samedi 17 novembre 2012

Le Père tout-puissant créateur de toutes choses



« Créateur… » ? — « de toutes choses » ? — « tout-puissant » ? Citations :

- Le hasard
« Nous disons que ces altérations sont accidentelles, qu’elles ont lieu au hasard. Et puisqu’elles constituent la seule source possible de modifications du texte génétique, seul dépositaire à son tour des structures héréditaires de l’organisme, ¡1 s’ensuit nécessairement que le hasard seul est à la source de toute nouveauté, de toute création dans la biosphère. Le hasard pur, le seul hasard, liberté absolue mais aveugle, à la racine même du prodigieux édifice de l’évolution : cette notion centrale de la biologie moderne n’est plus aujourd’hui une hypothèse, parmi d’autres possibles ou au moins concevables. Elle est la seule concevable, comme seule compatible avec les faits d’observation et d’expérience. Et rien ne permet de supposer (ou d’espérer) que nos conceptions sur ce point devront ou même pourront être révisées. » (Jacques Monod, Le Hasard et la nécessité, 1970)

- Dieu cause première
Hors de la foi, un Dieu cause première démontré : « Tout ce qui est mû est mû par un autre. Or il est évident pour les sens qu'il y a des choses mues, le soleil par exemple. Le soleil est donc mû par un moteur différent de lui. Ce moteur sera lui-même mû, ou ne le sera pas. S'il n'est pas mû, nous tenons le but proposé, à savoir qu'il est nécessaire de poser un moteur immobile. Ce moteur immobile, nous l'appelons Dieu. - Si ce moteur, par contre, est mû, il sera mû par un autre. Dans ce cas, ou bien il faudra remonter à l'infini; ou bien il faudra s'arrêter à quelque moteur immobile. Mais on ne peut remonter à l'infini. Il est donc nécessaire de poser l'existence d'un premier moteur immobile. » (Thomas d’Aquin, Somme conte les Gentils, liv. I, ch. 13)
http://bibliotheque.editionsducerf.fr/par%20page/1413/TM.htm# ;
http://bibliotheque.editionsducerf.fr/par%20page/1413/acces_livre.htm

- Le diable
Un mythe de l’origine du monde matériel : « Satan, l’ennemi du Père saint, voulant troubler sa quiétude et son Royaume, alla à la porte du Royaume du Père et s'y tint pendant trente-deux ans. On ne lui permettait pas d'entrer. A la fin, le gardien de cette porte, voyant qu'il avait attendu longtemps sans avoir la permission d'entrer, le fit entrer dans le Royaume du Père saint. […]
[Où il promet alors en cachette aux bons esprits que, mieux que ce qu’ils ont dans le Royaume céleste,] il leur donnerait des champs, des vignes, des eaux, des prés, des fruits, de l'or, de l'argent, et tous les biens de cette nature matérielle, et de plus, à chacun d'eux, des épouses. »
(Bélibaste, traduit in Jean Duvernoy, Le registre d’Inquisition de Jacques Fournier, Paris/La Haye/New-York, Mouton, 1978, p. 761)…

- Tsimtsoum
« Avec l’événement qui porte le nom d’ « Auschwitz » […,] ne trouvèrent place ni la fidélité, ni l’infidélité, ni la foi ni l’incroyance, ni la faute ni son châtiment, ni l’épreuve, ni le témoignage, ni l’espoir de rédemption, pas même la force ou la faiblesse, l’héroïsme ou la lâcheté, le défi ou la soumission. Non, de tout cela Auschwitz, qui dévora même les enfants, n’a rien su ; il n’en offrit même pas l’occasion en quoi que ce fût. Ce n’est pas pour l’amour de leur foi que moururent ceux de là-bas […] ; ce n'est pas non plus à cause de celle-ci ou de quelque orientation volontaire de leur être personnel qu'ils furent assassinés. La déshumanisation par l'ultime abaissement ou dénuement précéda leur agonie ; aux victimes destinées à la solution finale ne fut laissée aucune lueur de noblesse humaine, rien de tout cela n'était plus reconnaissable chez les survivants, chez les fantômes squelettiques des camps libérés. Et pourtant - paradoxe des paradoxes -, c'était le vieux peuple de l'Alliance, à laquelle ne croyait plus presque aucun des intéressés, tueurs et même victimes, c'était donc très précisément ce peuple-là et pas un autre qui fut désigné, sous la fiction de la race, pour cet autre anéantissement total […]. Et Dieu laissa faire. Quel est ce Dieu qui a pu laisser faire? » (Hans Jonas, Le concept de Dieu après Auschwitz)

« C'est en concevant le vide en soi pour accueillir l'altérité du monde, c'est en se retirant de lui-même en lui-même que Dieu créa le monde. De ce vide de Dieu, surgit le monde. La création de l'espace vide rend possible l'altérité à partir de la séparation. » (Marc-Alain Ouaknin, Concerto pour quatre consonnes).
« Né à Jérusalem en 1534 et mort à Safed en 1572 à l'âge de 38 ans, Isaac Louria a enseigné à un moment clef de l'histoire d'Israël, quand elle s'est trouvée confrontée à l'expulsion des juifs d'Espagne (1492) et à l'émergence de la pensée moderne. […] La Cabale de Rabbi Isaac Louria […] distingue trois temps dans la création.
Tsimtsoum : Retrait. Dieu ne commence pas par se révéler à l'extérieur de lui-même, mais par se retirer de lui-même, en lui-même. Par cet acte, il laisse au vide une place en son sein. Il se retire […], il crée un espace pour le monde à venir. […] Pour se manifester, il aura fallu qu'au préalable il se retire, qu'il laisse place à un néant à partir duquel la création est possible. »
(Marc-Alain Ouaknin, Tsimtsoum, Introduction à la méditation hébraïque, Ed : Albin Michel, 1992, p31)
http://www.idixa.net/Pixa/pagixa-0510101745.html

*

Credo : c’est-à-dire « (J’ai) Confiance » !

Colossiens 1, 12-17 :
« 12 Rendez grâces au Père, qui vous a rendus capables d’avoir part à l’héritage des saints dans la lumière,
13 qui nous a délivrés de la puissance des ténèbres et nous a transportés dans le royaume du Fils de son amour,
14 en qui nous avons la rédemption, la rémission des péchés.
15 Il est l’image du Dieu invisible, le premier-né de toute la création.
16 Car en lui ont été créées toutes les choses qui sont dans les cieux et sur la terre, les visibles et les invisibles, trônes, dignités, dominations, autorités. Tout a été créé par lui et pour lui.
17 Il est avant toutes choses, et toutes choses subsistent en lui. »


Relire le hasard comme étant assumé par un acte créateur, relire le mal qu’habite la création comme étant englouti dans l’aboutissement du projet créateur (Ro 8, 18-22).

- Pantocrator, Père du Christ Pantocrator
L'Apocalypse de Jean mentionne "celui qui était, qui est et qui vient". Cela concerne le règne de Dieu, partagé par le Christ, qui englobe tous les temps, les siècles des siècles. C’est aussi un passage de l’Apocalypse qui fonde d’une façon fort expressive la confession de foi au Dieu Père Tout puissant. Elle y est exprimée de manière très éloquente.

Avant cela, le livre de Daniel, par exemple, livre auquel renvoie l’Apocalypse, nous donne une vision de ce règne éternel dès avant la venue du Christ en chair, règne décrit comme celui d'un fils d'homme, règne reçu auprès de l'Ancien des jours, Dieu.

Alors, rien à voir, semble-t-il, avec la façon dont on voit Dieu dans la faiblesse du Christ dans le Nouveau Testament — « le Tout-Puissant a fait pour moi de grande choses » (Luc 1). De même, par exemple, l'Évangile de Jean nous présentant Jésus face à Pilate ; loin de l'éternité comme dans le Livre de Daniel, il nous parle d'un temps sombre. Il nous parle en quelque sorte du présent, de notre présent, où ce règne éternel est voilé sous la douleur, sous l'humiliation, sous tout ce que l'on confronte d'inhumain de douloureux. Là, Dieu se montre faible. Tout sauf régnant, Tout-puissant. Le voilà en proie à un destin, celui de son Fils, qui apparemment lui échappe. Ici, ce sont les pouvoirs humains, particulièrement en la personne de Pilate, qui sont forts. Ici Dieu est voilé dans le Christ sous son apparente impuissance.

Revenons à l'Apocalypse. Alors apparaît le Jour éternel où ce voile de l'apparence, le voile de la faiblesse du Christ, de la faiblesse de Dieu, est enfin levé. Car "apocalypse" signifie précisément "dévoilement". C'est le dévoilement d'un fait : Dieu règne, par le Christ, lui apparemment faible, il s'avère être en fait, mais de façon cachée hors de ce dévoilement, le Tout-Puissant. Le mot précis est employé à de très nombreuses reprises dans le livre de l'Apocalypse, à commencer par le ch.1, au v.8.

Il n’est donc évidemment pas question de projection narcissique d’un désir de toute-puissance que l’on pourrait s’attribuer ! On ne s’attribue pas la toute puissance divine. César lui même ne peut se l’attribuer ! Elle est d’une nature toute autre.

Le mot grec est Pantocrator, un titre de l'Empereur romain, composé de deux autres mots : le premier mot, pas, pan, panta, selon les cas, qui est ici dans panto, signifie tout, toutes choses, absolument tout, tout ce qui existe, tout ce qu'on peut imaginer. Le second, qui est ici dans crator, signifie la puissance au sens du pouvoir, de la force. C'est ce mot que l'on retrouve dans démocratie, aristocratie, etc.

À l'époque du Nouveau Testament, on n'est ni dans la démocratie, ni même dans l'aristocratie, mais dans l'autocratie de l'Empereur romain, concrètement la dictature d'un Empereur qui prétend avoir pouvoir sur tout, qui se dit Roi de l'Univers, Roi des rois et Seigneur des Seigneurs — c'est aussi un de ses titres. Cet Empereur s'est fait proclamer Dieu, il se veut Sauveur — encore un de ses titres — Sauveur de cet Univers qu'il a conquis par la force. Au plus fort de son sens ce mot signifie : "celui qui soutient tout".

Officiellement, l'Empereur a pouvoir sur tout, il est tout Puissant. Il est Dieu, on lui brûle de l'encens. Et voilà que l'Apocalypse martèle à de nombreuses reprises, que celui qui a pouvoir sur tout, le Tout-puissant, ce n'est pas l'Empereur de Rome, malgré les apparences, mais Dieu le Père du Christ, et le Christ lui-même, cet homme si faible face au représentant de l'Empereur, face à Pilate.

Cette toute-puissance de Dieu est finalement le dernier mot de la Bible face à tous les pouvoirs : dans la ville de la paix, à la fin de l'Apocalypse, au ch. 21, v. 22, on découvre qu'il n'y plus même de Temple, parce que le Tout-puissant (toujours le même mot : pantocrator) — le Tout-puissant lui-même en est le Temple, ainsi que son Fils.

Entre-temps l'Apocalypse nous le dévoile à nouveau comme tel dans la vision du trône céleste (ch. 4, v. 8). Ici le mot pantocrator, tout-puissant, traduit le titre divin du livre d'Ésaïe, Dieu des Armées : « saint, saint, saint est le Seigneur, le Dieu des arméees (célestes) », Sébaoth en hébreu, « le Tout-puissant »", pantocrator, dit l'Apocalypse.

Et on retrouve le même terme au ch. 11, v. 17, pour le jugement des nations. Et encore le même terme au ch. 15, v. 3, dans la louange des martyrs. Puis au ch. 16, v. 14, pour le jugement des faux prophètes. Puis encore au ch. 19, à deux reprises, au v. 6 et au v. 15, pour l'établissement du règne de Dieu et le jugement de toute méchanceté.

Voilà un mot donc, qui pour être absent du reste du Nouveau Testament, n'en a pas moins une signification très importante.

Il est absent lorsque Dieu est caché dans la faiblesse apparente du Christ, mais est abondamment présent, lorsque son véritable pouvoir est enfin dévoilé, selon le sens du mot « apocalypse ».

Et dès lors, on retrouve plus tard ce même mot grec dans le Symbole de Nicée-Constantinople : « nous croyons en Dieu, le Père Tout-Puissant... » Ce mot a été traduit en latin par Omnipotens, terme repris dans le Symbole des Apôtres ; du latin aussi, il donne en français exactement Tout-Puissant.

Ainsi, si nous disons avec les Symboles de la Foi, que nous le croyons, c'est que ce règne de Dieu et du Christ, nous ne le voyons pas : nous le croyons.


R.P.
Une lecture protestante des Credo.

Église réformée de Poitiers.
Catéchisme pour adultes.
2012-2013.
Chaque 3e mardi du mois à 20 h 30.
2) 20 novembre 2012 — Le Père tout-puissant créateur de toutes choses


samedi 10 novembre 2012

Le cycle de Joseph



(Lire Genèse, ch. 37-50)

Rêve de Joseph enfant :

Genèse 37:7 Nous étions à lier des gerbes au milieu des champs ; et voici, ma gerbe se leva et se tint debout, et vos gerbes l’entourèrent et se prosternèrent devant elle.

Puis le pain apparaît lorsque Joseph est en prison et va en sortir — on sait qu’il est en prison pour y avoir été jeté par son maître le soupçonnant d’avoir tenté de coucher avec sa femme. Ce maître qui l’a acheté aux marchands d’esclaves auxquels ses frères l’avaient vendu…

Le pain apparaît donc, dans le cycle de Joseph, au moment du rêve du panetier, emprisonné avec lui…

Genèse 40:16 Le chef des panetiers, voyant que Joseph avait donné une explication favorable (du songe de l’échanson), dit : Voici, il y avait aussi, dans mon songe, trois corbeilles de pain blanc sur ma tête.

On sait que le rêve du panetier est un mauvais présage pour lui… Mais Joseph l’a bien interprété et deviendra conseiller ès-rêves de Pharaon puis, via son intelligence et sa prévoyance, son Premier ministre… Il lui annonce sept années de famine précédées de sept années d’abondance durant lesquelles, conseille-t-il :

Genèse 41:35 Qu’ils rassemblent tous les produits de ces bonnes années qui vont venir ; qu’ils fassent, sous l’autorité de Pharaon, des amas de blé, des approvisionnements dans les villes, et qu’ils en aient la garde.

Genèse 41:49 Joseph amassa du blé, comme le sable de la mer, en quantité si considérable que l’on cessa de compter, parce qu’il n’y avait plus de nombre.

Genèse 41:54-57 Et les sept années de famine commencèrent à venir, ainsi que Joseph l’avait annoncé. Il y eut famine dans tous les pays ; mais dans tout le pays d’Egypte il y avait du pain.
55 Quand tout le pays d’Egypte fut aussi affamé, le peuple cria à Pharaon pour avoir du pain. Pharaon dit à tous les Egyptiens : Allez vers Joseph, et faites ce qu’il vous dira.
56 La famine régnait dans tout le pays. Joseph ouvrit tous les lieux d’approvisionnements, et vendit du blé aux Egyptiens. La famine augmentait dans le pays d’Egypte.
57 Et de tous les pays on arrivait en Egypte, pour acheter du blé auprès de Joseph ; car la famine était forte dans tous les pays.


*

Retour chez Jacob, malheureux de la disparition de son fils Joseph — dont il ignore qu’il a été vendu par ses frères… C’est en plus, à présent, la crise économique : on ira donc en Égypte, où l’on apprend que les greniers sont pleins, chercher à manger…

Genèse 42:1-10 Jacob, voyant qu’il y avait du blé en Egypte, dit à ses fils : Pourquoi vous regardez-vous les uns les autres ?
2 Il dit : Voici, j’apprends qu’il y a du blé en Egypte ; descendez-y, pour nous en acheter là, afin que nous vivions et que nous ne mourions pas.
3 Dix frères de Joseph descendirent en Egypte, pour acheter du blé.
4 Jacob n’envoya point avec eux Benjamin, frère de Joseph, dans la crainte qu’il ne lui arrivât quelque malheur.
5 Les fils d’Israël vinrent pour acheter du blé, au milieu de ceux qui venaient aussi ; car la famine était dans le pays de Canaan.
6 Joseph commandait dans le pays ; c’est lui qui vendait du blé à tout le peuple du pays. Les frères de Joseph vinrent, et se prosternèrent devant lui la face contre terre.
7 Joseph vit ses frères et les reconnut ; mais il feignit d’être un étranger pour eux, il leur parla durement, et leur dit : D’où venez-vous ? Ils répondirent : Du pays de Canaan, pour acheter des vivres.
8 Joseph reconnut ses frères, mais eux ne le reconnurent pas.
9 Joseph se souvint des songes qu’il avait eus à leur sujet, et il leur dit : Vous êtes des espions ; c’est pour observer les lieux faibles du pays que vous êtes venus.
10 Ils lui répondirent : Non, mon seigneur, tes serviteurs sont venus pour acheter du blé.

Genèse 42:19-26 Si vous êtes sincères, que l’un de vos frères reste enfermé dans votre prison ; et vous, partez, emportez du blé pour nourrir vos familles,
20 et amenez-moi votre jeune frère, afin que vos paroles soient éprouvées et que vous ne mouriez point. Et ils firent ainsi.
21 Ils se dirent alors l’un à l’autre : Oui, nous avons été coupables envers notre frère, car nous avons vu l’angoisse de son âme, quand il nous demandait grâce, et nous ne l’avons point écouté ! C’est pour cela que cette affliction nous arrive.
22 Ruben, prenant la parole, leur dit: Ne vous disais-je pas : Ne commettez point un crime envers cet enfant ? Mais vous n’avez point écouté. Et voici, son sang est redemandé.
23 Ils ne savaient pas que Joseph comprenait, car il se servait avec eux d’un interprète.
24 Il s’éloigna d’eux, pour pleurer. Il revint, et leur parla ; puis il prit parmi eux Siméon, et le fit enchaîner sous leurs yeux.
25 Joseph ordonna qu’on remplît de blé leurs sacs, qu’on remît l’argent de chacun dans son sac, et qu’on leur donnât des provisions pour la route. Et l’on fit ainsi.
26 Ils chargèrent le blé sur leurs ânes, et partirent.

Genèse 43:2 Quand ils eurent fini de manger le blé qu’ils avaient apporté d’Egypte, Jacob dit à ses fils : Retournez, achetez-nous un peu de vivres.

Genèse 44:2 Tu mettras aussi ma coupe, la coupe d’argent, à l’entrée du sac du plus jeune, avec l’argent de son blé. L’intendant fit ce que Joseph lui avait ordonné.

Genèse 45:23 Il envoya à son père dix ânes chargés de ce qu’il y avait de meilleur en Egypte, et dix ânesses chargées de blé, de pain et de vivres, pour son père pendant le voyage.

Genèse 47:12-19 Joseph fournit du pain à son père et à ses frères, et à toute la famille de son père, selon le nombre des enfants.
13 Il n’y avait plus de pain dans tout le pays, car la famine était très grande ; le pays d’Egypte et le pays de Canaan languissaient, à cause de la famine.
14 Joseph recueillit tout l’argent qui se trouvait dans le pays d’Egypte et dans le pays de Canaan, contre le blé qu’on achetait ; et il fit entrer cet argent dans la maison de Pharaon.
15 Quand l’argent du pays d’Egypte et du pays de Canaan fut épuisé, tous les Egyptiens vinrent à Joseph, en disant : Donne-nous du pain ! Pourquoi mourrions-nous en ta présence ? car l’argent manque.
16 Joseph dit : Donnez vos troupeaux, et je vous donnerai du pain contre vos troupeaux, si l’argent manque.
17 Ils amenèrent leurs troupeaux à Joseph, et Joseph leur donna du pain contre les chevaux, contre les troupeaux de brebis et de bœufs, et contre les ânes. Il leur fournit ainsi du pain cette année-là contre tous leurs troupeaux.
18 Lorsque cette année fut écoulée, ils vinrent à Joseph l’année suivante, et lui dirent : Nous ne cacherons point à mon seigneur que l’argent est épuisé, et que les troupeaux de bétail ont été amenés à mon seigneur ; il ne reste devant mon seigneur que nos corps et nos terres.
19 Pourquoi mourrions-nous sous tes yeux, nous et nos terres ? Achète-nous avec nos terres contre du pain, et nous appartiendrons à mon seigneur, nous et nos terres. Donne-nous de quoi semer, afin que nous vivions et que nous ne mourions pas, et que nos terres ne soient pas désolées.


On sait que Joseph est bouleversé, qu’il se dévoile et pardonne… « Vous aviez médité de me faire du mal: Dieu l’a changé en bien », dit-il à ses frères…

Genèse 50, 15-20 : Quand les frères de Joseph virent que leur père était mort, ils dirent: Si Joseph nous prenait en haine, et nous rendait tout le mal que nous lui avons fait!
16 Et ils firent dire à Joseph: Ton père a donné cet ordre avant de mourir:
17 Vous parlerez ainsi à Joseph: Oh! pardonne le crime de tes frères et leur péché, car ils t’ont fait du mal! Pardonne maintenant le péché des serviteurs du Dieu de ton père! Joseph pleura, en entendant ces paroles.
18 Ses frères vinrent eux-mêmes se prosterner devant lui, et ils dirent: Nous sommes tes serviteurs.
19 Joseph leur dit: Soyez sans crainte; car suis-je à la place de Dieu?
20 Vous aviez médité de me faire du mal: Dieu l’a changé en bien, pour accomplir ce qui arrive aujourd’hui, pour sauver la vie à un peuple nombreux.

Le blé, alors, apparaît ici lors de la famine qui a conduit le peuple en Égypte où les greniers sont pleins — un exil comme prix du péché ; avoir vendu Joseph qui, lui, sait faire fructifier le blé. Au prix du pardon… — « Vous aviez médité de me faire du mal: Dieu l’a changé en bien » —, et comme signe du pardon — « L’Éternel répond, il dit à son peuple : Voici, je vous enverrai du blé, Du moût et de l’huile, Et vous en serez rassasiés ; Et je ne vous livrerai plus à l’opprobre parmi les nations. » (Joël 2:19)

RP

Annexes :

1) Joseph, l'homme du pardon.
Mais avant d'être l'homme du pardon, que de chemin pour le petit dernier de Jacob (ensuite avant-dernier)… C'est que son père l'aimait bien le petit Joseph, le fils de sa bien-aimée. Alors il l’a gâté. Et ses frères en étaient jaloux. Eux, ont eu une autre éducation, à la dure. Et voilà celui-ci à qui on les passe toutes…

Pas étonnant qu'il ne se sente plus tout à fait, et qu'il ait des rêves de gloire, car Joseph fait des rêves de gloire, où il surpasse tous ses frères. À force, Joseph agace, suscite les jalousies. C'est vrai que Joseph est doué, mais il le sait un peu trop, pensent ses frères, son père pourrait lui apprendre la modestie. Oui, apparemment, il a tous les dons, jusqu'au charme, ce charme qui émoustille les dames et auquel succombera Mme Putiphar, épouse de son propriétaire.

*

Car ses frères jaloux s’en sont débarrassés en le vendant comme esclave. Il n'y aura rien de gratuit dans le pardon, rien qui soit dû par Joseph à ses frères. Son pardon est d'un prix considérable, pour Joseph, et d'ailleurs finalement aussi pour ses frères ; pour eux, le prix de l'humiliation finale.

Pour Joseph, le pardon a coûté l'exil, la perte de son père pendant plusieurs années, avec ce que cela peut supposer de troubles psychologiques, de cauchemars, d'amertume, de blessures, peut-être insurmontables pour l'adolescent qu'il était — sans compter les blessures de son père aussi. Mais à travers tout cela, détail important, Joseph n'a jamais succombé à la tentation de tout envoyer par dessus bord et de transgresser la Loi de Dieu. Contrairement à ses frères amers à cause de leur jalousie, lui n'est pas devenu un criminel pour autant. La différence est de taille.

Il n'a même pas voulu user malhonnêtement de ses dons, comme de son charme, pour réussir plus vite. Il aurait pu essayer, se donnant à lui-même la propre excuse de son malheur. Les occasions n'ont pas manqué. Pensons à la belle Mme Putiphar, l’épouse de l’homme à qui il a été vendu comme esclave — par suite des manœuvres de ses frères, Mme Putiphar qui se met à le désirer.

Pourquoi ne pas succomber devant ses avances — secrètement, pour le pas humilier publiquement son maître Putiphar —, ou aussi, pourquoi ne pas manœuvrer avec elle contre Putiphar, et par exemple, à terme, prendre sa place ? Mais le malheur ne fait pas de Joseph un pécheur. Contrairement à ses frères, le sentiment de l'injustice ne le conduit pas à transgresser la Loi de Dieu. Pourtant Joseph est devenu ce que la méchanceté de ses frères a contribué à faire de lui. Le soleil n'aura pour lui plus jamais la clarté et la pureté du temps de l'innocence et de la naïveté qui le faisait roucouler et faire le paon avec sa jolie tunique ; cette naïveté qu'ont définitivement brisée ceux qui ont voulu l'opprimer, le détruire, y compris parmi ceux-là, ceux qui, soi-disant, n'ont pas fait exprès, n'ont pas osé s'opposer à l'avis des plus forts, etc.

Le pardon coûte toutes ces blessures. Et le prix du pardon ne disparaît pas avec l'octroi du pardon. De même la capacité pour Joseph d'accorder le pardon n'est pas en ce que le temps aurait rendu ce pardon plus facile. Il peut au contraire l'avoir rendu plus difficile : les frères de Joseph lui ont aussi appris la rancune, ce sentiment qui lui était auparavant étranger.

Pensons à la façon dont il leur fait faire des allers-retours agrémentés de pièges et d'épreuves entre l’Égypte et Canaan avant de se dévoiler à eux. Il n'y a pas que de la méfiance dans son attitude.

Dans ce prince d’Égypte, les frères de Joseph ne retrouvent pas le petit adolescent innocent qu'ils avaient vendu, antan, aux caravaniers arabes. Ils retrouvent un homme marqué par la vie, au point qu'ils ne le reconnaissent pas. Le gâchis est là, et bien là.

Mais Joseph a compris que c'est à travers la douleur que Dieu conduit le monde. Et le prix que coûte à Joseph son pardon, il comprend qu'il ressemble au prix qu'il coûte pour Dieu aussi. Son peuple, élu pour porter son Nom au monde, qui se comporte ainsi ! Onze des douze pères du peuple ! (Dix en fait puisque Benjamin, le petit, n'est pas dans le coup.)

Dieu pourrait les écarter… Mais pour les remplacer par quoi, par qui ? Et Joseph déjà avait compris cela, endurci par ses épreuves, marqué par l'amertume : Dieu ne trouvera pas de quoi remplacer ceux qu'il a envoyés et qui soient meilleurs. L’histoire le prouvera - Joseph le sait déjà. C'est pourquoi il pardonne, épuisé par l'épreuve, lassé par l'hypocrisie de ses frères, qui ne trouvent qu'à invoquer le souvenir de ce vieux père qu'ils ont privé de voir grandir son fils.

Mais au temps qu'il est, la légitime colère de Joseph est tarie, il est lassé, et alors, alors seulement, Dieu peut le convaincre. Il constate à présent que c'est le bras de Dieu pourvoyant au salut de son peuple qui se dessine derrière ses malheurs et sa douleur, un Dieu aussi douloureux que lui.

*

Le pardon a coûté cher à Joseph. Ses frères le comprennent bien. Aussi, s'ils l'implorent, certes, ils ne sauraient exiger le pardon. Et eux aussi, même s'ils ne comprennent que ça, que le prix de leur honte, le pardon de leur frère leur a coûté.

On en a fait du chemin, depuis le jour où on était fier, où on pavoisait, sûr de son élection de fils de Jacob. Et où on était irrité et jaloux des dons du petit à la jolie tunique. Oh, oui certes, ses rêves étaient irritants comme ceux d'un enfant trop sûr de lui, trop gâté par son père. On est loin du temps de ce qu'on jugeait comme autant d'irritantes vantardises d'enfant. Que de chemin des rêves d'avenir de l'enfant à leur réalisation.

Et que de honte à présent. Les voilà à la merci de l'enfant qu'ils ont méprisé. Les voilà qui ont contraint leur père à une vieillesse de douleur. Joseph, lui, en pleure. Et les voilà à genoux, misérables, réfugiés économiques, à la merci du châtiment de ce prince d'Égypte.

*

C'est pour avoir perçu cette exigence de Dieu seul que Joseph a pardonné à ses frères : suis-je à la place de Dieu ? "Vous aviez formé le projet de me faire du mal, Dieu l'a transformé en bien" (Gn 50, 19-20).

*


2) Sur Joseph et Mme Putiphar

Genèse ch. 39, v. 1- 20 (TOB) :
1 Joseph étant descendu en Egypte, Potiphar, eunuque du Pharaon, le grand sommelier, un Egyptien, l'acquit des mains des Ismaélites qui l'y avaient amené.
2 Le Seigneur fut avec Joseph qui s'avéra un homme efficace. Il fut à demeure chez son maître l'Egyptien.
3 Celui-ci vit que le Seigneur était avec lui et qu'il faisait réussir entre ses mains tout ce qu'il entreprenait.
4 Joseph trouva grâce aux yeux de son maître qui l'attacha à son service. Il le prit pour majordome et lui mit tous ses biens entre les mains.
5 Or, dès qu'il l'eut préposé à sa maison et à tous ses biens, le Seigneur bénit la maison de l'Egyptien à cause de Joseph ; la bénédiction du Seigneur s'étendit à tous ses biens, dans sa maison comme dans ses champs.
6 Il laissa alors tous ses biens entre les mains de Joseph et, l'ayant près de lui, il ne s'occupait plus de rien sinon de la nourriture qu'il mangeait. Or Joseph était beau à voir et à regarder
7 et, après ces événements, la femme de son maître leva les yeux sur lui et lui dit : « Couche avec moi. »
8 Mais il refusa et dit à la femme de son maître : « Voici que mon maître m'a près de lui et ne s'occupe plus de rien dans la maison. Il a remis tous ses biens entre mes mains.
9 Dans cette maison même, il ne m'est pas supérieur et ne m'a privé de rien sinon de toi qui es sa femme. Comment pourrais-je commettre un si grand mal et pécher contre Dieu ? »
10 Chaque jour, elle parlait à Joseph de se coucher à côté d'elle et de s'unir à elle, mais il ne l'écoutait pas.
11 Or, le jour où il vint à la maison pour remplir son office sans qu'il s'y trouve aucun domestique,
12 elle le saisit par son vêtement en disant : « Couche avec moi ! » Il lui laissa son vêtement dans la main, prit la fuite et sortit de la maison.
13 Quand elle vit entre ses mains le vêtement qu'il lui avait laissé en s'enfuyant au-dehors,
14 elle appela ses domestiques et leur dit : « Ça ! On nous a amené un Hébreu pour s'amuser de nous ! Il est venu à moi pour coucher avec moi et j'ai appelé à grands cris.
15 Alors, dès qu'il m'a entendue élever la voix et appeler, il a laissé son vêtement à côté de moi, s'est enfui et est sorti de la maison. »
16 Elle déposa le vêtement de Joseph à côté d'elle jusqu'à ce que son mari revienne chez lui.
17 Elle lui tint le même langage en disant : « Il est venu à moi pour s'amuser de moi, cet esclave hébreu que tu nous as amené.
18 Dès que j'ai élevé la voix et appelé, il a laissé son vêtement à côté de moi et s'est enfui au-dehors. »
19 Quand le maître entendit ce que lui disait sa femme — « Voilà de quelle manière ton esclave a agi envers moi » —, il s'enflamma de colère.
20 Il fit saisir Joseph pour le mettre en forteresse, lieu de détention pour les prisonniers du roi.


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L’épisode, dans un premier temps, ne vise en gros qu’à souligner que c’est malgré sa loyauté que Joseph se retrouvera emprisonné suite à la colère d’un maître ne considérant que la preuve que lui apporte sa femme, désormais animée d’un désir de vengeance envers l’esclave qui l’a éconduite, et qui ne correspond manifestement pas à celui de son rêve érotique. Preuve irréfutable donné à son mari du désir qu’elle a projeté et a attribué à Joseph : il a oublié sa chemise…

Très tôt le thème a retenu les développements de toute une tradition concernant le désir de la dame. Ce dès les commentaires juifs. C’est cela que reprend l’islam, et notamment les courants qui ont développé la mystique amoureuse et la réflexion sur la mystique amoureuse.

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Un connaisseur du soufisme, Christian Jambet, explique un roman que développe en persan à partir du thème de Yusûf et Zoleikhâ le mystique Abd Ar-Rahmân Jâmî au XVème siècle (cf. (Christian Jambet, Le caché et l’apparent, Paris, L’Herne, 2003, p. 101-122).

Zoleikhâ bénéficie des faveurs d’un homme brillant, le Putiphar de la Bible, qui peut même lui payer le luxe de l’achat d’esclaves, dont le bel adolescent Joseph — Yusûf dans le monde arabe. Esclave, Yusûf ne brille pas par son statut, contrairement au mari de Zoleikhâ ! Zoleikhâ veut autre chose : de meilleurs gènes pressentis peut-être, un désir de nouveauté, voire de vigueur, admettons, en alternative à un mari chez qui l’âge et la lassitude rendent « la sauterelle pesante et la câpre laborieuse » (pour le dire dans les termes de l’Ecclésiaste — ch. 11) — écho de la Bible présentant Putiphar comme un eunuque (Gn 39, v. 1) ?…

On sait que ce que demande Zoleikhâ à Yusûf correspond à un service qui était parfois demandé aux esclaves ; et que Joseph, dans la Bible, refuse par loyauté, mais aussi, ne se sentant pas esclave, par un sens aigu de sa dignité — conviction récurrente dans le cycle biblique le concernant.

Mais rien de tout cela dans le mythe musulman que développe Abd Ar-Rahmân Jâmî. Ici c’est en songe que Yusûf est apparu à Zoleikhâ, bien avant qu’il ne soit vendu comme esclave par ses frères. C’est en songe qu’il se présente alors à elle comme Premier ministre, ce qu’il deviendra, selon la Bible, mais bien plus tard. C’est sur la base de cette confusion onirique que Zoleikhâ épouse son mari Putiphar, alors effectivement Premier ministre. On reconnaît dans ces confusions oniriques, une thématique proche de celle de Tristan et Iseult. Où l’on retrouve le désir d’un autre rêvé, ne correspondant évidemment pas à l’être réel.

Comme pour les amants celtiques Tristan et Iseult, l’amour pour le beau jeune homme, Yusûf, a un fondement dans l’éternité que sa beauté signifie avant qu’elle ne soit enfouie dans — j’allais dire — le lieu corporel qu’illustre sa descente dans la fameuse fosse où le déposent ses frères et qui annonce ses enfouissements ultérieurs dans l’esclavage et la prison.

C’est ce signe d’éternité préalable qu’a perçu Zoleikhâ : un signe d’éternité pointé par la beauté. Et sachant que le Premier ministre qu’elle a épousé n’est pas le bel adolescent de son rêve prophétique, elle commence à dépérir : « sa beauté se fane, son âme tombe dans le désespoir, elle maigrit, sa taille est près de se briser », écrit Christian Jambet (p. 105). Bref, elle vieillit.

Où l’on perçoit bien, ici, l’insuffisance de la lecture triviale qui lui ferait préférer le jeune Yusûf à un mari vieillissant. C’est sa beauté à elle qui s’estompe, pour une raison qu’ignore évidemment son raisonnable de mari (qui n’a donc, lui, aucune raison de perdre sa santé) ; sa beauté s’estompe parce qu’elle a perdu la source de cette beauté telle qu’elle en a eu la vision en songe : Yusûf comme fontaine de jouvence, et signe de Dieu.

Voilà qui nous transporte vers d’autres interprétations possibles du pouvoir de fascination des jeunes naïades et autres éphèbes publicitaires et télévisés. Fascination comme fruit d’une nostalgie d’une Beauté idéelle demeurée au ciel des Idées et perdue aux corps des naïades et des Joseph qui déjà donnent les signes du flétrissement annonciateur des maisons de retraite. Le beau fruit en plein mûrissement… Destin d’un fruit : il mûrit, pourrit et tombe.

« Zoleikhâ retrouve sa beauté, sa jeunesse, sa joie de vivre, au moment précis où elle pense succomber à la mort », nous dit Christian Jambet (p. 105), qui poursuit : « En l’union extatique, elle s’identifie à Joseph […]. On ne sait plus qui est Joseph, qui est Zoleikhâ, comme si c’était Joseph qui se sauvait lui-même dans l’épreuve de Zoleikhâ, et dans l’identité d’amour de l’amante et de l’aimé ».

Où l’on rejoint le soufi andalou du XIIème siècle, Ibn ‘Arabi de Murcie (1165-1240), musulman espagnol qui dans la lignée des fidèles d’Amour proclame qu’ « avant que le monde soit, Dieu est l’Amour, l’Amant et l’Aimé. » Mais qui a saisi ce dévoilement, dont la beauté de la jeunesse est le signe, ne s’arrêtera pas au fruit mûrissant, pourrissant déjà, qui en a recueilli les traces. La résurrection de Zoleikhâ n’est évidemment pas sans le dépouillement de ses oripeaux corporels.

La nostalgie de la splendeur perdue dont Joseph donnait le signe et dont le temps de l’oubli avait trempé ses oripeaux alors nouveaux, illustrés par sa chemise abandonnée, a vu cette chemise dégoûter lentement de la Beauté qui l’imprégnait antan, la constituait. Pour qui s’attache à la chemise, les lendemains déchantent, déchanteront toujours, accompagnant l’amer désir de capturer l’autre, de lui imposer mainmise.


RP
Le pain dans la Bible.

Église réformée de Poitiers.
Étude biblique 2012-2013.
Chaque 2e mardi du mois à 14 h 30.
& chaque jeudi qui suit le 2e mardi à 20 h 30.
2) 13 & 15 novembre 2012 — Le cycle de Joseph – Genèse 41 sq. (blé et pardon)