dimanche 15 mai 2016

Christianismes d'Occident et temps des réformes



Développement ICI

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Jacques Ellul, La Subversion du christianisme (Seuil, 1984) : « La question que je voudrais esquisser dans ce livre est une de celles qui me troublent le plus profondément. Elle me paraît dans l'état de mes connaissances insolubles et revêt un caractère grave d'étrangeté historique. Elle peut se dire d'une façon très simple : comment se fait-il que le développement de la société chrétienne et de l'Église ait donné naissance à une société, à une civilisation, à une culture en tout inverses de ce que nous lisons dans la Bible, de ce qui est le texte indiscutable à la fois de la Torah, des prophètes, de Jésus et de Paul ? [...] Si bien que d'une part on a accusé le christianisme de tout un ensemble de fautes, de crimes, de mensonges qui ne sont en rien contenus, nulle part, dans le texte et l'inspiration d'origine, et d'autre part on a modelé progressivement, réinterprété la Révélation sur la pratique qu'en avaient la Chrétienté et l'Église. Les critiques n'ont voulu considérer que cette pratique, cette réalité concrète, se refusant absolument à se référer à la vérité de ce qui est dit. Or, il n'y a pas seulement dérive, il y a contradiction radicale, essentielle, dont véritable subversion. »

Le diagnostic d'Ellul, qui n'est pas sans rappeler Kierkegaard, qu'il cite, est globalement irréfutable, le constat imparable. Cela dit, c'est là le réel : faut-il déplorer le réel, cela seul qui est advenu, l'inéluctable ?
N'ayant pas d'autre réel, s'il doit y avoir déploration, c'est celle plus radicale de l'inconvénient d'être né... en un monde où tout est toujours ambivalent.
C'est face à cette subversion du christianisme que sont apparus les mouvements de réforme, inscrits eux aussi malgré tout dans cette réalité inéluctablement subvertie.


RP
Traditions religieuses et spiritualités

Église protestante unie de France / Poitiers
Catéchisme pour adultes 2014-2015
Chaque 3e mardi du mois à 14 h 30
& chaque jeudi qui suit le 3e mardi à 20 h 30
8) 17 & 19 ma1 – Christianismes d'Occident et temps des réformes (PDF)


lundi 2 mai 2016

Le terme des choses



Ecclésiaste 11
1 Jette ton pain sur l'eau,
car avec le temps tu le retrouveras ;
2 donne une part à sept, et même à huit,
car tu ne sais pas quel malheur peut arriver sur la terre.
3 Quand les nuages sont remplis de pluie,
ils la déversent sur la terre ;
si un arbre tombe, vers le sud ou vers le nord,
c'est au lieu où l'arbre est tombé qu'il restera.
4 Qui observe le vent ne sème pas ;
qui regarde les nuages ne moissonne pas.
5 De même que tu ne sais pas comment le souffle ou les os
se forment dans le ventre de la femme enceinte,
de même tu ne connais pas l'œuvre de Dieu qui fait tout.
6 Dès le matin sème ta semence,
le soir ne repose pas ta main ;
car tu ne sais pas ce qui réussira, ceci ou cela,
ou si l'un comme l'autre sont également bons.
7 La lumière est douce ;
il est bon pour les yeux de voir le soleil.
8 Si donc quelqu'un vit beaucoup d'années,
qu'il se réjouisse de chacune d'elles,
et qu'il se rappelle que les jours de ténèbres seront nombreux :
tout ce qui arrive n'est que futilité.
9 Jeune homme, réjouis-toi de tes jeunes années,
que ton cœur te rende heureux pendant les jours de ta jeunesse ;
suis les voies de ton cœur et les regards de tes yeux ;
sache que pour tout cela Dieu te fera venir en jugement.
10 Écarte donc de ton cœur la contrariété,
éloigne le malheur de ta chair ;
car jeunesse et fraîcheur ne sont que futilité.

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« Comme tu ne sais pas quel est le chemin du vent, ni comment se forment les os dans le ventre de la femme enceinte, tu ne connais pas non plus l’œuvre de Dieu qui fait tout. » (11:5)

« Jeune homme, réjouis-toi dans ta jeunesse, livre ton cœur à la joie pendant les jours de ta jeunesse, marche dans les voies de ton cœur et selon les regards de tes yeux ; et sache que pour tout cela Dieu t’appellera en jugement. » (11:9)

« Sache que pour tout cela Dieu t’appellera en jugement » : pas de « mais » (« mais sache » ?!) en hébreu ! Le jugement n'est pas tant le prix de la joie que la mesure de la joie que l'on a reçue ! C'est aujourd'hui qu'il s'agit de cueillir la joie avant que ne tombe le jour où la matérialité, les conditions ou les dispositions ne sont plus là pour l'accueillir !... « Au jour où tremblent les gardiens de la maison, où se courbent les hommes vigoureux, où s'arrêtent celles qui meulent, trop peu nombreuses, où perdent leur éclat celles qui regardent par la fenêtre »... (ch. 12)…

« C'est une sale histoire de vieillir et je vous conseille de l'éviter si vous pouvez ! Vieillir ne présente aucun avantage. On ne devient pas plus sage, mais on a mal au dos, on ne voit plus très bien, on a besoin d’un appareil auditif pour entendre. Je vous déconseille de vieillir. » (Woody Allen, Cannes, mai 2010.)

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Nous voilà quoiqu'il en soit, en regard de la brièveté de la vie et de la brièveté du temps et des circonstances favorables, en présence d'un appel à la générosité, à l'audace qu'elle suppose : les brèches de temps favorables prennent terme, plus vite qu'on n'a tendance à le croire, et ce qui n'aura pas été fait ou vécu ne pourra plus l'être quand il ne sera plus temps !

Entendre cela en sachant que le passé n'est plus, qu'il n'y a pas lieu de s'en morfondre, mais qu’aujourd’hui est le jour favorable pour répandre le bien qui profitera à tous, et quelque usage qu'il en soit fait. La parabole du semeur qui sème en tout temps et sur tout terrain n'est pas loin, dans l’observation que Dieu fait briller le soleil ou pleuvoir sans calculer sur qui le « mérite » ou pas. C'est aussi à une imitation de la générosité divine donnée dans les temps favorables que nous invite l'Ecclésiaste.


RP
L'Ecclésiaste

Église protestante unie de France / Poitiers
Étude biblique 2015-2016
Chaque 2e mardi du mois à 14 h 30
& chaque jeudi qui suit le 2e mardi à 20 h 30
8. 10 & 12 mai (ch. 11) - Le terme des choses - (PDF ici)