lundi 16 mars 2015

Les développements christologiques




Dès le Nouveau Testament, apparaissent les difficultés que pose le paradoxe de la manifestation de Dieu en un être humain, le paradoxe de l’Incarnation de la Parole de Dieu en Jésus-Christ, donc, qui reçoit toute son acuité dans la crucifixion de Jésus.

Les tensions intellectuelles que crée ce paradoxe déboucheront sur des controverses qui apparaissent très rapidement, et dont la plus célèbre aux tout premiers siècles est celle autour de ce que l'on a appelé le « docétisme », du grec dokein, qui signifie « sembler » : la tension paradoxale est si vive que des pans entiers de l’Église primitive en viennent à tenir qu'il a semblé seulement que la Parole de Dieu avait été faite chair.

Cette tension non-résolue se poursuit après la conversion de l'Empire romain au début du IVe siècle, et, aux yeux des empereurs, la menace sur l'unité de l’Église, menace l'unité de l'Empire. Des conciles sont donc convoqués, carrefour d'intérêt pour l’Église, qui, par des définitions doctrinales, y clarifiera des postions de foi, et pour l'Empire qui y assoira son unité. Le premier de ces grands conciles anciens est convoqué par l'Empereur Constantin, qui ne joue pas de rôle dogmatique, mais qui se contente d'enjoindre les Églises de l'Empire de s'en tenir à ce qui a été proclamé (Constantin lui-même et plusieurs de ses successeurs auraient préféré que le Concile adoptât des positions plus souples, plus propices à la question politique de l'unité de l'Empire). Mais pour les évêques et théologiens présents au Concile (et aux Conciles suivants) c'est la question théologique qui leur importe.


CONCILE DE NICÉE (325)

Tenu en 325, ce premier concile œcuménique fut donc convoqué par Constantin Ier , empereur de Rome, pour régler le conflit d'alors sur la divinité du Christ. Arius et ses disciples, les ariens, affirment que le Fils a une nature différente de celle du Père (une nature créée). Face aux ariens, Athanase, dont le Concile retient la position. Le symbole de Nicée déclare que le Fils est de même nature (en grec homoousios – consubstantiel / littéralement co-essentiel) que le Père : « engendré non pas créé ».


CONCILE DE CONSTANTINOPLE I (381)

Deuxième concile œcuménique, il fut convoqué par Théodose Ier, empereur romain.
Ce Concile réaffirme les résolutions adoptées au concile de Nicée.
Il affirme que le Saint-Esprit est consubstantiel au Père et au Fils. Définition donc de la Trinité du Père du Fils et Saint Esprit, trois personnes consubstantielles.
Rédaction du Symbole de Nicée-Constantinople.


CONCILE D'ÉPHÈSE (431)

Troisième concile œcuménique, il s'est tenu à Éphèse en 431. Présidé par Théodose II, empereur d'Orient, et Valentinien III, empereur d'Occident, il vise à résoudre la controverse suscitée par la doctrine dite « nestorienne ».
Nestorius, patriarche de Constantinople, refusait le titre de « mère de Dieu » à Marie, mère de Jésus-Christ. Les adeptes de la doctrine de Nestorius, dits nestoriens, distinguant strictement en Christ la nature divine et la nature humaine, considèrent Marie comme la mère de l'homme Jésus et non du Fils de Dieu.
Le Concile affirme que le Christ est une seule et même personne, à la fois Dieu et homme.
Cyrille, patriarche d'Alexandrie, y joue un rôle doctrinal important. Le concile déclare que Jésus-Christ est vrai Dieu et vrai homme, deux natures distinctes (l'une humaine et l'autre divine) unies en une seule personne. Par extension, le concile approuve le titre de « mère de Dieu » (en grec theotokos) accordé à Marie.


CONCILE DE CHALCÉDOINE (451)

Quatrième concile œcuménique , réuni en 451 par l'empereur d'Orient Marcien pour mettre un terme à la controverse eutychienne, du nom d'Eutychès. Le concile condamna l'eutychianisme, également appelé monophysisme, doctrine perçue comme affirmant qu'en Jésus-Christ la nature humaine est en quelque sorte « dissoute » dans la nature divine. La définition chalcédonienne, fondée sur la formulation de l’évêque de Rome Léon Ier dans son Tome à Flavien, évêque de Constantinople, et les lettres synodales de Cyrille d'Alexandrie à Nestorius, affirme que le Christ est pleinement Dieu et pleinement homme, sans confusion ni séparation.


CONCILE DE CONSTANTINOPLE II (553)

Cinquième concile œcuménique, il fut convoqué par l'empereur byzantin Justinien Ier pour étudier les Trois Chapitres, nom donné à trois ouvrages de théologiens grecs, Théodore de Mopsueste, Théodoret de Cyr et Ibas d'Édesse, sur la base desquels, la logique du Concile de Chalcédoine était poussée dans un sens qui rendait difficilement compte de l'unité des deux natures du du Christ en une seule personne. Le concile de 553 condamna les Trois Chapitres et affirma l'unité de personne en Christ par une formule : « anhypstasie-enhypostasie », à savoir « impersonnalisation » de la nature humaine, « empersonnalisée » comme personne divine : bref, le « je » du Christ s'exprimant est Dieu.


CONCILE DE CONSTANTINOPLE III (680)

Sixième concile œcuménique, il se réunit à la demande de Constantin IV, empereur byzantin (668-685), pour condamner le monothélisme, doctrine qui tenait que Jésus-Christ n'avait qu'une seule volonté, la volonté divine, même s'il avait deux natures (humaine et divine). Le Concile reconnaît en Christ deux volontés, humaine et divine.

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Six Conciles qui produisent les développements christologiques qui reviennent, à y regarder de près, à s'efforcer à la plus grande sobriété pour parler des relations du Père, du Fils et de l'Esprit saint d'une part, de la divinité et de l'humanité en Christ d'autre part. Ces développements et les formulations qu'ils ont produites sont retenus globalement jusqu'à aujourd'hui par les principales grandes Églises chrétiennes.


RP
« Qui dites-vous que je suis ? »
Un parcours non-exhaustif de la perception de Jésus


Église protestante unie de France / Poitiers
Catéchisme pour adultes 2014-2015
Chaque 3e mardi du mois à 14 h 30
& chaque jeudi qui suit le 3e mardi à 20 h 30
6) 17 & 19 mars 2015 - Les développements christologiques (PDF)


lundi 9 mars 2015

Esther




Un regard sur la figure d'Esther avec en perspective celle de Ruth parcouru précédemment (deux livres des « cinq rouleaux » de la Bible hébraïque). Deux exilées, une de Moab vers Israël, l'autre de la Judée vers Babylone et la Perse. Deux épousées par des personnages du pays d'exil — pays d’adoption pour Ruth qui y épouse un notable et qui reviendra grand-mère du roi David. Esther, qui épouse le roi de Perse, pays d'exil. Dans les deux cas, leur charme joue pour une suite pratique heureuse. Pour Esther, se dessine une dimension providentielle qui débouchera sur le salut du peuple juif menacé d'extermination par ses ennemis en terre d'exil.

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Le livre ou rouleau d’Esther (hébreu : Meguilat Esther) est le vingt-et-unième livre de la Bible hébraïque. Il fait partie des Ketouvim selon la tradition juive et des Livres historiques de l’Ancien Testament selon la tradition chrétienne. Sa rédaction est généralement approximativement datée au IVe siècle AEC. (extraits de Wiki, articles Livre d'Esther –  ; et Pourim)

Il rapporte une série d’événements se déroulant sur plusieurs années : Esther, d'origine juive, est la favorite du plus puissant souverain de son époque - Xerxès Ier. Or, sous son règne, le grand vizir - Haman - intrigue et obtient de pouvoir exterminer toute la population juive. Devant pareille menace, l'oncle d'Esther - Mardochée - fait appel à sa nièce afin qu'elle obtienne du roi l'annulation du décret qui les condamne. Xerxès Ier - informé par Esther - prend toutes les mesures nécessaires pour protéger la population juive, et condamne le vizir, ainsi que tous ses fils, à être pendus au poteau destiné initialement à Mardochée. Enfin, les Juifs instaurent une fête annuelle, appelée Pourim (cf. infra *), afin de commémorer ce miracle.

Selon le livre d’Esther, le roi Assuérus prend pour femme Esther bat Avihaïl, une belle jeune femme qui tient secrètes ses origines judéennes sur les conseils de son oncle Mardochée. Celui-ci sauve le roi d'un complot.

Peu après, Haman, fils de Hamedata l'agaggite, monte en faveur auprès du roi. Outré par le fait que Mardochée ne s'incline pas devant lui alors que le protocole établi par le roi l'y oblige, il fait publier au nom du souverain et avec son accord un décret d'extermination de tous les Juifs vivant dans les 127 provinces de l'empire achéménide (où vit la quasi-totalité de la population juive de l'époque). La date d'application du décret est fixée par tirage au sort (hébreu : pour, cf. l'akkadien pûrû) au 13e jour du douzième mois, c'est-à-dire le mois d’adar.

Sur l'insistance de Mardochée, Esther vient trouver le roi (au péril de sa vie). Elle l'invite à un festin avec Haman sans dévoiler ses motifs où elle les convie à un second festin. Troublé, Assuérus se fait lire les annales royales pour occuper ses insomnies et prend connaissance de sa dette envers Mardochée. Il le récompense par des honneurs devant un Haman dépité. Lors du second festin, Esther dévoile son identité juive et le complot qui vise les siens. Haman est pendu à la potence même qu'il réservait à Mardochée et les Juifs sont autorisés à se défendre contre leurs assaillants. Après un jour de batailles (deux à Suse), les Juifs célèbrent dans l'allégresse ces retournements du sort et une fête est instituée pour les générations à venir.

Les innovations de Mardochée, devenu grand vizir du roi, ont une nature davantage sociale que religieuse : en effet, il ne demande pas d'offices de prières ni de retourner en terre d'Israël afin de réaliser quelque offrande mais de faire de grands festins, de s'échanger des colis alimentaires et de faire des dons généreux aux démunis.


* Pourim (« Sorts »)

Pourim est une fête juive d’origine biblique et d’institution rabbinique, qui commémore les événements relatés dans le Livre d’Esther.

Ceux-ci ont été vécus par les Juifs comme la délivrance miraculeuse d’un massacre de grande ampleur, planifié à leur encontre par Haman l’Agaggite dans tout l’Empire perse au temps de sa splendeur.

La fête est célébrée chaque année à la date du 14 adar (qui correspond, selon les années, au milieu des mois de février ou mars dans le calendrier grégorien).

Aux pratiques traditionnelles, consignées dans le Livre d’Esther et ordonnancées par les Sages de la Mishna, se sont ajoutées diverses coutumes, notamment culinaires, ainsi que des manifestations joyeuses, l’usage de crécelles à l’évocation du nom de Haman ou l'usage de déguisements.


RP
Du féminin et de quelques
figures féminines dans la Bible


Église protestante unie de France / Poitiers
Etude biblique 2014-2015
Chaque 2e mardi du mois à 14 h 30
& chaque jeudi qui suit le 2e mardi à 20 h 30
6) 10 & 12 mars 2015 - Esther (PDF)