Exode 12
Matthieu 26
De l’Égypte à Israël et au Christ…
Eugen Drewermann lit la religion égyptienne comme « double » :
« … dans sa contradiction intérieure, la religion égyptienne présente le visage d'un sphinx, et la question se pose de savoir comment on peut faire sienne l'inépuisable richesse de ses images et idées. Si l'on s'en tient à l'extériorité de son expression, on est conduit en droite ligne, d'un point de vue historique, des pharaons égyptiens du Nouvel Empire aux Assyriens et aux Babyloniens, avec leur adoration effrénée de la puissance guerrière, à la cour perse de Persépolis, aux téméraires expéditions de conquête du monde d'Alexandre "le Grand" et à la royauté divine des Césars romains ». (Eugen Drewermann, De la naissance des dieux à la naissance du Christ, éd. du Seuil, 1992, p. 103.)
C’est cet aspect-là dont l’Exode libère et que la Pâque, fête de la liberté, célèbre. Un tournant a lieu, avec un avant et un après : pour la première fois dans l’histoire, une loi n’a pas de donateur ni de dépositaire humain. Moïse ne remplace pas le Pharaon. Moïse n’est pas la source de la Loi contrairement au Pharaon (ou à Hammourabi). C’est la spécificité de ce tournant, signifié aussi dans la célébration de la Pâque. Être épargné d’un fléau qui n’a pas de source humaine, non plus que la grâce, signifiée à la foi par la manducation de l’agneau et par le don d’un pain d’humilité (sans levain), comme signe d’un don qui n’a pas de source humaine — déjà signe pain du ciel… Dans le souvenir que c’était à la recherche de pain que le peuple avait été exilé au pays de Pharaon, au temps de Joseph.
Deuxième aspect de la religion égyptienne, relevé par Drewermann, l’aspect intérieur :
« si l'on mise, en revanche, écrit-il, sur la signification intérieure du symbole religieux de la figure du fils de Dieu, les images de l'Égypte ancienne conduisent en droite ligne aux dogmes de l'Église primitive. Et, dès lors, le christianisme peut se prévaloir de l'exploit d'avoir pleinement saisi le symbolisme central de l'Égypte ancienne dans sa teneur spirituelle et de l'avoir élevé, dans sa pure intériorité, au rang d'expression centrale de sa propre foi. » (Eugen Drewermann, Ibid.)
Libéré de Mitsraïm — selon la signification symbolique donnée à la terre où il a été esclave, de ce mot, qui signifie exiguïté, par lequel les Égyptiens ne se désignent pas ! —, le peuple est au bénéfice d’une réforme de la religion égyptienne, qui si elle demande à être réformée, n’en est pas moins un vis-à-vis symbolique de la religion biblique…
« Ce qui a commencé dans l’Égypte ancienne sous la forme de la prétention à la liberté d’un seul s’accomplit dans le christianisme sous la forme d’une liberté qui brise tout joug de servitude (Ga 5,1). Ce qui a été établi dans l’Égypte ancienne comme filiation divine du ‘fils du soleil’ trouve son achèvement là où il est donné aux ‘enfants de lumière’ d’être ‘fils adoptifs de Dieu’ (Ga 4,5 ; Ep 5,8). » (Eugen Drewermann, Ibid., p. 106.)
Le christianisme est situé en vis-à-vis de la religion d’Israël — don du ciel, reçu dans le signe du pain — référé à une loi qui n’a pas de donateur humain ; une loi elle-même située selon la Bible en vis-à-vis, dans ses rites, de la religion égyptienne. Ses symboles, reçus via le vis-à-vis de la Bible juive, annoncent la vocation du christianisme à une ouverture universelle.
RP
Le pain dans la Bible.
Église réformée de Poitiers.
Étude biblique 2012-2013.
Chaque 2e mardi du mois à 14 h 30.
& chaque jeudi qui suit le 2e mardi à 20 h 30.
8) 14 & 16 mai 13 — Cène et Pâque / Exode 12 / Mt 26,
Mc 14, Lc 22 (du rite au rite)
1 Le SEIGNEUR dit à Moïse et à Aaron, en Egypte :
2 Ce mois-ci sera pour vous le premier des mois ; il sera pour vous le premier des mois de l'année.
3 Dites à toute la communauté d'Israël : Le dixième jour de ce mois, on prendra un mouton ou une chèvre pour chaque famille, une bête par maison.
4 Si la famille est trop peu nombreuse pour une bête, elle la prendra avec le voisin le plus proche de la maison, selon le nombre de personnes à nourrir ; vous répartirez cette bête d'après ce que chacun peut manger.
[…]
11 Voici comment vous le mangerez : une ceinture à vos reins, vos sandales aux pieds et votre bâton à la main ; vous le mangerez à la hâte. C'est la Pâque du SEIGNEUR.
12 Cette nuit-là, je parcourrai l'Egypte et je frapperai tous les premiers-nés en Egypte, depuis les humains jusqu'aux bêtes ; ainsi j'exécuterai mes jugements contre tous les dieux de l'Egypte. Je suis le SEIGNEUR (YHWH) .
13 Le sang sera pour vous un signe sur les maisons où vous serez : lorsque je verrai le sang, je passerai sur vous, et il n'y aura pas sur vous de fléau destructeur quand je frapperai l'Egypte.
14 Ce sera pour vous un jour d'évocation ; vous le célébrerez comme une fête pour le SEIGNEUR, vous le célébrerez comme une prescription perpétuelle, pour toutes vos générations.
15 Pendant sept jours, vous mangerez des pains sans levain. Dès le premier jour, vous supprimerez le levain de vos maisons ; quiconque mangera quelque chose de levé, du premier jour au septième jour, sera retranché d'Israël.
16 Le premier jour, il y aura convocation sacrée ; le septième jour, il y aura pour vous convocation sacrée. On ne fera aucun travail ces jours-là — si ce n'est de préparer la nourriture pour chacun.
17 Vous observerez la fête des Pains sans levain, car c'est en ce jour même que j'ai fait sortir vos armées d'Egypte ; vous observerez ce jour comme une prescription perpétuelle, pour toutes vos générations.
18 Le quatorzième jour du premier mois, au soir, vous mangerez des pains sans levain ; vous en mangerez jusqu'au soir du vingt et unième jour.
19 Pendant sept jours, on ne devra pas trouver de levain chez vous ; quiconque mangera quelque chose de levé sera retranché de la communauté d'Israël, que ce soit un immigré ou un autochtone du pays.
20 Vous ne mangerez rien de levé ; dans tous vos lieux d'habitation, vous mangerez des pains sans levain.
21 Moïse appela tous les anciens d'Israël et leur dit : Allez prendre du petit bétail pour vos clans, et immolez la Pâque.
22 Vous prendrez ensuite un bouquet d'hysope, vous le tremperez dans le sang qui est dans le bassin, et vous en mettrez sur le linteau et les deux montants de la porte. Aucun de vous ne sortira de sa maison jusqu'au matin.
23 Quand le SEIGNEUR parcourra l'Egypte pour la frapper du fléau et qu'il verra le sang sur le linteau et sur les deux montants de la porte, le SEIGNEUR passera ; il ne laissera pas le destructeur et son fléau entrer chez vous.
24 Vous observerez cela comme une prescription pour toi et pour tes fils, perpétuellement.
25 Quand vous serez entrés dans le pays que le SEIGNEUR vous donnera, selon sa parole, vous observerez ce rite.
26 Lorsque vos fils vous demanderont : « Que signifie pour vous ce rite ? »,
27 vous répondrez : C'est le sacrifice de la Pâque pour le SEIGNEUR, qui a passé sur les maisons des Israélites en Egypte ; lorsqu'il a frappé l'Egypte du fléau, il a délivré nos maisons. Le peuple s'inclina et se prosterna.
28 Les Israélites s'en allèrent ; ils firent exactement ce que le SEIGNEUR avait ordonné à Moïse et à Aaron. Ainsi firent-ils.
[…]
50 Tous les Israélites firent exactement ce que le SEIGNEURavait ordonné à Moïse et à Aaron. Ainsi firent-ils. 51Ce jour même, le SEIGNEUR fit sortir d'Egypte les Israélites, rangés en armées.
Matthieu 26
17 Le premier jour des Pains sans levain, les disciples vinrent dire à Jésus : Où veux-tu que nous te préparions le repas de la Pâque ?
18 Il répondit : Allez à la ville chez Untel, et dites-lui : Le maître dit : « Mon temps est proche, c'est chez toi que je célébrerai la Pâque avec mes disciples. »
19 Les disciples firent ce que Jésus leur avait ordonné et ils préparèrent la Pâque.
20 Le soir venu, il était à table avec les Douze.
21 Pendant qu'ils mangeaient, il dit : Amen, je vous le dis, l'un de vous me livrera.
22 Ils furent profondément attristés, et chacun se mit à lui dire : Est-ce moi, Seigneur ?
23 Il répondit : Celui qui a mis avec moi la main dans le plat, c'est lui qui me livrera.
24 Le Fils de l'homme s'en va, selon ce qui est écrit de lui. Mais quel malheur pour cet homme par qui le Fils de l'homme est livré ! Il aurait mieux valu pour cet homme ne pas être né.
25 Judas, qui le livrait, demanda : Est-ce moi, Rabbi ? Il lui répondit : C'est toi qui l'as dit.
26 Pendant qu'ils mangeaient, Jésus prit du pain ; après avoir prononcé la bénédiction, il le rompit et le donna aux disciples en disant : Prenez, mangez ; c'est mon corps.
27 Il prit ensuite une coupe ; après avoir rendu grâce, il la leur donna en disant : Buvez-en tous :
28 c'est mon sang, le sang de l'alliance, qui est répandu en faveur d'une multitude, pour le pardon des péchés.
29 Je vous le dis, je ne boirai plus désormais de ce produit de la vigne jusqu'au jour où je le boirai avec vous, nouveau, dans le royaume de mon Père.
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De l’Égypte à Israël et au Christ…
Eugen Drewermann lit la religion égyptienne comme « double » :
« … dans sa contradiction intérieure, la religion égyptienne présente le visage d'un sphinx, et la question se pose de savoir comment on peut faire sienne l'inépuisable richesse de ses images et idées. Si l'on s'en tient à l'extériorité de son expression, on est conduit en droite ligne, d'un point de vue historique, des pharaons égyptiens du Nouvel Empire aux Assyriens et aux Babyloniens, avec leur adoration effrénée de la puissance guerrière, à la cour perse de Persépolis, aux téméraires expéditions de conquête du monde d'Alexandre "le Grand" et à la royauté divine des Césars romains ». (Eugen Drewermann, De la naissance des dieux à la naissance du Christ, éd. du Seuil, 1992, p. 103.)
C’est cet aspect-là dont l’Exode libère et que la Pâque, fête de la liberté, célèbre. Un tournant a lieu, avec un avant et un après : pour la première fois dans l’histoire, une loi n’a pas de donateur ni de dépositaire humain. Moïse ne remplace pas le Pharaon. Moïse n’est pas la source de la Loi contrairement au Pharaon (ou à Hammourabi). C’est la spécificité de ce tournant, signifié aussi dans la célébration de la Pâque. Être épargné d’un fléau qui n’a pas de source humaine, non plus que la grâce, signifiée à la foi par la manducation de l’agneau et par le don d’un pain d’humilité (sans levain), comme signe d’un don qui n’a pas de source humaine — déjà signe pain du ciel… Dans le souvenir que c’était à la recherche de pain que le peuple avait été exilé au pays de Pharaon, au temps de Joseph.
Deuxième aspect de la religion égyptienne, relevé par Drewermann, l’aspect intérieur :
« si l'on mise, en revanche, écrit-il, sur la signification intérieure du symbole religieux de la figure du fils de Dieu, les images de l'Égypte ancienne conduisent en droite ligne aux dogmes de l'Église primitive. Et, dès lors, le christianisme peut se prévaloir de l'exploit d'avoir pleinement saisi le symbolisme central de l'Égypte ancienne dans sa teneur spirituelle et de l'avoir élevé, dans sa pure intériorité, au rang d'expression centrale de sa propre foi. » (Eugen Drewermann, Ibid.)
Libéré de Mitsraïm — selon la signification symbolique donnée à la terre où il a été esclave, de ce mot, qui signifie exiguïté, par lequel les Égyptiens ne se désignent pas ! —, le peuple est au bénéfice d’une réforme de la religion égyptienne, qui si elle demande à être réformée, n’en est pas moins un vis-à-vis symbolique de la religion biblique…
« Ce qui a commencé dans l’Égypte ancienne sous la forme de la prétention à la liberté d’un seul s’accomplit dans le christianisme sous la forme d’une liberté qui brise tout joug de servitude (Ga 5,1). Ce qui a été établi dans l’Égypte ancienne comme filiation divine du ‘fils du soleil’ trouve son achèvement là où il est donné aux ‘enfants de lumière’ d’être ‘fils adoptifs de Dieu’ (Ga 4,5 ; Ep 5,8). » (Eugen Drewermann, Ibid., p. 106.)
Le christianisme est situé en vis-à-vis de la religion d’Israël — don du ciel, reçu dans le signe du pain — référé à une loi qui n’a pas de donateur humain ; une loi elle-même située selon la Bible en vis-à-vis, dans ses rites, de la religion égyptienne. Ses symboles, reçus via le vis-à-vis de la Bible juive, annoncent la vocation du christianisme à une ouverture universelle.
RP
Le pain dans la Bible.
Église réformée de Poitiers.
Étude biblique 2012-2013.
Chaque 2e mardi du mois à 14 h 30.
& chaque jeudi qui suit le 2e mardi à 20 h 30.
8) 14 & 16 mai 13 — Cène et Pâque / Exode 12 / Mt 26,
Mc 14, Lc 22 (du rite au rite)
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