P., KT Adultes
Antibes 23.09.2010



samedi 10 juillet 2010

Jazz à Juan - Liz Mc Comb




Au festival Jazz à Juan,
pour la célébration œcuménique
du 25 juillet en soirée...






jeudi 1 juillet 2010

Le Qohéleth — "Don de Dieu"




Quelques leitmotiv connus du livre de l'Ecclésiaste sont, par exemple, le fameux «vanité des vanités» — évoquant une insoutenable légèreté selon le mot hébreu rendu par «vanité», à savoir «souffle fragile», «buée», «vapeur» — ; ou encore la formule «rien de nouveau sous le soleil», indiquant que c'est bien «sous le soleil» — c'est-à-dire dans le provisoire dont il n'y a rien de très considérable à espérer — que se déroule le trajet vaporeux qui est le nôtre.

Y a-t-il là de quoi désespérer, sachant que «le plus heureux est encore celui qui n'a jamais vu le jour» (Ecc 4, 3) ? Ou y a-t-il là là motif à s'abîmer dans un «à quoi bon» ou autre repli contemplatif vers les origines, vers le non-né ?

Eh bien, non, si l'on s'en tient à cet autre leitmotiv du livre ! — : l'invite à l'être humain de «jouir du bien-être au milieu de tout le travail qu’il fait sous le soleil, pendant le nombre des jours de vie que Dieu lui a donnés» (Ecc 5, 18), chose humble reprise à l'envi et reçue invariablement comme «don de Dieu»... Dieu qui ouvre à la disposition de recevoir ce qu'il offre à cette sagesse humble...

Puisque tout s'évapore en ce temps bref, «sous le soleil», qui seul nous est donné, puisqu'il n'y a rien de tout ce qui se fait sous le soleil «au séjour des morts où tu vas» (Ecc 9, 10), alors fais-le (ibid.).

C'est là le travail à accomplir, «fais ce que tu trouves à faire» — et à en cueillir le fruit (sans quoi le travail est plutôt malédiction !), fruit du plaisir de l'œuvre, et de son humble produit.


Petit tour dans ce propos du livre :

Ecclésiaste 1:2 Vanité des vanités, dit l’Ecclésiaste, vanité des vanités, tout est vanité.

1:5 Le soleil se lève, le soleil se couche ; il soupire après le lieu d’où il se lève de nouveau.
1:9 Ce qui a été, c’est ce qui sera, et ce qui s’est fait, c’est ce qui se fera, il n’y a rien de nouveau sous le soleil.

11:7 La lumière est douce, et il est agréable aux yeux de voir le soleil.
12:1 (12:3) Mais souviens-toi de ton créateur pendant les jours de ta jeunesse, avant que les jours mauvais arrivent et que les années s’approchent où tu diras : Je n’y prends point de plaisir ;
12:2 (12:4) avant que s’obscurcissent le soleil et la lumière, la lune et les étoiles, et que les nuages reviennent après la pluie.

12:8 (12:10) Vanité des vanités, dit l’Ecclésiaste, tout est vanité.

2:24 Il n’y a de bonheur pour l’homme qu’à manger et à boire, et à faire jouir son âme du bien-être, au milieu de son travail ; mais j’ai vu que cela aussi vient de la main de Dieu.
3:13 mais que, si un homme mange et boit et jouit du bien-être au milieu de tout son travail, c’est là un don de Dieu.
5:18 (5:17) Voici ce que j’ai vu : c’est pour l’homme une chose bonne et belle de manger et de boire, et de jouir du bien-être au milieu de tout le travail qu’il fait sous le soleil, pendant le nombre des jours de vie que Dieu lui a donnés ; car c’est là sa part.
5:19 (5:18) Mais, si Dieu a donné à un homme des richesses et des biens, s’il l’a rendu maître d’en manger, d’en prendre sa part, et de se réjouir au milieu de son travail, c’est là un don de Dieu.
6:7 Tout le travail de l’homme est pour sa bouche, et cependant ses désirs ne sont jamais satisfaits.
8:15 J’ai donc loué la joie, parce qu’il n’y a de bonheur pour l’homme sous le soleil qu’à manger et à boire et à se réjouir ; c’est là ce qui doit l’accompagner au milieu de son travail, pendant les jours de vie que Dieu lui donne sous le soleil.
9:9 Jouis de la vie avec la femme que tu aimes, pendant tous les jours de ta vie de vanité, que Dieu t’a donnés sous le soleil, pendant tous les jours de ta vanité ; car c’est ta part dans la vie, au milieu de ton travail que tu fais sous le soleil.
9:10 Tout ce que ta main trouve à faire avec ta force, fais-le ; car il n’y a ni œuvre, ni pensée, ni science, ni sagesse, dans le séjour des morts, où tu vas.




Trois leitmotiv :

Vanité
1:14 J’ai vu tout ce qui se fait sous le soleil ; et voici, tout est vanité et poursuite du vent.
2:1 J’ai dit en mon cœur : Allons ! je t’éprouverai par la joie, et tu goûteras le bonheur. Et voici, c’est encore là une vanité.
2:11 Puis, j’ai considéré tous les ouvrages que mes mains avaient faits, et la peine que j’avais prise à les exécuter ; et voici, tout est vanité et poursuite du vent, et il n’y a aucun avantage à tirer de ce qu’on fait sous le soleil.
2:15 Et j’ai dit en mon cœur : J’aurai le même sort que l’insensé ; pourquoi donc ai-je été plus sage ? Et j’ai dit en mon cœur que c’est encore là une vanité.
2:17 Et j’ai haï la vie, car ce qui se fait sous le soleil m’a déplu, car tout est vanité et poursuite du vent.
2:19 Et qui sait s’il sera sage ou insensé ? Cependant il sera maître de tout mon travail, de tout le fruit de ma sagesse sous le soleil. C’est encore là une vanité.
2:21 Car tel homme a travaillé avec sagesse et science et avec succès, et il laisse le produit de son travail à un homme qui ne s’en est point occupé. C’est encore là une vanité et un grand mal.
2:23 Tous ses jours ne sont que douleur, et son partage n’est que chagrin ; même la nuit son cœur ne repose pas. C’est encore là une vanité.
Ecclésiaste 2:26 Car il donne à l’homme qui lui est agréable la sagesse, la science et la joie ; mais il donne au pécheur le soin de recueillir et d’amasser, afin de donner à celui qui est agréable à Dieu. C’est encore là une vanité et la poursuite du vent.
3:19 Car le sort des fils de l’homme et celui de la bête sont pour eux un même sort ; comme meurt l’un, ainsi meurt l’autre, ils ont tous un même souffle, et la supériorité de l’homme sur la bête est nulle ; car tout est vanité.
4:4 J’ai vu que tout travail et toute habileté dans le travail n’est que jalousie de l’homme à l’égard de son prochain. C’est encore là une vanité et la poursuite du vent.
4:7 J’ai considéré une autre vanité sous le soleil.
4:8 Tel homme est seul et sans personne qui lui tienne de près, il n’a ni fils ni frère, et pourtant son travail n’a point de fin et ses yeux ne sont jamais rassasiés de richesses. Pour qui donc est-ce que je travaille, et que je prive mon âme de jouissances ? C’est encore là une vanité et une chose mauvaise.
4:16 Il n’y avait point de fin à tout ce peuple, à tous ceux à la tête desquels il était. Et toutefois, ceux qui viendront après ne se réjouiront pas à son sujet. Car c’est encore là une vanité et la poursuite du vent.
5:10 (5:9) Celui qui aime l’argent n’est pas rassasié par l’argent, et celui qui aime les richesses n’en profite pas. C’est encore là une vanité.
6:2 Il y a tel homme à qui Dieu a donné des richesses, des biens, et de la gloire, et qui ne manque pour son âme de rien de ce qu’il désire, mais que Dieu ne laisse pas maître d’en jouir, car c’est un étranger qui en jouira. C’est là une vanité et un mal grave.
6:9 Ce que les yeux voient est préférable à l’agitation des désirs : c’est encore là une vanité et la poursuite du vent.
6:12 Car qui sait ce qui est bon pour l’homme dans la vie, pendant le nombre des jours de sa vie de vanité, qu’il passe comme une ombre ? Et qui peut dire à l’homme ce qui sera après lui sous le soleil ?
7:6 Car comme le bruit des épines sous la chaudière, ainsi est le rire des insensés. C’est encore là une vanité.
7:15 J’ai vu tout cela pendant les jours de ma vanité. Il y a tel juste qui périt dans sa justice, et il y a tel méchant qui prolonge son existence dans sa méchanceté.
8:10 Alors j’ai vu des méchants recevoir la sépulture et entrer dans leur repos, et ceux qui avaient agi avec droiture s’en aller loin du lieu saint et être oubliés dans la ville. C’est encore là une vanité.
8:14 Il est une vanité qui a lieu sur la terre : c’est qu’il y a des justes auxquels il arrive selon l’œuvre des méchants, et des méchants auxquels il arrive selon l’œuvre des justes. Je dis que c’est encore là une vanité.
9:9 Jouis de la vie avec la femme que tu aimes, pendant tous les jours de ta vie de vanité, que Dieu t’a donnés sous le soleil, pendant tous les jours de ta vanité ; car c’est ta part dans la vie, au milieu de ton travail que tu fais sous le soleil.
11:8 Si donc un homme vit beaucoup d’années, qu’il se réjouisse pendant toutes ces années, et qu’il pense aux jours de ténèbres qui seront nombreux ; tout ce qui arrivera est vanité.
11:10 (12:2) Bannis de ton cœur le chagrin, et éloigne le mal de ton corps ; car la jeunesse et l’aurore sont vanité.
12:8 (12:10) Vanité des vanités, dit l’Ecclésiaste, tout est vanité.


Sous le soleil (exactement ?!)
1:3 Quel avantage revient-il à l’homme de toute la peine qu’il se donne sous le soleil ?
1:5 Le soleil se lève, le soleil se couche ; il soupire après le lieu d’où il se lève de nouveau.
1:9 Ce qui a été, c’est ce qui sera, et ce qui s’est fait, c’est ce qui se fera, il n’y a rien de nouveau sous le soleil.
1:14 J’ai vu tout ce qui se fait sous le soleil ; et voici, tout est vanité et poursuite du vent.
2:11 Puis, j’ai considéré tous les ouvrages que mes mains avaient faits, et la peine que j’avais prise à les exécuter ; et voici, tout est vanité et poursuite du vent, et il n’y a aucun avantage à tirer de ce qu’on fait sous le soleil.
2:17 Et j’ai haï la vie, car ce qui se fait sous le soleil m’a déplu, car tout est vanité et poursuite du vent.
2:18 J’ai haï tout le travail que j’ai fait sous le soleil, et dont je dois laisser la jouissance à l’homme qui me succédera.
2:19 Et qui sait s’il sera sage ou insensé ? Cependant il sera maître de tout mon travail, de tout le fruit de ma sagesse sous le soleil. C’est encore là une vanité.
2:20 Et j’en suis venu à livrer mon cœur au désespoir, à cause de tout le travail que j’ai fait sous le soleil.
2:22 Que revient-il, en effet, à l’homme de tout son travail et de la préoccupation de son cœur, objet de ses fatigues sous le soleil ?
3:16 J’ai encore vu sous le soleil qu’au lieu établi pour juger il y a de la méchanceté, et qu’au lieu établi pour la justice il y a de la méchanceté.
4:1 J’ai considéré ensuite toutes les oppressions qui se commettent sous le soleil ; et voici, les opprimés sont dans les larmes, et personne qui les console ! ils sont en butte à la violence de leurs oppresseurs, et personne qui les console !
4:3 et plus heureux que les uns et les autres celui qui n’a point encore existé et qui n’a pas vu les mauvaises actions qui se commettent sous le soleil.
4:7 J’ai considéré une autre vanité sous le soleil.
4:15 J’ai vu tous les vivants qui marchent sous le soleil entourer l’enfant qui devait succéder au roi et régner à sa place.
5:13 (5:12) Il est un mal grave que j’ai vu sous le soleil : des richesses conservées, pour son malheur, par celui qui les possède.
5:18 (5:17) Voici ce que j’ai vu : c’est pour l’homme une chose bonne et belle de manger et de boire, et de jouir du bien-être au milieu de tout le travail qu’il fait sous le soleil, pendant le nombre des jours de vie que Dieu lui a donnés ; car c’est là sa part.
6:1 Il est un mal que j’ai vu sous le soleil, et qui est fréquent parmi les hommes.
6:5 il n’a point vu, il n’a point connu le soleil ; il a plus de repos que cet homme.
6:12 Car qui sait ce qui est bon pour l’homme dans la vie, pendant le nombre des jours de sa vie de vanité, qu’il passe comme une ombre ? Et qui peut dire à l’homme ce qui sera après lui sous le soleil ?
7:11 La sagesse vaut autant qu’un héritage, et même plus pour ceux qui voient le soleil.
8:9 J’ai vu tout cela, et j’ai appliqué mon cœur à tout ce qui se fait sous le soleil. Il y a un temps où l’homme domine sur l’homme pour le rendre malheureux.
8:15 J’ai donc loué la joie, parce qu’il n’y a de bonheur pour l’homme sous le soleil qu’à manger et à boire et à se réjouir ; c’est là ce qui doit l’accompagner au milieu de son travail, pendant les jours de vie que Dieu lui donne sous le soleil.
8:17 j’ai vu toute l’œuvre de Dieu, j’ai vu que l’homme ne peut pas trouver ce qui se fait sous le soleil ; il a beau se fatiguer à chercher, il ne trouve pas ; et même si le sage veut connaître, il ne peut pas trouver.
9:3 Ceci est un mal parmi tout ce qui se fait sous le soleil, c’est qu’il y a pour tous un même sort ; aussi le cœur des fils de l’homme est-il plein de méchanceté, et la folie est dans leur cœur pendant leur vie ; après quoi, ils vont chez les morts. Car, qui est excepté ?
9:6 Et leur amour, et leur haine, et leur envie, ont déjà péri ; et ils n’auront plus jamais aucune part à tout ce qui se fait sous le soleil.
9:9 Jouis de la vie avec la femme que tu aimes, pendant tous les jours de ta vie de vanité, que Dieu t’a donnés sous le soleil, pendant tous les jours de ta vanité ; car c’est ta part dans la vie, au milieu de ton travail que tu fais sous le soleil.
9:11 J’ai encore vu sous le soleil que la course n’est point aux agiles ni la guerre aux vaillants, ni le pain aux sages, ni la richesse aux intelligents, ni la faveur aux savants ; car tout dépend pour eux du temps et des circonstances.
9:13 J’ai aussi vu sous le soleil ce trait d’une sagesse qui m’a paru grande.
10:5 Il est un mal que j’ai vu sous le soleil, comme une erreur provenant de celui qui gouverne:
11:7 La lumière est douce, et il est agréable aux yeux de voir le soleil.
12:2 (12:4) avant que s’obscurcissent le soleil et la lumière, la lune et les étoiles, et que les nuages reviennent après la pluie.


Travail et fruit
2:10 Tout ce que mes yeux avaient désiré, je ne les en ai point privés ; je n’ai refusé à mon cœur aucune joie ; car mon cœur prenait plaisir à tout mon travail, et c’est la part qui m’en est revenue.
2:18 J’ai haï tout le travail que j’ai fait sous le soleil, et dont je dois laisser la jouissance à l’homme qui me succédera.
2:19 Et qui sait s’il sera sage ou insensé ? Cependant il sera maître de tout mon travail, de tout le fruit de ma sagesse sous le soleil. C’est encore là une vanité.
2:20 Et j’en suis venu à livrer mon cœur au désespoir, à cause de tout le travail que j’ai fait sous le soleil.
2:21 Car tel homme a travaillé avec sagesse et science et avec succès, et il laisse le produit de son travail à un homme qui ne s’en est point occupé. C’est encore là une vanité et un grand mal.
2:22 Que revient-il, en effet, à l’homme de tout son travail et de la préoccupation de son cœur, objet de ses fatigues sous le soleil ?
2:24 Il n’y a de bonheur pour l’homme qu’à manger et à boire, et à faire jouir son âme du bien-être, au milieu de son travail ; mais j’ai vu que cela aussi vient de la main de Dieu.
3:13 mais que, si un homme mange et boit et jouit du bien-être au milieu de tout son travail, c’est là un don de Dieu.
4:4 J’ai vu que tout travail et toute habileté dans le travail n’est que jalousie de l’homme à l’égard de son prochain. C’est encore là une vanité et la poursuite du vent.
4:6 Mieux vaut une main pleine avec repos, que les deux mains pleines avec travail et poursuite du vent.
4:8 Tel homme est seul et sans personne qui lui tienne de près, il n’a ni fils ni frère, et pourtant son travail n’a point de fin et ses yeux ne sont jamais rassasiés de richesses. Pour qui donc est-ce que je travaille, et que je prive mon âme de jouissances ? C’est encore là une vanité et une chose mauvaise.
4:9 Deux valent mieux qu’un, parce qu’ils retirent un bon salaire de leur travail.
5:15 (5:14) Comme il est sorti du ventre de sa mère, il s’en retourne nu ainsi qu’il était venu, et pour son travail n’emporte rien qu’il puisse prendre dans sa main.
5:18 (5:17) Voici ce que j’ai vu : c’est pour l’homme une chose bonne et belle de manger et de boire, et de jouir du bien-être au milieu de tout le travail qu’il fait sous le soleil, pendant le nombre des jours de vie que Dieu lui a donnés ; car c’est là sa part.
5:19 (5:18) Mais, si Dieu a donné à un homme des richesses et des biens, s’il l’a rendu maître d’en manger, d’en prendre sa part, et de se réjouir au milieu de son travail, c’est là un don de Dieu.
6:7 Tout le travail de l’homme est pour sa bouche, et cependant ses désirs ne sont jamais satisfaits.
8:15 J’ai donc loué la joie, parce qu’il n’y a de bonheur pour l’homme sous le soleil qu’à manger et à boire et à se réjouir ; c’est là ce qui doit l’accompagner au milieu de son travail, pendant les jours de vie que Dieu lui donne sous le soleil.
9:9 Jouis de la vie avec la femme que tu aimes, pendant tous les jours de ta vie de vanité, que Dieu t’a donnés sous le soleil, pendant tous les jours de ta vanité ; car c’est ta part dans la vie, au milieu de ton travail que tu fais sous le soleil.
10:15 Le travail de l’insensé le fatigue, parce qu’il ne sait pas aller à la ville.


Tel est le « don de Dieu »...





vendredi 28 mai 2010

Anges et espaces stellaires



(Pour les éléments "factuels" "ufologiques" et l'hypothèse exobiologique, cf. Wikipédia et les liens.)

*

Des ovnis aux anges en passant par le paradoxe de Fermi...

Le 24 juin 1947, Kenneth Arnold, un pilote privé américain, rapporta avoir vu neuf objets volants inhabituels près du Mont Rainier dans l'Etat de Washington alors qu'il effectuait un vol de reconnaissance à bord de son appareil à la recherche d'un avion militaire manquant. Il décrivit les objets comme «brillants», et leur vol comme «irrégulier» avec une «extraordinaire vitesse». C'est cette histoire, largement diffusée par l'Associated Press, qui est à l'origine du lancement de la controverse sur les « soucoupes volantes » (en anglais flying saucers) devenues par la suite des ovnis (objets volants non identifiés).

C'est au cours d'un entretien avec la presse qu'un détail aurait été introduit qui aurait conduit à l'invention de l'expression « flying saucer ». Arnold, décrivant son observation aux journalistes, leur dit notamment que les objets volaient de façon irrégulière, « comme une soucoupe qui ricocherait sur l'eau ». C'est à la suite de la parution des articles le lendemain dans la presse et des commentaires faits à la radio que les expressions « soucoupe volante » et « disque volant » seront inventées par les journalistes, bien que cette description se référât au déplacement des objets plutôt qu'à leur forme. Dans la semaine qui suivit, des centaines d'observations similaires seront rapportées par des témoins qui reprendront ces termes pour les désigner. Arnold se plaignit à de nombreuses reprises d'avoir été cité de façon inexacte, maintenant que les objets avaient la forme d'un demi cercle à l'avant et étaient triangulaires à l'arrière. Il précisera aussi par la suite que l'un d'eux ressemblait à un « boomerang » ou un « croissant »...

Deuxième moment important, « l'affaire Roswell » (Roswell Incident), qui désigne le crash d'un objet non identifié aux États-Unis près de Roswell (Nouveau-Mexique) en juillet 1947. Cet événement est considéré par certains ufologues et une partie des conspirationnistes comme la plus extraordinaire rencontre rapprochée avec des extraterrestres au XXe siècle et par d'autres comme un mythe moderne.

Deux courants de pensées s'affrontent concernant la nature réelle de cet incident : les sceptiques et le gouvernement des États-Unis d'un côté et les partisans de l'hypothèse extraterrestre de l'autre. Le gouvernement explique l'incident par le crash d'un ballon-sonde top-secret Mogul tandis que les partisans de la thèse extra-terrestre soutiennent que l'épave retrouvée est celle d'un ovni extra-terrestre, récupérée et dissimulée par les militaires. Les partisans de l'hypothèse extraterrestre (H.E.T.) expliquent en effet certaines manifestations d'ovni par des visites extraterrestres (la communauté scientifique parle de Phénomène aérospatial non identifié ou « PAN »).

L'incident de Roswell a depuis évolué en phénomène de culture populaire hyper-médiatisé, devenant l'une des manifestations supposées extra-terrestres les plus célèbres...

En 1993, un producteur londonien, Ray Santilli, prétend posséder le film d'une autopsie d'un extraterrestre qui aurait survécu au crash. Le 26 mars 1995, une dépêche de l'AFP évoque un film qui aurait été « tourné il y a près de 50 ans » et montrant l'autopsie d'un extraterrestre après l'accident d'une soucoupe volante. L'affaire de Roswell revient à la une des médias.

Bien plus tard, le 7 avril 2007, la Warner Bros sortira un reportage décrivant « l'histoire d'une fausse autopsie ». Les effets spéciaux auraient été réalisés par le même spécialiste, John Humphreys qui, selon le reportage, avait créé douze ans plus tôt des créatures en latex remplies d'organes de mouton. Mais les convictions des convaincus resteront inébranlables.

Entre temps, le samedi 26 juin 1995, le film entier a été diffusé en France par TF1, dans une émission animée par Jacques Pradel. Le docteur Patrick Braun, chirurgien international à Paris, déclarait que selon lui l'autopsie est bien réalisée sur un corps véritable qui n'est pas non plus le corps d'un être humain malformé. Le docteur Braun et un expert judiciaire en odontologie légale et anthropologie médico-légale, le docteur Josiane Pujol, considèrent qu'aucune pathologie connue de la médecine ne peut expliquer la structure organique du corps autopsié dans le film.

Les incidents et rencontres se sont depuis longtemps multipliés, désormais classifiés en différents types de rencontres.

On va voir qu'on a là un aboutissement d'un processus remontant à la disparition... « officielle » des anges.

Cf. C.-G. Jung, Un mythe moderne. Des "Signes du ciel" (Folio essais) :
En entreprenant l'étude psychologique des soucoupes volantes, C. G. Jung refuse de se prononcer sur le problème de la matérialité physique des faits et il étudie pour l'essentiel les soucoupes volantes, que l'on prétend avoir « vues », comme si on les avait « rêvées ». Il ne s'attache que secondairement au problème de leur réalité externe. Même si elles revêtaient une réalité physique, support du phénomène psychologique, C. G. Jung montre que, dans le sens le plus large, ce dernier est le fruit de la fonction imaginaire inconsciente. Le lecteur découvrira comment le phénomène et l'imagerie des soucoupes volantes expriment, de façon totalement inattendue, l'inadéquation de l'homme moderne à lui-même et au monde, la détresse qui en résulte, une mise en forme balbutiante - grâce à un langage puisé dans l'actualité - de ce qui l'agite, et aussi une tentative de conciliation de ses forces contraires. C. G. Jung inscrit - au-delà de son enquête - la somme de son savoir, de sa réflexion, de son intuition sur le monde et son avenir. Il y dégage pour nous, à l'occasion d'un phénomène contemporain insolite, en une manière d'étude de psychologie appliquée, les leçons de sa science et aussi de sa vie. Le Mythe moderne de C. G. Jung montre un point de jonction entre deux infinis, l'infini du monde extérieur et l'infini qui sommeille en tout homme.

Quant à l'hypothèse de vie extraterrestre matérielle, pour en rester pour l'instant à cette approche, et à l'hypothèse de civilisations extraterrestres, elle trouve un appui très fort dans la statistique. Cf. « l'équation de Drake »...

L'équation proposée par Frank Drake en 1961 est une célèbre proposition mathématique concernant les sciences telles que l'exobiologie, la futurobiologie, l'astrosociologie, ainsi que le projet SETI (search for extraterrestrial intelligence). Formulée ainsi :

N = R x fp x ne x fl x fi x fc x L

N est le nombre de civilisations extraterrestres dans notre galaxie avec lesquelles nous pourrions entrer en contact,
R : le nombre d'étoiles naissantes chaque année dans la Voie Lactée ;
FP : fraction de ces étoiles qui possèdent un système planétaire ;
NE : nombre moyen de planètes similaires à la Terre (aptes à abriter une forme de vie) ;
FL : nombre de planètes habitables sur lesquelles une forme de vie a pu évoluer ;
FI : taux des planètes où une évolution biologique produit effectivement une forme de vie intelligente ;
FC : taux de ces formes de vie intelligentes capables de communiquer à travers l'Univers ;
L : durée de vie moyenne d'une civilisation capable de communiquer à travers l'Univers (exprimée en années).

Cette équation tente d'estimer le nombre potentiel de civilisations extraterrestres dans notre galaxie avec qui nous pourrions entrer en contact. Le principal objet l'équation est de donner le nombre probable de ces civilisations.

Bref, dans cette perspective, est posée la probabilité de l'existence de civilisations extraterrestres.

*

La même hypothèse statistique semble poser ipso facto la probabilité que quelques-unes au moins de ces civilisations ont dû accéder jusqu'à nous.

Où on en vient au paradoxe de Enrico Fermi :

En 1950, Enrico Fermi propose l'hypothèse d'une civilisation extraterrestre dotée de moyens techniques raisonnables, à la portée de la civilisation humaine de l'époque (Fermi étant le père de l'énergie nucléaire civile) : voyage intersidéral à une vitesse nettement inférieure à la vitesse de la lumière et colonisation d'une nouvelle planète pour la transformer en nouvelle base de départ, chaque cycle prenant quelques centaines ou milliers d'années et permettant d'avancer, par bonds successifs, plus loin dans l'espace de quelques dizaines d'années-lumière.

Sachant que la Voie lactée fait environ 50 000 années-lumière de rayon, une vitesse globale du front de colonisation de 1% de la vitesse de la lumière suffit à la coloniser entièrement en quelques millions d'années, ce qui est très peu par rapport à l'âge de la galaxie et au temps qu'il a fallu à la vie terrestre pour évoluer jusqu'à la civilisation humaine actuelle. Si les extraterrestres existent (L'équation de Drake tente de quantifier leur nombre en faisant intervenir de nombreuses variables par ailleurs toutes inconnues sauf une), la logique serait donc que ce phénomène s'est déjà produit, et même éventuellement plusieurs fois. Le paradoxe, c'est que nous n'en observons aucune trace.

Enrico Fermi demande : « si les extraterrestres existent, mais où sont-ils donc ? ». Pourquoi n'avons-nous vu aucune trace d'une vie intelligente extraterrestre, par exemple des sondes, des vaisseaux ou des transmissions radios ?

Les réponses proposées à ce paradoxe sont nombreuses.

1ère réponse : les civilisations (ou les entités) extra-terrestres n'existent pas.

La probabilité qu'une forme de vie avancée puisse se développer ailleurs dans l'univers serait beaucoup plus faible qu'estimée initialement. Ce pourrait être parce que les facteurs permettant de développer la vie sont très nombreux (partant de la présence des éléments chimiques structurant la vie et d'une source d'énergie allant jusqu'à la présence d'une planète géante telle que Jupiter aspirant les astéroïdes qui, autrement, détruiraient trop rapidement la vie en train de se former, ou celle de la Lune empêchant l'orbite de la Terre d'être instable...). Ce pourrait être aussi parce que, même ces facteurs réunis, les probabilités que les éléments chimiques se combinent pour former de la matière vivante sont si faibles que cet événement ne s'est produit qu'une fois dans toute l'histoire de l'univers, c'est, entre autres, pour tenter de trancher cette question que l'on recherche activement des traces de vie sur Mars et que l'on envisage d'en faire autant sur Europe (satellite de Jupiter), seul autre corps du système solaire, en dehors de la Terre, à posséder de l'eau liquide (avec très probablement aussi Encelade, un satellite de Saturne).

Le principe anthropique semble conforter cet argument : pourquoi observerions-nous un univers de cette taille si la vie avait pu apparaître dans un univers plus petit et donc (sans doute) moins improbable ? Objection possible : notre présence n'arrête pas pour autant l'actuelle expansion de l'Univers. Que pourrait penser une possible civilisation (ne connaissant pas notre existence) dans 4 milliards d'années dans un univers encore plus grand ? Les hommes n'étant plus vivants tomberaient sûrement dans l'anonymat, ce qui pose bien sûr un problème pour les religions anthropocentristes. Réponse possible : l'univers serait plus étendu, mais pas plus grand au sens où il ne contiendrait pas plus de matière après son expansion qu'avant, et donc pas plus de probabilité de donner la vie (voire moins en raison de la réduction du nombre d'étoiles par épuisement de l'hydrogène et de l'extinction des plus anciennes).

Et si l'on peut admettre des vies extraterrestres, la vie n'évolue pas nécessairement vers l'intelligence. Ici la leçon est prise de notre première expérience de conquérants d'outre-terres, l'expérience coloniale et son catastrophique ethnocentrisme des conquérants, qui, étendu la la dimension de l'univers, devient anthropocentrisme.

L'anthropocentrisme humain tend à considérer le processus évolutif comme un processus linéaire amenant inexorablement vers sa niche écologique : une forme de vie intelligente (et d'autres ajouteront « qui peut vivre en harmonie sans vouloir s'entre-tuer »). L'intelligence fait partie des nombreux mécanismes d'adaptation permettant à des espèces de survivre, mais n'est pas pour autant le seul. Les cafards, les rats, les fourmis, les bactéries peuvent survivre dans de bien pires conditions. L'intelligence nous a bien réussi sur notre planète, qui possédait ses conditions spécifiques, mais chaque planète pouvant héberger la vie peut fort bien avoir des espèces dominantes ayant suivi d'autres voies ; d'ailleurs, même sur Terre, les dinosaures ont dominé pendant pratiquement 200 millions d'années sans évoluer vers une espèce capable de développer une civilisation technique.

Et puis, l'avènement d'une intelligence technicienne est-elle le débouché inéluctable de l'intelligence ? La série de coïncidences politico-religieuses qui, de la fin du Moyen-Âge à la Renaissance et aux Lumières, utilisant des observations comme celles de Galilée, ont conduit au développement des synthèses philosophiques nouvelles qui ont permis par la suite les développements techniques actuels, est tout sauf inéluctable !

Sans compter la question de savoir si l'intelligence technicienne est le summum de l'intelligence !

Avec cela, il ne faut pas oublier que la vie intelligente, et notamment technicienne, semble vouée à l'autodestruction avant d'essaimer.

Il y a au moins trois raisons qui peuvent soutenir cette hypothèse.

La première est que l'intelligence animale et humaine telle qu'on l'observe est directement liée à l'agressivité (cf. René Girard), et qu'elle en rend les effets de plus en plus graves. À l'extrême, elle peut s'auto-exterminer, et avec elle une bonne partie des formes vivantes de la planète. C'est le scénario brutal.

La seconde est que la vie animale est régulée et motivée par des systèmes émotionnels (douleur, angoisse, plaisir, etc.), que l'intelligence permet de modifier, court-circuiter. Si on donne à un rat la possibilité d'auto-stimuler ses centres nerveux associés au plaisir, il le fait, et il en meurt. Les drogués donnent un autre exemple similaire, et la façon dont les émotions naturellement associées à la reproduction (plaisir sexuel, émotions familiales) sont maintenant court-circuitées et obtenues sans reproduction (avec chute de la natalité sous le seuil de maintien de la population, dès que les techniques adéquates sont disponibles) est également très éclairante. Inversement, l'intelligence peut donner une angoisse existentielle face à une réalité vertigineuse, conduisant au suicide individuel. La perspective de voir une espèce intelligente disparaître « de bonheur » ou « d'angoisse » n'a rien d'inimaginable. C'est le scénario de la disparition en douceur.

La troisième est que sur le chemin des avancées technologiques menant à l'essaimage, il s'en trouve au moins une qui soit incontournable mais mène immanquablement à la perte. Par exemple une dont toute expérimentation a un résultat cataclysmique (vitrification de la planète), ou une très utilisée mais aux effets délétères découverts trop tard (endommagement irréversible de l'environnement ou de l'espèce). Dans ce cas nous serions voués nous aussi à provoquer notre perte.

Dans tous les cas, la vie intelligente peut disparaître avant de se diffuser ou de laisser des traces visibles. Sans aller jusqu'à l'extinction, elle peut aussi se retrouver suffisamment rare pour que chaque individu ait déjà assez à faire pour découvrir seulement la planète, et pour que les ressources importantes nécessaires à un voyage ou un signal spatial ne soient plus disponibles.

Admettons à présent que l'on parvienne à dépasser ces hypothèses pessimistes... Et que des civilisations extra-terrestres existent.

Admettons dans un second temps que soient dépassées les difficultés et obstacles à une rencontre, comme la durée requise (et les embranchements philosophiques) pour que puisse se développer une civilisation technicienne ; ou comme les limitations dues à la physique : pensons par exemple au fait qu'il se peut que l'expansion de l'univers jointe à des questions de lenteur de la lumière et de bilan énergétique interdise de façon durable des voyages suivis à l'extérieur d'un système solaire. La récente découverte (1998) d'une accélération de l'expansion de l'univers donne un poids nouveau à cette hypothèse.

Admettons aussi que soient dépassées les difficultés voulant que les civilisations extraterrestres soient différentes de nous à un point où nous n'aurions pas la possibilité de communiquer. Parmi les raisons possibles à une telle impossibilité, on peut citer :

– des différences considérables d'échelle, y compris par exemple d'échelle de temps ;
– des différences dans la façon de penser, à un point rendant toute communication non seulement inintéressante pour les deux parties mais également structurellement impossible (par exemple, il nous serait extrêmement difficile de communiquer avec une intelligence collective telle qu'une fourmilière) ;
– une différence fondamentale d'essence, etc.

Ces difficultés dépassées, on en vient alors aisément à la fonction angélique des extraterrestres. L'hypothèse est en coïncidence avec les bouleversements cosmologiques mettant en question la fonction des anges (dieux, Intelligences célestes, etc.) qu'on avait liée à la cosmologie. Moment caractéristique : le moment lunette de Galilée / 1609-1610. Moments moins marquants mais similaires : l'atomisme de Démocrite et des épicuriens ou l'univers de Giordano Bruno... Bref les anges ébranlés voient leur existence hypothéquée en faveur de l'hypothèse extra-terrestre.

On sait que de nombreux cultes des extraterrestres se sont développés, proposant une relecture des textes sacrés. Où la rejonction de l'angélologie s'inverse ! - : « Ce ne sont pas les extraterrestres qui remplacent les anges, mais les anges étaient des extraterrestres que notre avancée technologique relative nous permet désormais de reconnaître comme tels ! »

On retrouve alors toutes les catégories d'anges de l'ancienne angélologie, depuis ceux des anges – ceux que l'angélologie d'un Denys l'Aréopagite, par ex., situe au somment de la hiérarchie angélique – qui ne s'occupent pas de nous, jusqu'à ceux qui nous guident, nous surveillent et nous protègent, et nous protègent même de nous-mêmes.

*

Cette nouvelle perspective angélologique se pose en des termes regroupant, et souvent opposant, les différents degrés de la hiérarchie angélique. Depuis l'idée que les extraterrestres ne nous ont jamais visités pour différentes raisons, jusqu'à la certitude, qui est celle de David Vincent, « qu'ils sont déjà parmi nous », soit comme êtres bienveillants soit comme êtres malveillants. Ces hypothèses souvent perçues comme contradictoires en ufologie, ou en « exobiologie », ne le sont nullement en angéloglogie. Il suffit de lire les différentes hypothèses exobiologiques comme correspondant, non pas à diverses hypothèses angélologiques, mais à divers degrés de la hiérarchie angélique.

On peut ainsi parcourir les différentes hypothèses comme autant de degrés descendants des différents ordres angéliques,

1er ordre angélique. Les Séraphins, les Chérubins, les Trônes : ordre d'anges essentiellement tournés vers Dieu – qui, donc ne s'occupent pas particulièrement de nous, Choses formulées, en perspective ufologique/exobiologique, dans les termes suivants :

Les civilisations extra-terrestres existent, ont développé la technologie pour nous visiter, mais ne l'ont pas fait. Ici, on est est dans la proximité du pôle supérieur de la hiérarchie angélique – avec comme formule : «la preuve qu'il y a des êtres intelligents ailleurs que sur Terre est qu'ils n'ont jamais essayé de nous contacter.» (Bill Watterson dans Calvin et Hobbes)

On peut considérer que, soit par hasard, soit pour des raisons éthiques, aucune des civilisations qui seraient apparues n'aurait souhaité s'étendre partout dans la galaxie, laissant à de nouvelles formes de vie le temps de se développer.

Ils peuvent également estimer que la probabilité d'une autre vie intelligente sur une autre planète est faible et ne nécessite pas une recherche sur le long terme.

Enfin, l'application du paradoxe de l'abondance, si leur société se trouvait avoir résolu la question du besoin et si leur psychisme avait une similitude avec le nôtre, peut avoir créé chez eux une importante passivité en éliminant toute recherche intellectuelle. Les éventuels extraterrestres pourraient donc fort bien adopter une attitude de cocooning faisant qu'ils se passent très bien de nous et des complications d'un voyage pour venir nous voir.

Le débat sur notre propre Terre concernant l'exploration spatiale (coûts importants, retombées hypothétiques…) reflète déjà cette préoccupation.

Le 2e ordre angélique fait intermédiaire entre le premier, voué en son sommet à la contemplation de Dieu, et le troisième, chargé de surveiller, guider, assister les hommes. Chez Denys, l'ordre intermédiaire est celui qui regroupe les Dominations, les Autorités, les Puissances – intermédiaire, donc.

Le 3e ordre angélique concerne les anges qui s'occupent de nous : les Principautés, les Archanges, les Anges. Ici on recoupe l'hypothèse des extraterrestres nous visitant :

Les civilisations extra-terrestres existent et nous ont visités, mais ne signalent pas leur présence :

D'éventuels extraterrestres, même s’ils sont passés sur la planète, ne lui ont peut-être pas trouvé d'intérêt, et ont continué leur chemin (ou se sont abstenus de toute visite, compte tenu des informations collectées par leurs capteurs). Une civilisation capable de se déplacer entre systèmes solaires de la galaxie ne doit pas avoir de difficultés à s'approvisionner dans des endroits plus riches ou plus pratiques pour elle, ou tout simplement pour synthétiser la matière utile (au lieu de la transporter d'une planète à une autre, au prix d'efforts et surtout d'un délai exorbitant). Tout ce que nous aurions une chance de voir serait de temps à autres quelques routards galactiques égarés.

Même s'ils se sont aperçus de notre présence les extraterrestres n'ont peut-être pas plus de choses à nous dire que nous n'en avons à dire aux chimpanzés ou aux fourmis. Pire : ils pourraient nous juger impossibles à éduquer et ne pas souhaiter perdre leur temps avec nous.

On peut imaginer enfin que les extraterrestres, s'ils sont passés, l'ont fait il y a trop longtemps pour nous, avant notre apparition (Hypothèse du rendez-vous manqué).

Des extraterrestres existeraient bien et s'intéresseraient à notre espèce :
Ils pourraient le faire de la même façon que nous nous intéressons aux animaux dans des réserves naturelles, par curiosité scientifique et en cherchant à interagir le moins possible avec eux. Les animaux d'un parc naturel ne savent jamais qu'ils sont dans un parc naturel. Et nous ne consacrons pas de ressources à essayer d'enseigner les équations différentielles à des bonobos sauvages, nous préférons les laisser vivre de façon traditionnelle.

L'hypothèse du zoo pourrait aussi n'être qu'une première étape dans le cadre d'une hypothèse plus globale d'un apartheid cosmique. Au lieu de laisser les primates vivre de façon traditionnelle, l’homme lui-même pourrait aussi choisir demain de les guider ainsi dans une évolution contrôlée destinée à faire naître une nouvelle espèce intelligente semblable à l’espèce humaine, dans des réserves terrestres, ou mieux encore, extraterrestres. S'il était seul dans l’univers, la vie intelligente serait ainsi mieux préservée, et l’homme ferait déjà par là œuvre utile. Les moyens dont il dispose actuellement lui permettraient cette entreprise. Sans parler des retombées technologiques considérables de la terraformation d’une planète, les connaissances pouvant être acquises en cette occasion dans le seul domaine des sciences de la vie (conscience, connaissance du cerveau, etc.) pourraient prochainement inciter l’homme à se lancer dans un tel projet cosmique.

Des ET beaucoup plus avancés pourraient avoir fait ce choix de nous guider du primate vers l'homme, intervenant par exemple avec des masques humains, par le biais des religions ("apparitions, miracles"), et par des moyens scientifiques et technologiques de télésurveillance et de contrôle que nous commençons à maîtriser. Cette assistance discrète en apartheid cosmique nous aurait permis de nous éveiller à la conscience sans nous transformer en « robots » par une présence trop dominante. Eux-mêmes issus d'une telle évolution, ils auraient formé une civilisation avant l'homme et seraient entre temps devenus des êtres artificiels. « Parents ou tuteurs cosmiques » de l’homme, ils attendraient naturellement de lui qu'il devienne à son tour "parent ou tuteur cosmique" en hominisant lui aussi d'autres primates. Nous leur apporterions par là la preuve d'une conscience réelle acquise et de la réussite de leur propre expérience d’hominisation de notre espèce. S’ils devaient se dévoiler, ils ne le feraient jamais avant une claire démonstration de l’homme à vouloir perpétuer la vie et l'intelligence. Cette hypothèse est apparentée à celle de la fiction La Sentinelle / 2001, l'odyssée de l'espace.

Cette hypothèse relève plus du réalisme fantastique à la mode dans les années 1960 que d'une véritable supposition scientifique : des extraterrestres existeraient, et auraient entrepris de nous aider discrètement à trouver notre propre voie ainsi qu'à nous corriger de nos éventuels dysfonctionnements. Nous sommes là à la limite des points de vue scientifique et religieux. L'idée a néanmoins été exploitée par la science-fiction via divers médias populaires (romans, films, BD,…). Hergé lui fait un clin d'œil par exemple sous les traits de Jacques Bergier dans Vol 714 pour Sydney.

Les ovnis seraient donc une manifestation de ces visites...

Et l'hypothèse extraterrestre est en effet aujourd'hui l'explication du phénomène ovni privilégiée par la majorité des ufologues, contrairement à la communauté scientifique qui privilégie à l'inverse le modèle sociopsychologique du phénomène ovni. Pour les ufologues, le paradoxe repose sur le rejet du phénomène ovni comme manifestation des extraterrestres. Le rejet peut provenir d'une discordance entre la prédiction de ce que serait la manifestation d'une civilisation extraterrestre et le comportement des ovnis qui ne manifestent pas une volonté de prise de contact. Il faudrait donc, selon ces ufologues, commencer par s'interroger sur la validité de nos attentes sur la forme que devrait prendre la manifestation d'une civilisation extraterrestre visitant la terre.

Si nous ne comprenons pas comment les voyages interstellaires sont possibles, la source d'énergie très puissante dont semble disposer les ovnis ainsi que nombre d'autres capacités affichées par ces engins, ne serait-il pas normal que cette incompréhension s'étende à la logique de leurs manifestations ? Ainsi, toujours selon les ufologues, le raisonnement qui présente la discordance entre le comportement des ovnis et ce qu'on attendrait d'une manifestation extraterrestre ne peut être un argument pour rejeter le phénomène ovni comme possible manifestation des extraterrestres. On peut néanmoins se demander si cette tout-puissance ne rapproche pas plutôt la croyance dans l'hypothèse extraterrestre d'un phénomène religieux. Le mouvement sceptique contemporain dit par exemple ironiquement à ce propos (Michael Shermer) : toute civilisation extraterrestre ayant une avance technologique infiniment supérieure à la nôtre ne peut pas être distinguée de Dieu.

… On le voit, on n'est pas loin de l'ange comme manifestation de l'ultime...




jeudi 20 mai 2010

Le Qohéleth — Et Dieu dans tout ça ?




Ecclésiaste 1:13 : J’ai appliqué mon cœur à rechercher et à sonder par la sagesse tout ce qui se fait sous les cieux : c’est là une occupation pénible, à laquelle Dieu soumet les fils de l’homme.


(c) Ponts Formation Edition

On a parlé (la dernière fois) de la sagesse comme d'un entre-deux. Approche plutôt classique, donc, correspondant assez bien à ce qui est appelé parfois « juste milieu ».

La vérité est ailleurs... en Dieu. Reste à approcher la façon dont on entend cela... (Ci-dessous, les versets du Qohéleth où apparaît le mot "Dieu" - "Elohim" : le tétragramme n'apparaît pas.)

Dieu est-il une sorte de théière céleste ?

« Si je suggérais qu'entre la Terre et Mars se trouve une théière de porcelaine en orbite elliptique autour du Soleil, personne ne serait capable de prouver le contraire pour peu que j'aie pris la précaution de préciser que la théière est trop petite pour être détectée par nos plus puissants télescopes. Mais si j'affirmais que, comme ma proposition ne peut être réfutée, il n'est pas tolérable pour la raison humaine d'en douter, on me considérerait aussitôt comme un illuminé. Cependant, si l'existence de cette théière était décrite dans d'anciens livres, enseignée comme une vérité sacrée tous les dimanches et inculquée aux enfants à l'école, alors toute hésitation à croire en son existence deviendrait un signe d'excentricité et vaudrait au sceptique les soins d'un psychiatre à une époque éclairée ou de l'Inquisition en des temps plus anciens. » (Bertrand Russell, Is There a God? — cité par Richard Dawkins, Pour en finir avec Dieu, éd, Robert Laffont, 2008, p. 60-61.)

Dieu comme super-créature ! Problème : les choses ne se posent pas en ces termes.

Sauf à donner raison à Woody Allen, disant : «Non seulement Dieu n’existe pas mais en plus il est impossible de trouver un plombier le dimanche.»

La mise en question de Dieu comme super-théière céleste ou comme plombier du dimanche est déjà le fait de l'Ecclésiaste.


On a déjà vu que pour l'Ecclésiaste, la référence à Dieu n'a pas de rapport avec un prolongement post-mortem de l'existence. Ni n'est propre à fonder une religion foisonnante ou ostentatoire, que ce soit en termes de sacrifices ou d'explications (ne pas se hâter d'exprimer une parole devant Dieu, écouter plutôt qu'offrir le sacrifice des insensés, etc. Cf. ch. 5).

Voilà qui donne une orientation sur ce qui se dévoile à la lecture du texte : « Dieu » désigne le fondement de ce qui nous advient comme ne dépendant, ultimement, pas de nous.

Une connaissance propre à fonder le bonheur, puisque c'est de cela qu'il s'agit...


Ecclésiaste 2 :

2:24 Il n’y a de bonheur pour l’homme qu’à manger et à boire, et à faire jouir son âme du bien-être, au milieu de son travail ; mais j’ai vu que cela aussi vient de la main de Dieu.

2:26 Car il donne à l’homme qui lui est agréable la sagesse, la science et la joie ; mais il donne au pécheur le soin de recueillir et d’amasser, afin de donner à celui qui est agréable à Dieu. C’est encore là une vanité et la poursuite du vent.


« Dieu » désigne alors le fait que ce qui nous advient ne trouve pas sa source ultime en nous, non seulement quant à la matérialité, « le manger et le boire », mais aussi quant à la faculté et à la disposition d'en jouir...

C'est là un « don de Dieu »... Où Dieu apparaît aussi comme Père (cf. Matthieu 5-7 et les oiseaux du ciel, les bons et les méchants : « votre Père céleste les nourrit »).


Ecclésiaste 3 :

3:10 J’ai vu à quelle occupation Dieu soumet les fils de l’homme.
3:11 Il fait toute chose bonne en son temps ; même il a mis dans leur cœur la pensée de l’éternité, bien que l’homme ne puisse pas saisir l’œuvre que Dieu fait, du commencement jusqu’à la fin.

3:13 si un homme mange et boit et jouit du bien-être au milieu de tout son travail, c’est là un don de Dieu.
3:14 J’ai reconnu que tout ce que Dieu fait durera toujours, qu’il n’y a rien à y ajouter et rien à en retrancher, et que Dieu agit ainsi afin qu’on le craigne.
3:15 Ce qui est a déjà été, et ce qui sera a déjà été, et Dieu ramène ce qui est passé.

3:17 J’ai dit en mon cœur : Dieu jugera le juste et le méchant ; car il y a là un temps pour toute chose et pour toute œuvre.
3:18 J’ai dit en mon cœur, au sujet des fils de l’homme, que Dieu les éprouverait, et qu’eux-mêmes verraient qu’ils ne sont que des bêtes.


Le fait que tout soit don de Dieu invite à « la crainte », qui est en son versant négatif, l'admission de la possibilité que ce qui est don ne soit pas, ou n'ait pas été octroyé — et en son versant positif, la reconnaissance, tout simplement, la reconnaissance de ce que matérialité comme condition du bonheur, jusqu'à la disposition pour le recevoir, ne viennent, ultimement, pas de nous.

Et là, cela compris, le bonheur est déjà là, comme reconnaissance et fruit de la reconnaissance !

Il s'agit de l'étonnement reconnaissant, jusqu'à l'émerveillement de l'événement unique de la venue de l'être sous le soleil, de la venue d'une pensée sous le soleil, fût-elle un éclair dans une nuit infinie — et sachant en outre qu'elle est aussi tissée de douleur. Le moment unique de la percée de l'être sous la soleil, moment de vanité, n'en est pas moins l'occasion de tout bonheur, source de toute reconnaissance à Dieu qui l'a fait advenir comme don.

Reconnaissance !

C'est là le culte de Dieu tel qu'il est requis !


Ecclésiaste 5 :

5:1 (4–17) Prends garde à ton pied, lorsque tu entres dans la maison de Dieu ; approche-toi pour écouter, plutôt que pour offrir le sacrifice des insensés, car ils ne savent pas qu’ils font mal.
5:2 (5–1) Ne te presse pas d’ouvrir la bouche, et que ton cœur ne se hâte pas d’exprimer une parole devant Dieu ; car Dieu est au ciel, et toi sur la terre : que tes paroles soient donc peu nombreuses.

5:4 (5–3) Lorsque tu as fait un vœu à Dieu, ne tarde pas à l’accomplir, car il n’aime pas les insensés : accomplis le vœu que tu as fait.

5:6 (5–5) Ne permets pas à ta bouche de faire pécher ta chair, et ne dis pas en présence de l’envoyé que c’est une inadvertance. Pourquoi Dieu s’irriterait-il de tes paroles, et détruirait-il l’ouvrage de tes mains ?
5:7 (5–6) Car, s’il y a des vanités dans la multitude des songes, il y en a aussi dans beaucoup de paroles ; c’est pourquoi, crains Dieu.

5:18 (5–17) Voici ce que j’ai vu : c’est pour l’homme une chose bonne et belle de manger et de boire, et de jouir du bien-être au milieu de tout le travail qu’il fait sous le soleil, pendant le nombre des jours de vie que Dieu lui a donnés ; car c’est là sa part.
5:19 (5–18) Mais, si Dieu a donné à un homme des richesses et des biens, s’il l’a rendu maître d’en manger, d’en prendre sa part, et de se réjouir au milieu de son travail, c’est là un don de Dieu.
5:20 (5–19) Car il ne se souviendra pas beaucoup des jours de sa vie, parce que Dieu répand la joie dans son cœur.


Voilà qui rejoint, et précède Nietzsche :

«… Si notre âme a, comme une corde, une seule fois tressailli et résonné de bonheur […,] l'éternité tout entière était, dans cet instant unique de notre acquiescement, saluée, rachetée, justifiée et affirmée.» (Nietzsche, La Volonté de puissance, § 1032.)


Avec chez l'Ecclésiaste, cette conscience permanente de la condition qui permet en tout temps la perception de ce rachat : la conscience du don de Dieu


Ecclésiaste 6:2 : Il y a tel homme à qui Dieu a donné des richesses, des biens, et de la gloire, et qui ne manque pour son âme de rien de ce qu’il désire, mais que Dieu ne laisse pas maître d’en jouir, car c’est un étranger qui en jouira. C’est là une vanité et un mal grave.

« Correctif » de cette vanité, qui reste vanité quoiqu'il en soit : la conscience du don de Dieu, à savoir « la crainte de Dieu ».


Ecclésiaste 7 :

7:13 Regarde l’œuvre de Dieu : qui pourra redresser ce qu’il a courbé ?
7:14 Au jour du bonheur, sois heureux, et au jour du malheur, réfléchis : Dieu a fait l’un comme l’autre, afin que l’homme ne découvre en rien ce qui sera après lui.

7:18 Il est bon que tu retiennes ceci, et que tu ne négliges point cela ; car celui qui craint Dieu échappe à toutes ces choses.
7:26 Et j’ai trouvé plus amère que la mort la femme dont le cœur est un piège et un filet, et dont les mains sont des liens ; celui qui est agréable à Dieu lui échappe, mais le pécheur est pris par elle.


Cf. Cioran : «On rencontre la Subtilité :
chez les théologiens […] ;
chez les oisifs […] ;
chez les persécutés […] ;
chez les femmes. Condamnées à la pudeur, elles doivent camoufler leurs désirs, et mentir : le mensonge est une forme de talent, alors que le respect de la "vérité" va de pair avec la grossièreté et la lourdeur.[…]» (Syllogismes de l'amertume, p.760, in Œuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, 1995)

Ecclésiaste 7:29 : « voici ce que j’ai trouvé, c’est que Dieu a fait les hommes droits ; mais ils ont cherché beaucoup de détours. »


Ecclésiaste 8 & 9 :

8:2 Je te dis : Observe les ordres du roi, et cela à cause du serment fait à Dieu.

8:12 Cependant, quoique le pécheur fasse cent fois le mal et qu’il y persévère longtemps, je sais aussi que le bonheur est pour ceux qui craignent Dieu, parce qu’ils ont de la crainte devant lui.
8:13 Mais le bonheur n’est pas pour le méchant, et il ne prolongera point ses jours, pas plus que l’ombre, parce qu’il n’a pas de la crainte devant Dieu.

8:15 J’ai donc loué la joie, parce qu’il n’y a de bonheur pour l’homme sous le soleil qu’à manger et à boire et à se réjouir ; c’est là ce qui doit l’accompagner au milieu de son travail, pendant les jours de vie que Dieu lui donne sous le soleil.

8:17 j’ai vu toute l’œuvre de Dieu, j’ai vu que l’homme ne peut pas trouver ce qui se fait sous le soleil ; il a beau se fatiguer à chercher, il ne trouve pas ; et même si le sage veut connaître, il ne peut pas trouver.


9:1 Oui, j’ai appliqué mon cœur à tout cela, j’ai fait de tout cela l’objet de mon examen, et j’ai vu que les justes et les sages, et leurs travaux, sont dans la main de Dieu, et l’amour aussi bien que la haine ; les hommes ne savent rien : tout est devant eux.

9:7 Va, mange avec joie ton pain, et bois gaiement ton vin ; car dès longtemps Dieu prend plaisir à ce que tu fais.

9:9 Jouis de la vie avec la femme que tu aimes, pendant tous les jours de ta vie de vanité, que Dieu t’a donnés sous le soleil, pendant tous les jours de ta vanité ; car c’est ta part dans la vie, au milieu de ton travail que tu fais sous le soleil.



Ecclésiaste 11 :

11:5 Comme tu ne sais pas quel est le chemin du vent, ni comment se forment les os dans le ventre de la femme enceinte, tu ne connais pas non plus l’œuvre de Dieu qui fait tout.

11:9 (12–1) Jeune homme, réjouis-toi dans ta jeunesse, livre ton cœur à la joie pendant les jours de ta jeunesse, marche dans les voies de ton cœur et selon les regards de tes yeux ; et sache que pour tout cela Dieu t’appellera en jugement.


« Sache que pour tout cela Dieu t’appellera en jugement » : pas de « mais » (« mais sache » ?!) en hébreu ! Le jugement n'est pas tant le prix de la joie que la mesure de la joie que l'on a reçue ! C'est aujourd'hui qu'il s'agit de cueillir la joie avant que ne tombe le jour où la matérialité, les conditions ou les dispositions ne sont plus là pour l'accueillir !... « Au jour où tremblent les gardiens de la maison, où se courbent les hommes vigoureux, où s'arrêtent celles qui meulent, trop peu nombreuses, où perdent leur éclat celles qui regardent par la fenêtre »... (ch, 12, v. 3 sq.)...

"C'est une sale histoire de vieillir et je vous conseille de l'éviter si vous pouvez ! Vieillir ne présente aucun avantage. On ne devient pas plus sage, mais on a mal au dos, on ne voit plus très bien, on a besoin d’un appareil auditif pour entendre. Je vous déconseille de vieillir." (Woody Allen, Cannes, mai 2010.)


Ecclésiaste 12 :

12:7 (12–9) avant que la poussière retourne à la terre, comme elle y était, et que l’esprit retourne à Dieu qui l’a donné.

12:13 (12–15) Écoutons la fin du discours: Crains Dieu et observe ses commandements. C’est là ce que doit faire tout homme.
12:14 (12–16) Car Dieu amènera toute œuvre en jugement, au sujet de tout ce qui est caché, soit bien, soit mal.