lundi 24 décembre 2012

Noël, le mythe devenu Fait !



Un chrétien anglican du XXe siècle, C.S. Lewis, l’auteur de Narnia, a écrit un livre qui s'appelle « Le Mythe devenu Fait ». Il y explique qu’à Noël, les mythes, les légendes des peuples, deviennent réalité. Qu’est qu’un mythe ? — C’est une histoire imaginaire qui porte des vérités. Le mythe de Noël le plus connu est celui du Père Noël. Qu’est-ce qu’il dit ce mythe ? — Qu’il est possible de donner secrètement et gratuitement, par amour.

Le mythe est devenu réalité à Noël : « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne meure pas, mais qu’il ait la vie éternelle » (Jean 3, 16). C’est le grand cadeau de Noël. Dans la nuit de notre hiver — pensons à l’hiver perpétuel du mythe de Narniadescend celui qui est la lumière du monde.

Un chrétien célèbre qui vivait aux IV-Ve siècles — il s’appelait Augustin, plus connu comme saint Augustin — connaissait bien les livres d’un ancien auteur de nombreux mythes.

Voici ce qu’écrit Augustin — Confessions, livre VII, ch. 9 — : « Dans plusieurs des livres des disciples de Platon — c’est lui, auteur de mythes célèbres, dont il s’agit —, j’ai lu, non en propres termes, […] "qu’au commencement était la Parole ; que la Parole était en Dieu, et que la Parole était Dieu ; qu’elle était au commencement en Dieu, que tout a été fait par elle et rien sans elle : que ce qui a été fait a vie en elle ; que la vie est la lumière, des hommes, que cette lumière luit dans les ténèbres, et que les ténèbres ne l’ont point comprise." Et que l’âme de l’homme, "tout en rendant témoignage de la lumière, n’est pas elle-même la lumière, mais que la Parole de Dieu, Dieu lui-même, est la vraie lumière qui éclaire tout homme venant en ce monde ;" et "qu’elle était dans le monde, et que le monde a été fait par elle, et que le monde ne l’a point connue. Mais qu’elle soit venu chez elle, que les siens ne l’aient pas reçue, et qu’à ceux qui l’ont reçue elle ait donné le pouvoir d’être faits enfants de Dieu, à ceux-là qui croient en son nom ;" c’est ce que je n’ai pas lu dans ces livres. J’y ai lu encore : "Que la Parole-Dieu est née non de la chair, ni du sang, ni de la volonté de l’homme, ni de la volonté de la chair ; qu’elle est née de Dieu." Mais "que la Parole se soit faite chair, et qu’elle ait habité parmi nous (Jean, I, 1-14)," c’est ce que je n’y ai pas lu. »

À présent, en Jésus, à Noël, le mythe est devenu fait.

Le même Augustin pourra alors dire : « Dieu est plus proche de moi que je ne suis proche de moi-même. » Dieu est très proche de nous, nous sommes loin de lui. Alors il s’est approché de nous : c’est Noël. C’est pour dire cela que nous écoutons des contes à Noël : parce qu’à Noël, les mythes, légendes et contes sont devenus faits.

RP,
Veillée de Noël
Poitiers, 24.12.12

lundi 17 décembre 2012

Noël


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Je crois en Jésus-Christ, son Fils unique, notre Seigneur, qui a été conçu du Saint-Esprit, et qui est né de la Vierge Marie.

Nous croyons en un seul Seigneur Jésus-Christ, le Fils unique de Dieu, engendré du Père avant tous les siècles, lumière de lumière, vrai Dieu de vrai Dieu, engendré, non créé, consubstantiel au Père, par qui tout a été fait. Pour nous, les hommes, et pour notre salut, il est descendu des cieux ; par le Saint-Esprit il s'est incarné de la Vierge Marie, et s'est fait homme.


*

La venue du Fils de Dieu à Noël comme seul Seigneur, Fils unique de Dieu conçu du Saint-Esprit, né de la Vierge Marie s’inscrit dans la perspective de la Résurrection relue :

Romains 1, 4 : « Déclaré Fils de Dieu avec puissance, selon l’Esprit de sainteté, par sa résurrection d’entre les morts, Jésus-Christ notre Seigneur ».
Colossiens 1, 15-16 : « Il est l’image du Dieu invisible, le premier-né de toute la création. Car en lui ont été créées toutes les choses qui sont dans les cieux et sur la terre ».

Relire la résurrection comme filiation divine et la percevoir comme la réalité de Noël suppose la comprendre comme accession à l’éternité, qui — par définition, peut-on dire — précède le temps. La filiation divine de Jésus proclamée par sa résurrection est donc une filiation éternelle — avant tous les siècles — et manifestée dans le temps à sa naissance.

Le Ressuscité ne peut être retenu par la mort, signe de ce qu’il est de l’éternité, et c’est lui qui vient dans le temps, dans la chair — Incarnation —, à Noël.

Où la foi du dimanche de Pâques rejoint la tradition philosophique pharisienne, proche de la tradition perse induisant de la nature humaine l’immortalité comme résurrection, l’âme étant alors comme la structure de la nature corporelle de l’homme — corps naturel et corps « spirituel ». Une approche distincte à la fois de l’idée de l’immortalité désincarnée de l’âme et de sa mortalité.

L’homme est un être de corps, de sens, et sa nature entière est assumée éternellement. Enseignement scellé pour la foi des disciples au dimanche de Pâques dans la résurrection du Christ, « proclamé Fils de Dieu par sa résurrection d’entre les morts ».


Fils unique du Père

La foi à l’unicité de la filiation du Christ rattachée à sa résurrection comme premier-né d’entre les morts, premier-né de toute la création (Col 1, 15) — renvoie aussi à la perception d’une spécificité de la relation de Jésus et du Père.

Une conscience particulière de Jésus quant à sa relation avec le Père est perceptible selon le Nouveau Testament. La façon dont Jésus s’adresse au Père dans les Évangiles et dont on a l’écho dans l’Église du Nouveau Testament est remarquable : « Abba », « Mon Père », précisément « Papa », qui se retrouve dans le Notre Père part d’un vécu particulier de la spiritualité juive qui est celle de Jésus.

Cf. les sources juives du Notre Père (cit. ci-dessous d’après Cahier Evangile n°68, Notre Père) :

Notre Père qui es aux cieux
Fais-nous revenir, notre Père, à ta Torah... Pardonne-nous, notre Père...
(5ème et 6ème bénédictions);
Tu as eu pitié de nous, notre Père, notre Roi...
Notre Père, Père de miséricorde, le Miséricordieux, aie pitié de nous !
(2ème prière avant le Shema : « Ahavah rabbah »).
Que les prières et supplications de tout Israël soient accueillies par leur Père qui est aux cieux
(Qaddish).

Que ton Nom soit sanctifié
Tu es Saint, et ton Nom est saint, et les saints chaque jour te loueront. Béni es-tu, Seigneur, le Dieu saint ! Nous sanctifierons ton Nom dans le monde, comme on le sanctifie dans les hauteurs célestes
(3ème bénédiction).
Que soit magnifié et sanctifié son grand Nom dans le monde qu’il a créé selon sa volonté
(Qaddish).

Que ton Règne vienne
Qu’il établisse son règne de votre vivant, et de vos jours et du vivant de toute la maison d’Israël, bientôt et dans un temps proche
(Qaddish).
De ton Lieu, notre Roi, resplendis et règne sur nous, car nous attendons que tu règnes à Sion
(3ème bénédiction du Shabbat.).
Rétablis nos Juges… et règne sur nous, Toi seul Seigneur, avec amour et miséricorde... Béni es-tu, Seigneur, Roi, qui aime la justice et le droit
(llème bénédiction).

Que ta Volonté soit faite sur la terre comme au Ciel
Telle puisse être ta volonté, Seigneur... de guider nos pas en ta Torah et de nous attacher à tes commandements
(Prière du matin).

Notre pain quotidien, donne-le nous aujourd’hui
Tu nourris les vivants par amour, tu ressuscites les morts par grande miséricorde, tu soutiens ceux qui tombent, tu guéris les malades et délivres les captifs. Qui est comme toi, Maître des puissances ?
(2ème bénédiction).
Bénis pour nous, Seigneur notre Dieu, cette année et toutes ses récoltes, pour le bien. Rassasie-nous de ta bonté
(9ème bénédiction).

Et remets-nous nos dettes comme nous avons remis à nos débiteurs
Pardonne-nous, notre Père, car nous avons péché; fais-nous grâce, notre Roi, car nous avons failli, car tu es celui qui fait grâce et pardonne. Béni es-tu, Seigneur, qui fais grâce et multiplie le pardon
(6ème bénédiction).
Pardonne-nous nos péchés comme nous les pardonnons à tous ceux qui nous on fait souffrir
(Liturgie du Yom Kippour).

Ne nous fais pas entrer en tentation
Ne nous livre pas au pouvoir du péché, de la transgression, de la faute, de la tentation ni de la honte. Ne laisse pas dominer en nous le penchant du mal.
(Prière du matin).

Délivre-nous du mal
Vois notre misère et mène notre combat. Délivre-nous sans tarder à cause de ton Nom, car tu es le Libérateur puissant. Béni es-tu, Seigneur, Libérateur d’Israël
(7ème bénédiction).

Deux autres prières anciennes où Dieu est invoqué comme Père d’Israël. Dans ces prières de la liturgie synagogale donc communautaire et non individuelle, Dieu est nommé « roi » et « père » :

Notre Père ! notre Roi !
A cause de nos pères qui ont eu confiance en toi et à qui tu as enseigné les lois de la vie, aie pitié de nous et enseigne-nous. Notre Père ! Père de miséricorde, le Miséricordieux ! Aie pitié de nous !
(Prière Ahavah rabba, antérieure à l’époque du Christ.)

Notre Père ! notre Roi !
Nous n’avons pas d’autre Roi que toi, notre Père, notre Roi, à cause de toi-même, aie pitié de nous.
(Invocation de la litanie pour le Nouvel An, 1er siècle de l’ère chrétienne.)

*

Le vécu de la prière juive par Jésus, et sa spécificité — la force et l’intimité particulières de sa relation avec le Père —, cela a fait pour la foi des disciples écho avec sa résurrection au dimanche de Pâques.

*

On a là les éléments du Prologue de Jean, qui composent les credo, et notamment le développement de Nicée-Constantinople : « engendré du Père avant tous les siècles, lumière de lumière, vrai Dieu de vrai Dieu, engendré, non créé, consubstantiel au Père, par qui tout a été fait. Pour nous, les hommes, et pour notre salut, il est descendu des cieux ; par le Saint-Esprit il s'est incarné de la Vierge Marie, et s'est fait homme » :

Jean 1, 1-18
1 Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu.
2 Elle était au commencement avec Dieu.
3 Toutes choses ont été faites par elle, et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans elle.
4 En elle était la vie, et la vie était la lumière des hommes.
5 La lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont point reçue.
6 Il y eut un homme envoyé de Dieu : son nom était Jean.
7 Il vint pour servir de témoin, pour rendre témoignage à la lumière, afin que tous crussent par lui.
8 Il n’était pas la lumière, mais il parut pour rendre témoignage à la lumière.
9 Cette lumière était la véritable lumière, qui, en venant dans le monde, éclaire tout homme.
10 Elle était dans le monde, et le monde a été fait par elle, et le monde ne l’a point connue.
11 Elle est venue chez les siens, et les siens ne l’ont point reçue.
12 Mais à tous ceux qui l’ont reçue, à ceux qui croient en son nom, elle a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu,
13 (1-12) lesquels sont nés, (1-13) non du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu.
14 Et la parole a été faite chair, et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité ; et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme la gloire du Fils unique venu du Père.
15 Jean lui a rendu témoignage, et s’est écrié : C’est celui dont j’ai dit : Celui qui vient après moi m’a précédé, car il était avant moi.
16 Et nous avons tous reçu de sa plénitude, et grâce pour grâce ;
17 car la loi a été donnée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ.
18 Personne n’a jamais vu Dieu ; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, est celui qui l’a fait connaître.

La « consubstantialité » (même « substance », ou plus exactement même « essence » que le Père) transparaît du v. 1.

Sa participation de la lumière créatrice originelle, « lumière de lumière » — y fait écho au récit de la création — « au commencement ».

Une parole — « près de toi, dans ta bouche et dans ton cœur » (Deut 30:14 ; Ro 10:8) — dévoilée comme « plus proche de nous que notre propre intimité » (Augustin) dans l’Incarnation : la parole est devenue chair (v. 14), chose qui, comme pour ceux qui en naîtront, s’accomplit « sans la volonté du sang, de la chair et de l’homme » (v. 13) : « conçu du Saint-Esprit, né de la Vierge Marie » trouve là son enracinement, en-deçà des récits de Matthieu et Luc, qui inscrivent cet enseignement théologique dans le temps du récit — Matthieu et Luc sont un peu à Jean ce que Genèse 2 est à Genèse 1 concernant la création de l’homme. Et ici les anges deviennent témoins. Ce qui se passe là leur est supérieur — « d’autant supérieur aux anges qu’il a hérité d’un nom plus excellent que le leur » (Hé 1, 4). Ici, c’est le principe de la création qui est déployé dans le temps : on est au cœur de l’enseignement de Noël…


R.P.
Une lecture protestante des Credo.

Église réformée de Poitiers.
Catéchisme pour adultes.
2012-2013.
Chaque 3e mardi du mois à 20 h 30.
3) 18 décembre 2012 — Noël


mardi 11 décembre 2012

Scindés, du pareil au même... ou à l'autre



« Premièrement, il y avait trois catégories d'êtres humains et non pas deux comme maintenant, à savoir le mâle et la femelle. Mais il en existait encore une troisième qui participait des deux autres, dont le nom subsiste aujourd'hui, mais qui, elle, a disparu. En ce temps-là en effet il y avait l'androgyne, un genre distinct qui, pour le nom comme pour la forme, faisait la synthèse des deux autres, le mâle et la femelle. Aujourd'hui, cette catégorie n'existe plus […].

Deuxièmement, la forme de chaque être humain était celle d'une boule, avec un dos et des flancs arrondis. Chacun avait quatre mains, un nombre de jambes égal à celui des mains, deux visages sur un cou rond avec, au-dessus de ces deux visages en tout point pareils et situés à l'opposé l'un de l'autre, une tête unique pourvue de quatre oreilles. En outre, chacun avait deux sexes et tout le reste à l'avenant […].

Suite à leur prétention de concurrencer les dieux, « Zeus coupa les humains en deux, ou comme on coupe les oeufs avec un crin.

« Chacun d'entre nous est donc la moitié complémentaire d'un être humain, puisqu'il a été coupé, à la façon des soles, un seul être en produisant deux ; sans cesse donc chacun est en quête de sa moitié complémentaire. Aussi tous ceux des mâles qui sont une coupure de ce composé qui était alors appelé "androgyne" recherchent-ils l'amour des femmes et c'est de cette espèce que proviennent la plupart des maris qui trompent leur femme, et pareillement toutes les femmes qui recherchent l'amour des hommes et qui trompent leur mari. En revanche, toutes les femmes qui sont une coupure de femme ne prêtent pas la moindre attention aux hommes ; au contraire, c'est plutôt vers les femmes qu'elles sont tournées, et c'est de cette espèce que proviennent les lesbiennes. Tous ceux enfin qui sont une coupure de mâle recherchent aussi l'amour des mâles.

« Les mâles de cette espèce sont les seuls […] qui, parvenus à maturité, s'engagent dans la politique. Lorsqu'ils sont devenus des hommes faits, ce sont de jeunes garçons qu'ils aiment et ils ne s'intéressent guère par nature au mariage et à la procréation d'enfants, mais la règle les y contraint ; ils trouveraient plutôt leur compte dans le fait de passer leur vie en célibataires, côte à côte, en renonçant au mariage. Ainsi donc, de manière générale, un homme de ce genre cherche à trouver un jeune garçon pour amant et il chérit son amant, parce que dans tous les cas il cherche à s'attacher à ce qui lui est apparenté. »
(Platon, Le Banquet, 190b – 193e : discours d'Aristophane.)




« Dieu créa les humains à son image : il les créa à l'image de Dieu ; homme et femme il les créa. Dieu les bénit en disant : Soyez féconds et multipliez-vous » (Genèse 1, 27-28).

*

On le voit, on ne peut soupçonner Platon d' "homophobie" ! Ce qui ne l'empêche pas de considérer le mariage (qu'il juge inférieur) comme ne concernant que les moitiés homme-femme en vue de la procréation (*)…

Rien, que de très classique, et que l'on retrouve dans la Genèse, où la procréation apparaît comme fruit de la bénédiction du couple.

Cela est en arrière-plan du fait que l'Eglise ancienne ne jugera pas nécessaire de procéder à des mariages, se contentant de reconnaître les mariages civils, ceux de la cité, juive ou romaine…

Ces mêmes mariages seront couverts d'une bénédiction ecclésiale, hors édifice religieux, à partir du Ve siècle, le couple couvert d'un voile (pratique demeurée en vigueur jusqu'au début de l'ère moderne en Occident).

Lorsque l'Eglise médiévale prend le pouvoir civil, elle procède en conséquence elle-même à des mariages (XIe-XIIe s.), bientôt suivie par la synagogue (premiers mariages religieux juifs : XIVe s.), puis, après qu'elles aient tenté d'abord d’abandonner cela, par les Eglises de la Réforme…

Il n'en demeure pas moins que le mariage est d'abord une affaire strictement civile, concernant la procréation, et indépendante du mythe platonicien… qui reprendra du service via la tradition courtoise, et jusque dans le romantisme, avec cette réserve qu'il ne concerne alors que les couples homme-femme… Et le mythe finit par investir la conception moderne du mariage - "romantique"…


(*) "De quelque façon qu’on veuille envisager les plaisirs de l’amour […], il paraît certain que la nature les a attachés à cette union des deux sexes qui a pour fin la génération ; et que toute autre union des mâles avec les mâles, ou des femelles avec les femelles, est un attentat contre la nature que l’excès de l’intempérance a pu seul inventer." (Platon, Les lois I, 33)
"J’ai dit moi-même que j’avais un moyen pour faire passer la loi qui oblige les citoyens à se conformer à la nature dans l’union des deux sexes destinée à la génération, qui interdit aux mâles tout commerce avec les mâles, leur défend de détruire de dessein prémédité l’espèce humaine, et de jeter parmi les pierres et les rochers une semence qui ne peut y prendre racine et recevoir son développement naturel, qui pareillement interdit avec les femmes tout commerce qui ne remplirait pas la fin de la nature ; et si cette loi devient jamais aussi universelle, aussi puissante par rapport aux autres commerces illicites qu’elle l’est aujourd’hui par rapport à celui des parents avec leurs enfans, si elle vient à bout de les empêcher entièrement, elle produira une infinité de bons effets ; car en premier lieu elle est conforme à la nature ; de plus elle délivre les hommes de cette rage, de ces fureurs qui accompagnent l’amour ; elle arrête tous les adultères […] : elle établit la concorde et l’amitié dans les mariages, et procure mille autres biens à quiconque peut être assez maître de soi-même pour l’observer." (Ibid. VIII, 116-117)

<a href="http://rolpoup0.blogspot.fr/2012/12/englouti-entre-romantisme-et-societe.html" target="_blank">Avant qu'il ne recouvre</a>, récemment, son intégralité platonicienne !&#8230; <br /> <br /> &#8230; À cette différence près, que contrairement à ce qu'en concevait Platon, le mariage finit par ne plus être induit de la procréation et par être revendiqué pour des attachements entre personnes de même sexe&#8230;<br /> <br /> <br /> <br /> Quelques textes sur le sujet en débat actuellement :<br /> <br /> <a href="http://www.protestants.org/index.php?id=23&amp;tx_ttnews%5Btt_news%5D=1896&amp;cHash=2c662f290c" target="_blank">Déclaration de la Fédération Protestante de France</a><br /> <br /> <a href="http://www.eglise.catholique.fr/conference-des-eveques-de-france/textes-et-declarations/elargir-le-mariage-aux-personnes-de-meme-sexe-ouvrons-le-debat-note-du-conseil-famille-et-societe-14982.html" target="_blank">Élargir le mariage aux personnes de même sexe ? Ouvrons le débat !, note du Conseil Famille et Société de la Conférence des Évêques de France</a><br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <noembed>NB : les prises de position des organismes et des responsables des cultes ci-dessus connaissent aussi <a target="_blank" href="http://www.davidetjonathan.com/spip.php?article6117">des contestations</a> au sein de ces cultes.

lundi 10 décembre 2012

La manne




De la rouspétance comme prière… exaucée

Tout commence par l’expression d’une amertume : la rouspétance face à un manque évident, celui du rassasiement du temps de l’esclavage (Ex 16, 2-3) !

Une amertume et une rouspétance qui visent le libérateur — et derrière le libérateur apparent, Moïse (v. 2), celui qui ne se voit pas, Dieu. Une rouspétance qui dès lors s’apparente à une… prière ! — puisque adressée à Dieu (v. 8) !

Une prière exaucée (Ex 16, 11) : la manne, la « qu’est-ce que c’est » selon le sens du mot (v. 15) — la manne agrémentée de viande de caille.

Et comme don de Dieu, « pain du ciel » (Psaume 78, 24), l’exaucement porte un appel à la confiance : on ne recueillera de manne que pour un jour, deux jours pour le shabbath. Si l’on en recueille plus, elle pourrit…

Exode 16
1 Ils partirent d'Elim, et toute la communauté des fils d'Israël arriva au désert de Sîn, entre Elim et le Sinaï, le quinzième jour du deuxième mois après leur sortie du pays d'Egypte. 2 Dans le désert, toute la communauté des fils d'Israël murmura contre Moïse et Aaron. 3 Les fils d'Israël leur dirent : « Ah ! si nous étions morts de la main du SEIGNEUR au pays d'Egypte, quand nous étions assis près du chaudron de viande, quand nous mangions du pain à satiété ! Vous nous avez fait sortir dans ce désert pour laisser mourir de faim toute cette assemblée ! »
4 Le SEIGNEUR dit à Moïse : « Du haut du ciel, je vais faire pleuvoir du pain pour vous. Le peuple sortira pour recueillir chaque jour la ration quotidienne, afin que je le mette à l'épreuve : marchera-t-il ou non selon ma loi ? 5 Le sixième jour, quand ils prépareront ce qu'ils auront rapporté, ils en auront deux fois plus que la récolte de chaque jour. »
6 Moïse et Aaron dirent à tous les fils d'Israël : « Ce soir, vous connaîtrez que c'est le SEIGNEUR qui vous a fait sortir du pays d'Egypte ; 7 le matin, vous verrez la gloire du SEIGNEUR, parce qu'il a entendu vos murmures contre le SEIGNEUR. Nous, que sommes-nous, que vous murmuriez contre nous ? » — 8 Moïse voulait dire : « Vous la verrez quand le SEIGNEUR vous donnera le soir de la viande à manger, le matin du pain à satiété, parce que le SEIGNEUR a entendu les murmures que vous murmurez contre lui. Nous, que sommes-nous ? Ce n'est pas contre nous que vous murmurez, mais bien contre le SEIGNEUR. »
9 Moïse dit à Aaron : « Dis à toute la communauté des fils d'Israël : Approchez-vous du SEIGNEUR, car il a entendu vos murmures. » 10 Et comme Aaron parlait à toute la communauté des fils d'Israël, ils se tournèrent vers le désert : alors, la gloire du SEIGNEUR apparut dans la nuée.
11 Le SEIGNEUR adressa la parole à Moïse : 12 « J'ai entendu les murmures des fils d'Israël. Parle-leur ainsi : Au crépuscule, vous mangerez de la viande ; le matin, vous vous rassasierez de pain et vous connaîtrez que c'est moi le SEIGNEUR, votre Dieu. » 13 Le soir même, les cailles montèrent et elles recouvrirent le camp ; et le matin, une couche de rosée entourait le camp. 14 La couche de rosée se leva. Alors, sur la surface du désert, il y avait quelque chose de fin, de crissant, quelque chose de fin tel du givre, sur la terre. 15 Les fils d'Israël regardèrent et se dirent l'un à l'autre : « Mân hou ? » (« Qu'est-ce que c'est ? »), car ils ne savaient pas ce que c'était. Moïse leur dit : « C'est le pain que le SEIGNEUR vous donne à manger. 16 Voici ce que le SEIGNEUR a ordonné : Recueillez-en autant que chacun peut manger. Vous en prendrez un omer par tête, d'après le nombre de vos gens, chacun pour ceux de sa tente. » 17 Les fils d'Israël firent ainsi ; ils en recueillirent, qui plus, qui moins. 18 Ils mesurèrent à l'omer : rien de trop à qui avait plus et qui avait moins n'avait pas trop peu. Chacun avait recueilli autant qu'il pouvait en manger.
19 Moïse leur dit : « Que personne n'en garde jusqu'au matin ! » 20 Certains n'écoutèrent pas Moïse et en gardèrent jusqu'au matin ; mais cela fut infesté de vers et devint puant. Alors Moïse s'irrita contre eux.
21 Ils en recueillaient matin après matin, autant que chacun pouvait en manger. Quand le soleil chauffait, cela fondait.
22 Le sixième jour, ils recueillirent le double de pain, deux omers pour chacun. Tous les responsables de la communauté vinrent l'annoncer à Moïse. 23 Il leur dit : « C'est là ce que le SEIGNEUR avait dit : Demain, c'est sabbat, jour de repos consacré au SEIGNEUR. Cuisez ce qui est à cuire, faites bouillir ce qui est à bouillir. Ce qui est en trop déposez-le en réserve jusqu'au matin. » 24 Ils le déposèrent jusqu'au matin, comme l'avait ordonné Moïse. Il n'y eut ni puanteur, ni vermine. 25 Moïse dit : « Mangez-le aujourd'hui. Aujourd'hui, c'est le sabbat du SEIGNEUR. Aujourd'hui, vous n'en trouverez pas dehors. 26 Vous en recueillerez pendant six jours, mais le septième jour, c'est le sabbat : il n'y en aura pas. » 27 Or le septième jour, il y eut dans le peuple des gens qui sortirent pour en recueillir et ils ne trouvèrent rien. 28 Le SEIGNEUR dit à Moïse : « Jusques à quand refuserez-vous de garder mes commandements et mes lois ? 29 Considérez que, si le SEIGNEUR vous a donné le sabbat, il vous donne aussi, le sixième jour, le pain de deux jours. Demeurez chacun à votre place. Que personne ne sorte de chez soi le septième jour. » 30 Le peuple se reposa donc le septième jour.
31 La maison d'Israël donna à cela le nom de manne. C'était comme de la graine de coriandre, c'était blanc, avec un goût de beignets au miel.
32 Moïse dit : « Voici ce que le SEIGNEUR a ordonné : Qu'on en remplisse un omer en réserve pour vos descendants, afin qu'ils voient le pain dont je vous ai nourris au désert, en vous faisant sortir du pays d'Egypte. » 33 Moïse dit à Aaron : « Prends un vase, mets-y un plein omer de manne et dépose-le devant le SEIGNEUR, en réserve pour vos descendants. » 34 Comme le SEIGNEUR l'avait ordonné à Moïse, Aaron le déposa devant la charte en réserve.
35 Les fils d'Israël mangèrent de la manne pendant quarante ans jusqu'à leur arrivée en pays habité ; c'est de la manne qu'ils mangèrent jusqu'à leur arrivée aux confins du pays de Canaan.
36 L'omer est un dixième d'épha. (omer = trois litres environ, représentant le dixième de l'épha, unité de mesure habituelle — http://www.lueur.org/textes/unites-mesures-bible.html.)


Du dégoût

« Ne me donne ni pauvreté, ni richesse, accorde-moi le pain qui m’est nécessaire ; de peur que, dans l’abondance, je ne te renie et ne dise : Qui est l’Eternel ? Ou que, dans la pauvreté, je ne dérobe, et ne m’attaque au nom de mon Dieu. » (Proverbes 30, 8-9)

La mise en garde du Proverbe est la leçon que n’ont pas prise les pèlerins du désert : la manne devenue fade à leur goût… Les cailles, plus goûteuses finiront par les gaver !

« Si tu trouves du miel, n’en mange que ce qui te suffit, de peur que tu n’en sois rassasié et que tu ne le vomisses. » (Proverbes 25, 16)

Avec le pain, la manne, les cailles, comme don du ciel, du minimum à l’abondance, c’est tout la question de la prière et de ce que nous demandons qui est posée : de la prière comme rouspétance exaucée, à l’exaucement comme découverte que ce que l’on demandait ne correspondait pas à notre vrai désir !

« Fais de l’Eternel tes délices, Et il te donnera ce que ton cœur désire. » (Psaume 37, 4)

Nombres 11
1 Un jour le peuple se livra à des lamentations, ce que le SEIGNEUR entendit avec déplaisir. En les entendant le SEIGNEUR s'enflamma de colère. Le feu du SEIGNEUR ravagea le peuple et dévora un bout du camp. 2 Le peuple lança des cris vers Moïse qui intercéda auprès du SEIGNEUR ; et le feu se calma. 3 On donna à cet endroit le nom de Taveéra parce que le feu du SEIGNEUR avait ravagé les fils d'Israël.
4 Il y avait parmi eux un ramassis de gens qui furent saisis de convoitise, et les fils d'Israël eux-mêmes recommencèrent à pleurer : « Qui nous donnera de la viande à manger ? 5 Nous nous rappelons le poisson que nous mangions pour rien en Egypte, les concombres, les pastèques, les poireaux, les oignons, l'ail ! 6 Tandis que maintenant notre vie s'étiole ; plus rien de tout cela ! Nous ne voyons plus que la manne. » 7 La manne ressemblait à la graine de coriandre ; son aspect était celui du bdellium. 8 Le peuple se dispersait pour la ramasser ; ensuite on l'écrasait à la meule ou on la pilait dans un mortier ; on la faisait cuire dans des marmites et on en faisait des galettes. Elle avait le goût de gâteau à l'huile. 9 Lorsque la rosée se déposait sur le camp pendant la nuit, la manne s'y déposait aussi. 10 Moïse entendit le peuple qui pleurait, groupé par clans, chacun à l'entrée de sa tente. Le SEIGNEUR s'enflamma d'une vive colère et Moïse prit mal la chose. 11 « Pourquoi, dit-il au SEIGNEUR, veux-tu du mal à ton serviteur ? Pourquoi suis-je en disgrâce devant toi au point que tu m'imposes le fardeau de tout ce peuple ? 12 Est-ce moi qui ai conçu tout ce peuple ? moi qui l'ai mis au monde ? pour que tu me dises : “Porte-le sur ton cœur comme une nourrice porte un petit enfant”, et cela jusqu'au pays que tu as promis à ses pères ? 13 Où trouverais-je de la viande pour en donner à tout ce peuple qui me poursuit de ses pleurs et me dit : “Donne-nous de la viande à manger” ? 14 Je ne puis plus, à moi seul, porter tout ce peuple ; il est trop lourd pour moi. 15 Si c'est ainsi que tu me traites, fais-moi plutôt mourir — si du moins j'ai trouvé grâce à tes yeux ! Que je n'aie plus à subir mon triste sort ! » 16 Le SEIGNEUR dit à Moïse : « Rassemble-moi soixante-dix des anciens d'Israël, des hommes dont tu sais qu'ils sont des anciens et des scribes du peuple. Tu les amèneras à la tente de la rencontre ; ils s'y présenteront avec toi. 17 J'y descendrai et je te parlerai ; je prélèverai un peu de l'esprit qui est en toi pour le mettre en eux ; ils porteront alors avec toi le fardeau du peuple, et tu ne seras plus seul à le porter. 18 Et au peuple tu diras : “Sanctifiez-vous pour demain et soyez en état de manger de la viande. Car vous avez fait entendre cette plainte au SEIGNEUR : Qui nous donnera de la viande à manger ? Nous étions si bien en Egypte ! Le SEIGNEUR va donc vous donner de la viande, vous allez en manger ; 19 et vous n'en mangerez pas seulement un jour ou deux, ni même cinq, dix ou vingt ; 20 mais tout un mois, jusqu'à ce qu'elle vous sorte par les narines, jusqu'à ce que vous en ayez la nausée. Tout cela parce que vous avez rejeté le SEIGNEUR qui est au milieu de vous et parce que vous avez présenté cette plainte : Pourquoi donc sommes-nous sortis d'Egypte ? ” »
21 Moïse reprit : « Il compte six cents milliers de fantassins, ce peuple au milieu duquel je me trouve ; et tu dis : “Je vais leur donner de la viande et ils auront à manger pendant tout un mois” ! 22 Quand même on abattrait pour eux petit et gros bétail, cela leur suffirait-il ? Tous les poissons de la mer, si on pouvait les pêcher pour eux, leur suffiraient-ils ? ” 23 Le SEIGNEUR dit à Moïse : « Le bras du SEIGNEUR serait-il si court ? Tu vas voir maintenant si ma parole se réalise ou non pour toi. » […]
31 Un vent envoyé par le SEIGNEUR se leva ; de la mer, il amena des cailles qu'il abattit sur le camp et tout autour, sur une distance d'un jour de marche de chaque côté du camp ; elles couvraient le sol sur deux coudées d'épaisseur. 32 Le peuple fut debout tout ce jour-là, toute la nuit et tout le lendemain pour ramasser les cailles. Celui qui en ramassa le moins en eut dix homers (300 litres env.). Ils les étalèrent partout tout autour du camp. 33 La viande était encore entre leurs dents, ils n'avaient pas fini de la mâcher, que le SEIGNEURs'enflamma de colère contre le peuple et lui porta un coup très fort. 34 On donna à cet endroit le nom de Qivroth-Taawa — Tombes de la Convoitise ; car c'est là qu'on enterra la foule de ceux qui avaient été saisis de convoitise.


Dieu est l’auteur et le donateur de toute chose…

Deutéronome 8, 11-18
11 Garde-toi bien d'oublier le SEIGNEUR ton Dieu en ne gardant pas ses commandements, ses coutumes et ses lois que je te donne aujourd'hui. 12 Si tu manges à satiété, si tu te construis de belles maisons pour y habiter, 13 si tu as beaucoup de gros et de petit bétail, beaucoup d'argent et d'or, beaucoup de biens de toute sorte, 14 ne va pas devenir orgueilleux et oublier le SEIGNEUR ton Dieu. C'est lui qui t'a fait sortir du pays d'Egypte, de la maison de servitude ; 15 c'est lui qui t'a fait marcher dans ce désert grand et terrible peuplé de serpents brûlants et de scorpions, terre de soif où l'on ne trouve pas d'eau ; c'est lui qui pour toi a fait jaillir l'eau du rocher de granit ; 16 c'est lui qui, dans le désert, t'a donné à manger la manne que tes pères ne connaissaient pas, afin de te mettre dans la pauvreté et de t'éprouver pour rendre heureux ton avenir. 17 Ne va pas te dire : « C'est à la force du poignet que je suis arrivé à cette prospérité », 18 mais souviens-toi que c'est le SEIGNEUR ton Dieu qui t'aura donné la force d'arriver à la prospérité, pour confirmer son alliance jurée à tes pères, comme il le fait aujourd'hui.


… Et il le demeure, même après la cessation du signe de la manne

Josué 5, 10-12
10 Les fils d'Israël campèrent au Guilgal et firent la Pâque au quatorzième jour du mois, le soir, dans la plaine de Jéricho. 11 Et ils mangèrent des produits du pays, le lendemain de la Pâque, des pains sans levain et des épis grillés en ce jour même. 12 Et la manne cessa le lendemain quand ils eurent mangé des produits du pays. Il n'y eut plus de manne pour les fils d'Israël qui mangèrent de la production du pays de Canaan cette année-là.

1 Rois 17, 5-6
5 Elie, le Tishbite partit et agit selon la parole du Seigneur ; il s'en alla habiter dans le ravin de Kerith qui est à l'est du Jourdain. 6 Les corbeaux lui apportaient du pain et de la viande le matin, du pain et de la viande le soir ; et il buvait au torrent.


RP
Le pain dans la Bible.

Église réformée de Poitiers.
Étude biblique 2012-2013.
Chaque 2e mardi du mois à 14 h 30.
& chaque jeudi qui suit le 2e mardi à 20 h 30.
3) 11 & 13 décembre 2012 — La manne
Exode 16 / Nombres 11 / Deutéronome 8 / Josué 5, 10-12 / cf. 1 Rois 17, 6