lundi 2 mai 2016

Le terme des choses



Ecclésiaste 11
1 Jette ton pain sur l'eau,
car avec le temps tu le retrouveras ;
2 donne une part à sept, et même à huit,
car tu ne sais pas quel malheur peut arriver sur la terre.
3 Quand les nuages sont remplis de pluie,
ils la déversent sur la terre ;
si un arbre tombe, vers le sud ou vers le nord,
c'est au lieu où l'arbre est tombé qu'il restera.
4 Qui observe le vent ne sème pas ;
qui regarde les nuages ne moissonne pas.
5 De même que tu ne sais pas comment le souffle ou les os
se forment dans le ventre de la femme enceinte,
de même tu ne connais pas l'œuvre de Dieu qui fait tout.
6 Dès le matin sème ta semence,
le soir ne repose pas ta main ;
car tu ne sais pas ce qui réussira, ceci ou cela,
ou si l'un comme l'autre sont également bons.
7 La lumière est douce ;
il est bon pour les yeux de voir le soleil.
8 Si donc quelqu'un vit beaucoup d'années,
qu'il se réjouisse de chacune d'elles,
et qu'il se rappelle que les jours de ténèbres seront nombreux :
tout ce qui arrive n'est que futilité.
9 Jeune homme, réjouis-toi de tes jeunes années,
que ton cœur te rende heureux pendant les jours de ta jeunesse ;
suis les voies de ton cœur et les regards de tes yeux ;
sache que pour tout cela Dieu te fera venir en jugement.
10 Écarte donc de ton cœur la contrariété,
éloigne le malheur de ta chair ;
car jeunesse et fraîcheur ne sont que futilité.

*

« Comme tu ne sais pas quel est le chemin du vent, ni comment se forment les os dans le ventre de la femme enceinte, tu ne connais pas non plus l’œuvre de Dieu qui fait tout. » (11:5)

« Jeune homme, réjouis-toi dans ta jeunesse, livre ton cœur à la joie pendant les jours de ta jeunesse, marche dans les voies de ton cœur et selon les regards de tes yeux ; et sache que pour tout cela Dieu t’appellera en jugement. » (11:9)

« Sache que pour tout cela Dieu t’appellera en jugement » : pas de « mais » (« mais sache » ?!) en hébreu ! Le jugement n'est pas tant le prix de la joie que la mesure de la joie que l'on a reçue ! C'est aujourd'hui qu'il s'agit de cueillir la joie avant que ne tombe le jour où la matérialité, les conditions ou les dispositions ne sont plus là pour l'accueillir !... « Au jour où tremblent les gardiens de la maison, où se courbent les hommes vigoureux, où s'arrêtent celles qui meulent, trop peu nombreuses, où perdent leur éclat celles qui regardent par la fenêtre »... (ch. 12)…

« C'est une sale histoire de vieillir et je vous conseille de l'éviter si vous pouvez ! Vieillir ne présente aucun avantage. On ne devient pas plus sage, mais on a mal au dos, on ne voit plus très bien, on a besoin d’un appareil auditif pour entendre. Je vous déconseille de vieillir. » (Woody Allen, Cannes, mai 2010.)

*

Nous voilà quoiqu'il en soit, en regard de la brièveté de la vie et de la brièveté du temps et des circonstances favorables, en présence d'un appel à la générosité, à l'audace qu'elle suppose : les brèches de temps favorables prennent terme, plus vite qu'on n'a tendance à le croire, et ce qui n'aura pas été fait ou vécu ne pourra plus l'être quand il ne sera plus temps !

Entendre cela en sachant que le passé n'est plus, qu'il n'y a pas lieu de s'en morfondre, mais qu’aujourd’hui est le jour favorable pour répandre le bien qui profitera à tous, et quelque usage qu'il en soit fait. La parabole du semeur qui sème en tout temps et sur tout terrain n'est pas loin, dans l’observation que Dieu fait briller le soleil ou pleuvoir sans calculer sur qui le « mérite » ou pas. C'est aussi à une imitation de la générosité divine donnée dans les temps favorables que nous invite l'Ecclésiaste.


RP
L'Ecclésiaste

Église protestante unie de France / Poitiers
Étude biblique 2015-2016
Chaque 2e mardi du mois à 14 h 30
& chaque jeudi qui suit le 2e mardi à 20 h 30
8. 10 & 12 mai (ch. 11) - Le terme des choses - (PDF ici)


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