« Créateur… » ? — « de toutes choses » ? — « tout-puissant » ? Citations :
- Le hasard
« Nous disons que ces altérations sont accidentelles, qu’elles ont lieu au hasard. Et puisqu’elles constituent la seule source possible de modifications du texte génétique, seul dépositaire à son tour des structures héréditaires de l’organisme, ¡1 s’ensuit nécessairement que le hasard seul est à la source de toute nouveauté, de toute création dans la biosphère. Le hasard pur, le seul hasard, liberté absolue mais aveugle, à la racine même du prodigieux édifice de l’évolution : cette notion centrale de la biologie moderne n’est plus aujourd’hui une hypothèse, parmi d’autres possibles ou au moins concevables. Elle est la seule concevable, comme seule compatible avec les faits d’observation et d’expérience. Et rien ne permet de supposer (ou d’espérer) que nos conceptions sur ce point devront ou même pourront être révisées. » (Jacques Monod, Le Hasard et la nécessité, 1970)
- Dieu cause première
Hors de la foi, un Dieu cause première démontré : « Tout ce qui est mû est mû par un autre. Or il est évident pour les sens qu'il y a des choses mues, le soleil par exemple. Le soleil est donc mû par un moteur différent de lui. Ce moteur sera lui-même mû, ou ne le sera pas. S'il n'est pas mû, nous tenons le but proposé, à savoir qu'il est nécessaire de poser un moteur immobile. Ce moteur immobile, nous l'appelons Dieu. - Si ce moteur, par contre, est mû, il sera mû par un autre. Dans ce cas, ou bien il faudra remonter à l'infini; ou bien il faudra s'arrêter à quelque moteur immobile. Mais on ne peut remonter à l'infini. Il est donc nécessaire de poser l'existence d'un premier moteur immobile. » (Thomas d’Aquin, Somme conte les Gentils, liv. I, ch. 13)
http://bibliotheque.editionsducerf.fr/par%20page/1413/TM.htm# ;
http://bibliotheque.editionsducerf.fr/par%20page/1413/acces_livre.htm
- Le diable
Un mythe de l’origine du monde matériel : « Satan, l’ennemi du Père saint, voulant troubler sa quiétude et son Royaume, alla à la porte du Royaume du Père et s'y tint pendant trente-deux ans. On ne lui permettait pas d'entrer. A la fin, le gardien de cette porte, voyant qu'il avait attendu longtemps sans avoir la permission d'entrer, le fit entrer dans le Royaume du Père saint. […]
[Où il promet alors en cachette aux bons esprits que, mieux que ce qu’ils ont dans le Royaume céleste,] il leur donnerait des champs, des vignes, des eaux, des prés, des fruits, de l'or, de l'argent, et tous les biens de cette nature matérielle, et de plus, à chacun d'eux, des épouses. » (Bélibaste, traduit in Jean Duvernoy, Le registre d’Inquisition de Jacques Fournier, Paris/La Haye/New-York, Mouton, 1978, p. 761)…
- Tsimtsoum
« Avec l’événement qui porte le nom d’ « Auschwitz » […,] ne trouvèrent place ni la fidélité, ni l’infidélité, ni la foi ni l’incroyance, ni la faute ni son châtiment, ni l’épreuve, ni le témoignage, ni l’espoir de rédemption, pas même la force ou la faiblesse, l’héroïsme ou la lâcheté, le défi ou la soumission. Non, de tout cela Auschwitz, qui dévora même les enfants, n’a rien su ; il n’en offrit même pas l’occasion en quoi que ce fût. Ce n’est pas pour l’amour de leur foi que moururent ceux de là-bas […] ; ce n'est pas non plus à cause de celle-ci ou de quelque orientation volontaire de leur être personnel qu'ils furent assassinés. La déshumanisation par l'ultime abaissement ou dénuement précéda leur agonie ; aux victimes destinées à la solution finale ne fut laissée aucune lueur de noblesse humaine, rien de tout cela n'était plus reconnaissable chez les survivants, chez les fantômes squelettiques des camps libérés. Et pourtant - paradoxe des paradoxes -, c'était le vieux peuple de l'Alliance, à laquelle ne croyait plus presque aucun des intéressés, tueurs et même victimes, c'était donc très précisément ce peuple-là et pas un autre qui fut désigné, sous la fiction de la race, pour cet autre anéantissement total […]. Et Dieu laissa faire. Quel est ce Dieu qui a pu laisser faire? » (Hans Jonas, Le concept de Dieu après Auschwitz)
« C'est en concevant le vide en soi pour accueillir l'altérité du monde, c'est en se retirant de lui-même en lui-même que Dieu créa le monde. De ce vide de Dieu, surgit le monde. La création de l'espace vide rend possible l'altérité à partir de la séparation. » (Marc-Alain Ouaknin, Concerto pour quatre consonnes).
« Né à Jérusalem en 1534 et mort à Safed en 1572 à l'âge de 38 ans, Isaac Louria a enseigné à un moment clef de l'histoire d'Israël, quand elle s'est trouvée confrontée à l'expulsion des juifs d'Espagne (1492) et à l'émergence de la pensée moderne. […] La Cabale de Rabbi Isaac Louria […] distingue trois temps dans la création.
Tsimtsoum : Retrait. Dieu ne commence pas par se révéler à l'extérieur de lui-même, mais par se retirer de lui-même, en lui-même. Par cet acte, il laisse au vide une place en son sein. Il se retire […], il crée un espace pour le monde à venir. […] Pour se manifester, il aura fallu qu'au préalable il se retire, qu'il laisse place à un néant à partir duquel la création est possible. » (Marc-Alain Ouaknin, Tsimtsoum, Introduction à la méditation hébraïque, Ed : Albin Michel, 1992, p31)
http://www.idixa.net/Pixa/pagixa-0510101745.html
Credo : c’est-à-dire « (J’ai) Confiance » !
Colossiens 1, 12-17 :
« 12 Rendez grâces au Père, qui vous a rendus capables d’avoir part à l’héritage des saints dans la lumière,
13 qui nous a délivrés de la puissance des ténèbres et nous a transportés dans le royaume du Fils de son amour,
14 en qui nous avons la rédemption, la rémission des péchés.
15 Il est l’image du Dieu invisible, le premier-né de toute la création.
16 Car en lui ont été créées toutes les choses qui sont dans les cieux et sur la terre, les visibles et les invisibles, trônes, dignités, dominations, autorités. Tout a été créé par lui et pour lui.
17 Il est avant toutes choses, et toutes choses subsistent en lui. »
Relire le hasard comme étant assumé par un acte créateur, relire le mal qu’habite la création comme étant englouti dans l’aboutissement du projet créateur (Ro 8, 18-22).
- Pantocrator, Père du Christ Pantocrator
L'Apocalypse de Jean mentionne "celui qui était, qui est et qui vient". Cela concerne le règne de Dieu, partagé par le Christ, qui englobe tous les temps, les siècles des siècles. C’est aussi un passage de l’Apocalypse qui fonde d’une façon fort expressive la confession de foi au Dieu Père Tout puissant. Elle y est exprimée de manière très éloquente.
Avant cela, le livre de Daniel, par exemple, livre auquel renvoie l’Apocalypse, nous donne une vision de ce règne éternel dès avant la venue du Christ en chair, règne décrit comme celui d'un fils d'homme, règne reçu auprès de l'Ancien des jours, Dieu.
Alors, rien à voir, semble-t-il, avec la façon dont on voit Dieu dans la faiblesse du Christ dans le Nouveau Testament — « le Tout-Puissant a fait pour moi de grande choses » (Luc 1). De même, par exemple, l'Évangile de Jean nous présentant Jésus face à Pilate ; loin de l'éternité comme dans le Livre de Daniel, il nous parle d'un temps sombre. Il nous parle en quelque sorte du présent, de notre présent, où ce règne éternel est voilé sous la douleur, sous l'humiliation, sous tout ce que l'on confronte d'inhumain de douloureux. Là, Dieu se montre faible. Tout sauf régnant, Tout-puissant. Le voilà en proie à un destin, celui de son Fils, qui apparemment lui échappe. Ici, ce sont les pouvoirs humains, particulièrement en la personne de Pilate, qui sont forts. Ici Dieu est voilé dans le Christ sous son apparente impuissance.
Revenons à l'Apocalypse. Alors apparaît le Jour éternel où ce voile de l'apparence, le voile de la faiblesse du Christ, de la faiblesse de Dieu, est enfin levé. Car "apocalypse" signifie précisément "dévoilement". C'est le dévoilement d'un fait : Dieu règne, par le Christ, lui apparemment faible, il s'avère être en fait, mais de façon cachée hors de ce dévoilement, le Tout-Puissant. Le mot précis est employé à de très nombreuses reprises dans le livre de l'Apocalypse, à commencer par le ch.1, au v.8.
Il n’est donc évidemment pas question de projection narcissique d’un désir de toute-puissance que l’on pourrait s’attribuer ! On ne s’attribue pas la toute puissance divine. César lui même ne peut se l’attribuer ! Elle est d’une nature toute autre.
Le mot grec est Pantocrator, un titre de l'Empereur romain, composé de deux autres mots : le premier mot, pas, pan, panta, selon les cas, qui est ici dans panto, signifie tout, toutes choses, absolument tout, tout ce qui existe, tout ce qu'on peut imaginer. Le second, qui est ici dans crator, signifie la puissance au sens du pouvoir, de la force. C'est ce mot que l'on retrouve dans démocratie, aristocratie, etc.
À l'époque du Nouveau Testament, on n'est ni dans la démocratie, ni même dans l'aristocratie, mais dans l'autocratie de l'Empereur romain, concrètement la dictature d'un Empereur qui prétend avoir pouvoir sur tout, qui se dit Roi de l'Univers, Roi des rois et Seigneur des Seigneurs — c'est aussi un de ses titres. Cet Empereur s'est fait proclamer Dieu, il se veut Sauveur — encore un de ses titres — Sauveur de cet Univers qu'il a conquis par la force. Au plus fort de son sens ce mot signifie : "celui qui soutient tout".
Officiellement, l'Empereur a pouvoir sur tout, il est tout Puissant. Il est Dieu, on lui brûle de l'encens. Et voilà que l'Apocalypse martèle à de nombreuses reprises, que celui qui a pouvoir sur tout, le Tout-puissant, ce n'est pas l'Empereur de Rome, malgré les apparences, mais Dieu le Père du Christ, et le Christ lui-même, cet homme si faible face au représentant de l'Empereur, face à Pilate.
Cette toute-puissance de Dieu est finalement le dernier mot de la Bible face à tous les pouvoirs : dans la ville de la paix, à la fin de l'Apocalypse, au ch. 21, v. 22, on découvre qu'il n'y plus même de Temple, parce que le Tout-puissant (toujours le même mot : pantocrator) — le Tout-puissant lui-même en est le Temple, ainsi que son Fils.
Entre-temps l'Apocalypse nous le dévoile à nouveau comme tel dans la vision du trône céleste (ch. 4, v. 8). Ici le mot pantocrator, tout-puissant, traduit le titre divin du livre d'Ésaïe, Dieu des Armées : « saint, saint, saint est le Seigneur, le Dieu des arméees (célestes) », Sébaoth en hébreu, « le Tout-puissant »", pantocrator, dit l'Apocalypse.
Et on retrouve le même terme au ch. 11, v. 17, pour le jugement des nations. Et encore le même terme au ch. 15, v. 3, dans la louange des martyrs. Puis au ch. 16, v. 14, pour le jugement des faux prophètes. Puis encore au ch. 19, à deux reprises, au v. 6 et au v. 15, pour l'établissement du règne de Dieu et le jugement de toute méchanceté.
Voilà un mot donc, qui pour être absent du reste du Nouveau Testament, n'en a pas moins une signification très importante.
Il est absent lorsque Dieu est caché dans la faiblesse apparente du Christ, mais est abondamment présent, lorsque son véritable pouvoir est enfin dévoilé, selon le sens du mot « apocalypse ».
Et dès lors, on retrouve plus tard ce même mot grec dans le Symbole de Nicée-Constantinople : « nous croyons en Dieu, le Père Tout-Puissant... » Ce mot a été traduit en latin par Omnipotens, terme repris dans le Symbole des Apôtres ; du latin aussi, il donne en français exactement Tout-Puissant.
Ainsi, si nous disons avec les Symboles de la Foi, que nous le croyons, c'est que ce règne de Dieu et du Christ, nous ne le voyons pas : nous le croyons.
R.P.
Une lecture protestante des Credo.
Église réformée de Poitiers.
Catéchisme pour adultes.
2012-2013.
Chaque 3e mardi du mois à 20 h 30.
2) 20 novembre 2012 — Le Père tout-puissant créateur de toutes choses
- Le hasard
« Nous disons que ces altérations sont accidentelles, qu’elles ont lieu au hasard. Et puisqu’elles constituent la seule source possible de modifications du texte génétique, seul dépositaire à son tour des structures héréditaires de l’organisme, ¡1 s’ensuit nécessairement que le hasard seul est à la source de toute nouveauté, de toute création dans la biosphère. Le hasard pur, le seul hasard, liberté absolue mais aveugle, à la racine même du prodigieux édifice de l’évolution : cette notion centrale de la biologie moderne n’est plus aujourd’hui une hypothèse, parmi d’autres possibles ou au moins concevables. Elle est la seule concevable, comme seule compatible avec les faits d’observation et d’expérience. Et rien ne permet de supposer (ou d’espérer) que nos conceptions sur ce point devront ou même pourront être révisées. » (Jacques Monod, Le Hasard et la nécessité, 1970)
- Dieu cause première
Hors de la foi, un Dieu cause première démontré : « Tout ce qui est mû est mû par un autre. Or il est évident pour les sens qu'il y a des choses mues, le soleil par exemple. Le soleil est donc mû par un moteur différent de lui. Ce moteur sera lui-même mû, ou ne le sera pas. S'il n'est pas mû, nous tenons le but proposé, à savoir qu'il est nécessaire de poser un moteur immobile. Ce moteur immobile, nous l'appelons Dieu. - Si ce moteur, par contre, est mû, il sera mû par un autre. Dans ce cas, ou bien il faudra remonter à l'infini; ou bien il faudra s'arrêter à quelque moteur immobile. Mais on ne peut remonter à l'infini. Il est donc nécessaire de poser l'existence d'un premier moteur immobile. » (Thomas d’Aquin, Somme conte les Gentils, liv. I, ch. 13)
http://bibliotheque.editionsducerf.fr/par%20page/1413/TM.htm# ;
http://bibliotheque.editionsducerf.fr/par%20page/1413/acces_livre.htm
- Le diable
Un mythe de l’origine du monde matériel : « Satan, l’ennemi du Père saint, voulant troubler sa quiétude et son Royaume, alla à la porte du Royaume du Père et s'y tint pendant trente-deux ans. On ne lui permettait pas d'entrer. A la fin, le gardien de cette porte, voyant qu'il avait attendu longtemps sans avoir la permission d'entrer, le fit entrer dans le Royaume du Père saint. […]
[Où il promet alors en cachette aux bons esprits que, mieux que ce qu’ils ont dans le Royaume céleste,] il leur donnerait des champs, des vignes, des eaux, des prés, des fruits, de l'or, de l'argent, et tous les biens de cette nature matérielle, et de plus, à chacun d'eux, des épouses. » (Bélibaste, traduit in Jean Duvernoy, Le registre d’Inquisition de Jacques Fournier, Paris/La Haye/New-York, Mouton, 1978, p. 761)…
- Tsimtsoum
« Avec l’événement qui porte le nom d’ « Auschwitz » […,] ne trouvèrent place ni la fidélité, ni l’infidélité, ni la foi ni l’incroyance, ni la faute ni son châtiment, ni l’épreuve, ni le témoignage, ni l’espoir de rédemption, pas même la force ou la faiblesse, l’héroïsme ou la lâcheté, le défi ou la soumission. Non, de tout cela Auschwitz, qui dévora même les enfants, n’a rien su ; il n’en offrit même pas l’occasion en quoi que ce fût. Ce n’est pas pour l’amour de leur foi que moururent ceux de là-bas […] ; ce n'est pas non plus à cause de celle-ci ou de quelque orientation volontaire de leur être personnel qu'ils furent assassinés. La déshumanisation par l'ultime abaissement ou dénuement précéda leur agonie ; aux victimes destinées à la solution finale ne fut laissée aucune lueur de noblesse humaine, rien de tout cela n'était plus reconnaissable chez les survivants, chez les fantômes squelettiques des camps libérés. Et pourtant - paradoxe des paradoxes -, c'était le vieux peuple de l'Alliance, à laquelle ne croyait plus presque aucun des intéressés, tueurs et même victimes, c'était donc très précisément ce peuple-là et pas un autre qui fut désigné, sous la fiction de la race, pour cet autre anéantissement total […]. Et Dieu laissa faire. Quel est ce Dieu qui a pu laisser faire? » (Hans Jonas, Le concept de Dieu après Auschwitz)
« C'est en concevant le vide en soi pour accueillir l'altérité du monde, c'est en se retirant de lui-même en lui-même que Dieu créa le monde. De ce vide de Dieu, surgit le monde. La création de l'espace vide rend possible l'altérité à partir de la séparation. » (Marc-Alain Ouaknin, Concerto pour quatre consonnes).
« Né à Jérusalem en 1534 et mort à Safed en 1572 à l'âge de 38 ans, Isaac Louria a enseigné à un moment clef de l'histoire d'Israël, quand elle s'est trouvée confrontée à l'expulsion des juifs d'Espagne (1492) et à l'émergence de la pensée moderne. […] La Cabale de Rabbi Isaac Louria […] distingue trois temps dans la création.
Tsimtsoum : Retrait. Dieu ne commence pas par se révéler à l'extérieur de lui-même, mais par se retirer de lui-même, en lui-même. Par cet acte, il laisse au vide une place en son sein. Il se retire […], il crée un espace pour le monde à venir. […] Pour se manifester, il aura fallu qu'au préalable il se retire, qu'il laisse place à un néant à partir duquel la création est possible. » (Marc-Alain Ouaknin, Tsimtsoum, Introduction à la méditation hébraïque, Ed : Albin Michel, 1992, p31)
http://www.idixa.net/Pixa/pagixa-0510101745.html
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Credo : c’est-à-dire « (J’ai) Confiance » !
Colossiens 1, 12-17 :
« 12 Rendez grâces au Père, qui vous a rendus capables d’avoir part à l’héritage des saints dans la lumière,
13 qui nous a délivrés de la puissance des ténèbres et nous a transportés dans le royaume du Fils de son amour,
14 en qui nous avons la rédemption, la rémission des péchés.
15 Il est l’image du Dieu invisible, le premier-né de toute la création.
16 Car en lui ont été créées toutes les choses qui sont dans les cieux et sur la terre, les visibles et les invisibles, trônes, dignités, dominations, autorités. Tout a été créé par lui et pour lui.
17 Il est avant toutes choses, et toutes choses subsistent en lui. »
Relire le hasard comme étant assumé par un acte créateur, relire le mal qu’habite la création comme étant englouti dans l’aboutissement du projet créateur (Ro 8, 18-22).
- Pantocrator, Père du Christ Pantocrator
L'Apocalypse de Jean mentionne "celui qui était, qui est et qui vient". Cela concerne le règne de Dieu, partagé par le Christ, qui englobe tous les temps, les siècles des siècles. C’est aussi un passage de l’Apocalypse qui fonde d’une façon fort expressive la confession de foi au Dieu Père Tout puissant. Elle y est exprimée de manière très éloquente.
Avant cela, le livre de Daniel, par exemple, livre auquel renvoie l’Apocalypse, nous donne une vision de ce règne éternel dès avant la venue du Christ en chair, règne décrit comme celui d'un fils d'homme, règne reçu auprès de l'Ancien des jours, Dieu.
Alors, rien à voir, semble-t-il, avec la façon dont on voit Dieu dans la faiblesse du Christ dans le Nouveau Testament — « le Tout-Puissant a fait pour moi de grande choses » (Luc 1). De même, par exemple, l'Évangile de Jean nous présentant Jésus face à Pilate ; loin de l'éternité comme dans le Livre de Daniel, il nous parle d'un temps sombre. Il nous parle en quelque sorte du présent, de notre présent, où ce règne éternel est voilé sous la douleur, sous l'humiliation, sous tout ce que l'on confronte d'inhumain de douloureux. Là, Dieu se montre faible. Tout sauf régnant, Tout-puissant. Le voilà en proie à un destin, celui de son Fils, qui apparemment lui échappe. Ici, ce sont les pouvoirs humains, particulièrement en la personne de Pilate, qui sont forts. Ici Dieu est voilé dans le Christ sous son apparente impuissance.
Revenons à l'Apocalypse. Alors apparaît le Jour éternel où ce voile de l'apparence, le voile de la faiblesse du Christ, de la faiblesse de Dieu, est enfin levé. Car "apocalypse" signifie précisément "dévoilement". C'est le dévoilement d'un fait : Dieu règne, par le Christ, lui apparemment faible, il s'avère être en fait, mais de façon cachée hors de ce dévoilement, le Tout-Puissant. Le mot précis est employé à de très nombreuses reprises dans le livre de l'Apocalypse, à commencer par le ch.1, au v.8.
Il n’est donc évidemment pas question de projection narcissique d’un désir de toute-puissance que l’on pourrait s’attribuer ! On ne s’attribue pas la toute puissance divine. César lui même ne peut se l’attribuer ! Elle est d’une nature toute autre.
Le mot grec est Pantocrator, un titre de l'Empereur romain, composé de deux autres mots : le premier mot, pas, pan, panta, selon les cas, qui est ici dans panto, signifie tout, toutes choses, absolument tout, tout ce qui existe, tout ce qu'on peut imaginer. Le second, qui est ici dans crator, signifie la puissance au sens du pouvoir, de la force. C'est ce mot que l'on retrouve dans démocratie, aristocratie, etc.
À l'époque du Nouveau Testament, on n'est ni dans la démocratie, ni même dans l'aristocratie, mais dans l'autocratie de l'Empereur romain, concrètement la dictature d'un Empereur qui prétend avoir pouvoir sur tout, qui se dit Roi de l'Univers, Roi des rois et Seigneur des Seigneurs — c'est aussi un de ses titres. Cet Empereur s'est fait proclamer Dieu, il se veut Sauveur — encore un de ses titres — Sauveur de cet Univers qu'il a conquis par la force. Au plus fort de son sens ce mot signifie : "celui qui soutient tout".
Officiellement, l'Empereur a pouvoir sur tout, il est tout Puissant. Il est Dieu, on lui brûle de l'encens. Et voilà que l'Apocalypse martèle à de nombreuses reprises, que celui qui a pouvoir sur tout, le Tout-puissant, ce n'est pas l'Empereur de Rome, malgré les apparences, mais Dieu le Père du Christ, et le Christ lui-même, cet homme si faible face au représentant de l'Empereur, face à Pilate.
Cette toute-puissance de Dieu est finalement le dernier mot de la Bible face à tous les pouvoirs : dans la ville de la paix, à la fin de l'Apocalypse, au ch. 21, v. 22, on découvre qu'il n'y plus même de Temple, parce que le Tout-puissant (toujours le même mot : pantocrator) — le Tout-puissant lui-même en est le Temple, ainsi que son Fils.
Entre-temps l'Apocalypse nous le dévoile à nouveau comme tel dans la vision du trône céleste (ch. 4, v. 8). Ici le mot pantocrator, tout-puissant, traduit le titre divin du livre d'Ésaïe, Dieu des Armées : « saint, saint, saint est le Seigneur, le Dieu des arméees (célestes) », Sébaoth en hébreu, « le Tout-puissant »", pantocrator, dit l'Apocalypse.
Et on retrouve le même terme au ch. 11, v. 17, pour le jugement des nations. Et encore le même terme au ch. 15, v. 3, dans la louange des martyrs. Puis au ch. 16, v. 14, pour le jugement des faux prophètes. Puis encore au ch. 19, à deux reprises, au v. 6 et au v. 15, pour l'établissement du règne de Dieu et le jugement de toute méchanceté.
Voilà un mot donc, qui pour être absent du reste du Nouveau Testament, n'en a pas moins une signification très importante.
Il est absent lorsque Dieu est caché dans la faiblesse apparente du Christ, mais est abondamment présent, lorsque son véritable pouvoir est enfin dévoilé, selon le sens du mot « apocalypse ».
Et dès lors, on retrouve plus tard ce même mot grec dans le Symbole de Nicée-Constantinople : « nous croyons en Dieu, le Père Tout-Puissant... » Ce mot a été traduit en latin par Omnipotens, terme repris dans le Symbole des Apôtres ; du latin aussi, il donne en français exactement Tout-Puissant.
Ainsi, si nous disons avec les Symboles de la Foi, que nous le croyons, c'est que ce règne de Dieu et du Christ, nous ne le voyons pas : nous le croyons.
R.P.
Une lecture protestante des Credo.
Église réformée de Poitiers.
Catéchisme pour adultes.
2012-2013.
Chaque 3e mardi du mois à 20 h 30.
2) 20 novembre 2012 — Le Père tout-puissant créateur de toutes choses
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