"Marie, ayant pris une livre d'un parfum de nard pur de grand prix, oignit les pieds de Jésus, et elle lui essuya les pieds avec ses cheveux; et la maison fut remplie de l'odeur du parfum." (Jean 12, 3)
Le nard — le mot est le même dans le grec de l’évangile — est l’un des plus anciens parfums orientaux connus. Il s’agit, sous sa forme d’huile, d’un liquide de couleur ambrée. Il vient d’Inde. L’huile de nard est extraite d’une plante, qui pousse dans les montagnes himalayennes — en Inde, au Népal et au Tibet. Une variété proche, est appelée nard chinois. Il vient donc de loin, d’autant plus rare et coûteux.
Le nard est, en dehors de ses applications comme huile, utilisé aussi pour fabriquer de l’encens. Son utilisation est très ancienne. Elle fait partie intégrante de la tradition indienne ; et elle était considérée en l’Égypte ancienne, au Moyen-Orient et dans la Rome antique, comme un parfum de luxe. Pline, dans son Histoire Naturelle, en dénombre douze espèces. Bref, et selon de nombreux textes anciens, le nard considéré comme un produit de grande valeur, monétaire — et spirituelle, d’où son usage dans de nombreux rites religieux.
Et on le trouve donc mentionné dans la Bible : dans le Cantique des Cantiques (1:12 et 4:13), en Marc, ou dans le texte qui en est proche, de Jean (12, 3) — où la femme versant le nard est nommée : c’est Marie de Béthanie, sœur de Marthe et Lazare.
Voilà qui met un peu en lumière le geste de cette femme, et de son geste devenu geste d’Évangile, relaté, comme a dit Jésus, dans le monde entier. On a là, avec la mention du nard, parfum rare et venant de loin, et de son grand prix, qui parle de sa qualité unique, un écho du Cantique des Cantiques :
Mon nard exhale son parfum.
Mon bien-aimé est pour moi un bouquet de myrrhe. (Cantique 1, 12-13)
Moi, je me lève pour ouvrir à mon bien-aimé !
Et mes mains distillent de la myrrhe,
et mes doigts de la myrrhe fluide,
sur les paumelles du verrou (Cantique 5, 5)
Apparaît ici un second parfum, la myrrhe, ce qui donne, avec les autres parfums mentionnés par le Cantique — l'aloès, le safran, le roseau aromatique, le cinnamome (qui serait la canelle) importé aussi d’Orient, … — autant d’essences d’une composition, qui souligne, comme le grand prix du flacon de nard de l’Evangile, ce que le parfum a d’unique.
La myrrhe, elle, est une gomme-résine extraite des arbustes. L'arbuste, de la famille des térébinthacées, n'existait pas en Palestine. Il était importé d'Arabie, moins loin que l’Inde, mais en qualifiant de coût tout de même.
La myrrhe était utilisée chez les Égyptiens (notamment pour l'embaumement des défunts).
L'essence de myrrhe était souvent associée à d'autres parfums.
La myrrhe provient de la sève qui découle, soit librement, soit des blessures faites à l’écorce d’un arbrisseau, comme des larmes. Une fois à l’air libre, celles-ci se dessèchent et donnent une résine bien connue sous le nom de myrrhe. Cette résine répand une odeur agréable. Celle qui s’écoule librement de l’arbre est appelée myrrhe franche ou découlante (Ex. 30:23). C’est probablement la même qui est appelée la myrrhe limpide, fluide (Cant. 5:5) du Cantique des Cantiques, qui cite la myrrhe plusieurs fois.
Enfin les mages venus de l’orient apportaient parmi leurs trésors de la myrrhe.
Avant cela, la myrrhe est souvent mentionnée dans les Écritures. Elle est mentionnée en premier parmi les aromates entrant dans la composition de l’huile de l’onction qui était répandue sur le sanctuaire, sur ses ustensiles et sur les sacrificateurs.
*
Depuis l’épisode des mages, la myrrhe symbolise, avec l’encens, un autre parfum — non olfactif —, celui du nom de Jésus ; le futur parfum qui s’exhalera de ses souffrances ; des larmes qu’il versera, de ses blessures, de ses meurtrissures… Puisqu’à l’autre terme de sa vie, c’est dans une mixtion de myrrhe et d’aloès (produit d’un arbre — cf. les arbres d’aloès dans Nb 24:6, plantés par le Seigneur) — que Joseph d’Arimathée et Nicodème ont enveloppé le corps de Jésus lorsqu’ils l’eurent déposé dans le sépulcre neuf ; sépulcre qui n’a pas connu la corruption et duquel n’est monté qu’un parfum précieux, une bonne odeur ; sépulcre qui n’aura rien à rendre au jour de la résurrection de ceux qui se sont endormis.
Une huile parfumée, huile, image de l’Esprit donc… Comme l’huile de l’onction qui était répandue sur le tabernacle, sur tous ses ustensiles et sur la tête d’Aaron et de ses fils… Auxquels font écho les parfums que le Christ trouve dans son jardin, chez les siens, comme ceux qui sont mentionnés dans le Cantique des cantiques. Mais concernant le Christ, la référence nous a fait passer au-delà des sens. Où le parfum devient symbole. Car le parfum du Christ est au-delà même du sens olfactif : « Grâces soient rendues à Dieu, qui nous fait toujours triompher en Christ, et qui répand par nous en tout lieu l'odeur de sa connaissance ! » (2 Co 2, 14.) Symbole que les aromates et les encens, d’un parfum qui est au-delà de tout parfum, d’un encens qui répand sa fumée au-delà de nos sens.
Quelques-uns de ces aromates du Cantique, signe du tabernacle céleste sont ainsi aussi mentionnés dans l’Exode, ch. 30, décrivant le tabernacle construit selon le modèle céleste contemplé par Moïse.
Exode 30, 22-33
22 Le SEIGNEUR adressa la parole à Moïse :
23 « Procure-toi aussi des aromates de première qualité : — de la myrrhe fluide : cinq cents sicles ; — du cinnamome aromatique : la moitié, soit deux cent cinquante ; — du roseau aromatique : deux cent cinquante ; —
24 de la casse : cinq cents, en sicles du sanctuaire, avec un hîn d'huile d'olive.
25 Tu en feras l'huile d'onction sainte, mélange parfumé — travail de parfumeur ; ce sera l'huile d'onction sainte.
26 Tu en oindras la tente de la rencontre, l'arche de la charte,
27 la table et tous ses accessoires, le chandelier et ses accessoires, l'autel du parfum,
28 l'autel de l'holocauste et tous ses accessoires, la cuve et son support.
29 Tu les consacreras, et ils seront très saints ; tout ce qui y touchera sera saint.
30 Aaron et ses fils, tu les oindras aussi et tu les consacreras pour qu'ils exercent mon sacerdoce.
31 Tu parleras ainsi aux fils d'Israël : Ceci est l'huile d'onction sainte ; d'âge en âge, elle est pour moi.
32 On n'en mettra sur le corps de personne ; vous n'imiterez pas sa recette, car elle est sacrée et elle restera sacrée pour vous.
33 Celui qui imitera ce mélange et en mettra sur un profane sera retranché de sa parenté. »
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Pourquoi cette rigueur quant à l’unicité ? On le sait : un parfum a toujours quelque chose d’unique, désignant celui ou celle, qui, par son parfum particulièrement, est perçu comme unique. On connaît la fonction mémorielle du sens olfactif. À un parfum, une odeur, remonte, de notre mémoire, un lieu que l’on avait quitté il y a des années, une personne que l’on avait perdue de vue. Un effluve, et tout remonte à la surface. C’est bien lui, c’est bien elle, c’est bien cette terre là, ce pays là, ce village là.
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Souvenez-vous, dans la Genèse… « Jacob s'approcha et l’embrassa. Et Isaac sentit l'odeur de ses vêtements et il le bénit en disant: "Voici, l'odeur de mon fils est comme l'odeur d'un champ qu'a béni le Seigneur !" » (Genèse 27, 27.) Quand Isaac, aveugle, demande à Jacob de l'embrasser avant de lui accorder la bénédiction qui revenait à Esaü, c'est pour le reconnaître à son odeur. Et Jacob trompe le flair d'Isaac en revêtant les vêtements d'Esaü.
Il sera prescrit que l’on ne reproduise pas pour un autre usage le parfum consacré au culte biblique. Il y a là quelque chose d’unique, qui doit rester unique, comme, en écho, se révèle unique celui ou celle qui est fait selon l’image de Dieu.
Unicité que l’on retrouve dans le parfum de l’encens qui fume devant Dieu, donnant son nom même au mot parfum, enraciné par son étymologie dans la fumée de l’encens, ce mélange unique parfumant le culte de sa fumée, ne se trouvait que dans le sanctuaire.
Exode 30, 34 & 1-9
34 Le SEIGNEUR dit à Moïse : « Procure-toi des essences parfumées : storax, ambre, galbanum parfumé, encens pur, en parties égales.
35 Tu en feras un parfum mélangé — travail de parfumeur — salé, pur, sacré.
36 Tu en réduiras un morceau en poudre pour en mettre un peu devant la charte dans la tente de la rencontre, là où je te rencontrerai. Pour vous, il sera très saint.
37 Et ce parfum que tu feras, vous n'utiliserez pas sa recette à votre usage ; tu le tiendras pour consacré au SEIGNEUR.
38 Celui qui en fera une imitation pour jouir de son odeur sera retranché de sa parenté. »
1 « Tu feras un autel où faire fumer le parfum ; tu le feras en bois d'acacia.
2 Une coudée pour sa longueur, une coudée pour sa largeur — il sera carré — deux coudées pour sa hauteur. Ses cornes feront corps avec lui.
3 Tu le plaqueras d'or pur — le dessus, les parois tout autour et les cornes — et tu l'entoureras d'une moulure en or.
4 Tu lui feras des anneaux d'or, au-dessous de la moulure, sur ses deux côtés — tu en feras sur ses deux flancs — pour loger les barres servant à le lever.
5 Tu feras les barres en bois d'acacia et tu les plaqueras d'or.
6 Tu le placeras devant le voile qui abrite l'arche de la charte — devant le propitiatoire qui est sur la charte — là où je te rencontrerai.
7 Aaron y fera fumer le parfum à brûler ; matin après matin, quand il arrangera les lampes, il le fera fumer.
8 Et quand Aaron allumera les lampes au crépuscule, il le fera fumer. C'est un parfum perpétuel devant le SEIGNEUR, d'âge en âge. 9Vous n'y offrirez pas de parfum profane.
Unique devant Dieu (Cantiques des Cantiques — extraits) :
Ton amour vaut mieux que le vin,
tes parfums ont une odeur suave ;
ton nom est un parfum qui se répand ;
c'est pourquoi les jeunes filles t'aiment. (1, 2-3)
Mon nard exhale son parfum.
Mon bien-aimé est pour moi un bouquet de myrrhe,
Qui repose entre mes seins. (1, 12-13)
Le figuier embaume ses fruits,
et les vignes en fleur exhalent leur parfum. (2, 13)
Qui est celle qui monte du désert,
comme des colonnes de fumée,
au milieu des vapeurs de myrrhe et d'encens
et de tous les aromates des marchands ? (3, 6)
Avant que le jour se rafraîchisse,
et que les ombres fuient,
j'irai à la montagne de la myrrhe
et à la colline de l'encens. (4, 6)
Comme ton amour vaut mieux que le vin,
et combien tes parfums sont plus suaves que tous les aromates ! (4, 10)
Les troènes avec le nard ;
Le nard et le safran, le roseau aromatique et le cinnamome,
avec tous les arbres qui donnent l'encens ;
la myrrhe et l'aloès… (4, 13-14)
Lève-toi, aquilon ! viens, autan !
Soufflez sur mon jardin, et que les parfums s'en exhalent ! (4, 16)
J'entre dans mon jardin, ma sœur, ma fiancée ;
je cueille ma myrrhe avec mes aromates, (5, 1)
Ses joues sont comme un parterre d'aromates,
une couche de plantes odorantes ;
ses lèvres sont des lis, d'où découle la myrrhe. (5, 13)
Mon bien-aimé est descendu à son jardin,
au parterre d'aromates. (6, 2)
Les mandragores répandent leur parfum, (7, 13)
et je te ferai boire du vin parfumé,
du moût de mes grenades. (8, 2)
Sois semblable à la gazelle ou au faon des biches,
sur les montagnes des aromates ! (8, 14)
Unique parfum de vie : « Je suis le chemin, la vérité, et la vie. Nul ne vient au Père que par moi » (Jean 14, 6) — le texte de ce jour : — « Or, la vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé Jésus-Christ. » (Jean 17, 3). Effluve unique de l’Unique devant Dieu… Qui nous dévoile à notre tour comme autant d’uniques au parfum unique devant Dieu déployant la richesse de sa création.
R.P.
Fête de printemps,
Vence 22.05.11
Antibes 5.06.11
Fête de printemps,
Vence 22.05.11
Antibes 5.06.11
Très présente dans de nombreuses mythologies et religions, la myrrhe est connue pour être relaxante et calmante. Elle favorise aussi l'ouverture au monde extérieur et la réceptivité.Son odeur est chaude, agréable et envoûtante.
RépondreSupprimerElle est également connue comme purifiant atmosphérique et des voies respiratoires.