lundi 13 janvier 2014

"L’aujourd’hui" de Dieu




Psaume 2, 7 : « Je publierai le décret ; Le Seigneur m’a dit : Tu es mon fils ! Je t’ai engendré aujourd’hui. »
Psaume 95, 7 : « Car il est notre Dieu, Et nous sommes le peuple de son pâturage, Le troupeau que sa main conduit… Oh ! si vous pouviez écouter aujourd’hui sa voix ! »


Deux Psaumes, le Ps 2 et le Ps 95, soulignant une constante de la Parole de la foi : « aujourd’hui ». Deux Psaumes qui sont repris, bien plus tard, pour un autre « aujourd’hui », dans l’Épître aux Hébreux :

Hébreux 1, 5 : « Auquel des anges Dieu a-t-il jamais dit : Tu es mon Fils, Je t’ai engendré aujourd’hui ? Et encore : Je serai pour lui un père, et il sera pour moi un fils ? »
Hébreux 5, 5 : « Et Christ ne s’est pas […] attribué la gloire de devenir souverain sacrificateur, mais il la tient de celui qui lui a dit : Tu es mon Fils, Je t’ai engendré aujourd’hui ! »

Aujourd’hui éternel !...

Hébreux 3, 7-8a : « C’est pourquoi, selon ce que dit le Saint-Esprit : Aujourd’hui, si vous entendez sa voix, N’endurcissez pas vos cœurs ».
Hébreux 3, 13 : « Mais exhortez-vous les uns les autres chaque jour, aussi longtemps qu’on peut dire : Aujourd’hui ! afin qu’aucun de vous ne s’endurcisse par la séduction du péché. »
Hébreux 3, 15 : « pendant qu’il est dit : Aujourd’hui, si vous entendez sa voix, N’endurcissez pas vos cœurs, comme lors de la révolte. »
Hébreux 4, 7 : « Dieu fixe de nouveau un jour — aujourd’hui — en disant dans David si longtemps après, comme il est dit plus haut : Aujourd’hui, si vous entendez sa voix, N’endurcissez pas vos cœurs. »


*

Un « aujourd’hui » qui vaut toujours… aujourd’hui


Cf. Kierkegaard et la contemporanéité avec l’Absolu — manifesté en Christ.


Sur Exercice en christianisme. Citation de Daniel Vidal, « Søren Kierkegaard, Exercice en christianisme », Archives de sciences sociales des religions, 140, 2007 (extraits) :

Le christianisme est « l’Absolu », et c’est à cet Absolu que le croyant est invité à se confronter. Par quelles voies, avec quelles armes ? En se portant contemporain du Christ : « Aucune parole de Christ, pas même une seule, tu n’as le droit de te les approprier, tu n’as pas la moindre part en lui, pas la plus éloignée des communautés avec lui, si tu n’es pas contemporain avec lui dans son abaissement ». Être du même « temps », ce temps de l’irruption du scandale [l'Incarnation], quand rien encore n’est avéré, ni accompli, mais que tout est déjà joué, que tout apparaît « absurde », et que cet « absurde » est marque d’ « extraordinaire » : « Que Dieu ait vécu ici sur terre comme un homme singulier, c’est infiniment extraordinaire. Si cela n’avait eu strictement aucune conséquence, ce serait la même chose, cela resterait parfaitement extraordinaire, infiniment extraordinaire ». Être en exacte contemporanéité avec cet événement au revers de tout ordre, conditionne une nouvelle, et à proprement parler, intransitive, conception du temps. « Par rapport à l’absolu, il n’y a qu’un seul temps, le présent ». Christ ? : « Une personne au plus haut point anhistorique » : si l’histoire dit « ce qui s’est réellement passé », et si l’on applique cette formule au christianisme, on rend impensable du même coup le temps de la pure présence, et donc sans cesse recommencée, de l’« événement christique ».

Si, comme il en va dans l’Exercice, ne peut véritablement comprendre que celui qui se fait « contemporain » de son « objet » — l’homme-Dieu ici, là cet autrui singulier, là encore tous les autruis —, alors cette exigence de contemporanéité induit un « rapport à la vérité où chacun “recommence à zéro” ».



Sur Miettes philosophiques. Citation de Hélène Politis, Le vocabulaire de Kierkegaard (extrait) :

C'est comme croyant que le disciple se rapporte « à ce maître-ci » (Mi, SV3 VI, p. 58-59/0C VII, p. 58). [...] Le contemporain et le non-contemporain rencontrent exactement la même difficulté. Nul n'a le moindre privilège comparé à l'autre ni le contemporain parce qu'il aurait vu personnellement l'événement, ni le non-contemporain parce qu'il pourrait être mieux documenté sur les circonstances et les conséquences historiques, ou encore parce qu'il serait meilleur théologien. On ne reçoit pas la foi de seconde main [ :] tout croyant est disciple de première main, tout croyant, en tant que tel, est contemporain de l'événement christique.


*

« Rachetez le temps » ( Ep 5:16 ; Col 4:5)

Une façon de comprendre le temps — celui qui passe — nous empêcherait d'en parler plus longtemps que cet autre temps — la pluie et le beau temps — : il s'agit de la façon de le comprendre comme un fleuve qui coule. Sous cet angle, le fameux « rachetez le temps », est tout simplement incompréhensible — ce rachat du temps devenant rattrapage de temps perdu : « on ne rattrape pas le temps perdu ».

Si cela a un sens, c’est qu’il y a un autre temps, où « mille ans sont comme un jour », d’où se « rachète » le temps, comme on sort quelqu’un d’un fleuve. « Béni soit celui qui vient » parmi nous… depuis le « plus haut des cieux » (Mt 21, 9), depuis hors du fleuve de ce temps.

Notre temps, notre maintenant, est appelé à être sauvé, racheté — car notre temps se corrompt, contrairement au temps éternel, inauguré ici-bas dans la résurrection du Christ, selon le temps céleste où un jour est comme mille ans et où mille ans sont comme un jour. L’Écriture nous invite à revêtir en Jésus Christ l’incorruptibilité où le temps cesse d’être perte.

Car si notre temps, nos moments qui se succèdent, qui perpétuent l’exil, sont signe de perte, de manquement, de déficience, de captivité sous une griffe diabolique, ils sont cependant rachetables : « rachetez le temps », le moment (« kairos »). Il s’agit d’imprégner ce temps du rythme du temps céleste du monde à venir, dans lequel on est entré par la résurrection du Christ. Ce « rachetez le temps » s’accompagne d’une citation d’Amos (5, 13) – « car les jours sont mauvais » – où le prophète recommande au peuple une conduite intelligente de silence et de recherche de Dieu, pour détourner sa colère contre la corruption d’un mauvais temps.

1 Jean 5, 19 & 20 : « Nous savons […] que le monde entier est sous la puissance du malin. Nous savons aussi que le Fils de Dieu est venu, et qu’il nous a donné l’intelligence pour connaître le Véritable ; et nous sommes dans le Véritable, en son Fils Jésus-Christ. C’est lui qui est le Dieu véritable, et la vie éternelle. »

Il s’agit de racheter ce temps en vivant selon le temps céleste, s'ancrer dans le repos de Dieu — telle est la prière. C’est la brèche de l’irruption du salut du temps. C’est ainsi que se rachète le temps, cette mesure de notre déperdition.

Dans la foi qu’il est un temps céleste, celui du Royaume à venir, qui n’est pas marqué par le manque, un regard sur notre temps nous enseigne la confiance en Dieu, et l’espérance actuelle de ce temps total qui nous est donné d’En haut, irruption promise à notre foi, de l’éternité du Royaume.

Ainsi apparaît ce qu’il faut faire dans le présent pour « racheter le temps » : ne pas se soumettre à ses fluctuations, ne pas se conformer au siècle présent et à ses clameurs médiatiques, aux clameurs des foules trompées, mais s'ancrer par la prière, se fixer résolument dans la vérité, loi du siècle à venir, incorruptible, pour racheter celui-ci. Et vivre dans le siècle à venir se manifeste en ce siècle dans une attitude concrète : il ne s’agit pas de le fuir, mais d’en signifier dans la fidélité au quotidien, le rachat de chaque instant par la confiance à la loi du siècle à venir (Mt 6, 33-34).


RP
Une prière qui engage

Église protestante unie de France / Poitiers
Catéchisme pour adultes 2013-2014
Chaque 3e mardi du mois à 14 h 30
& chaque jeudi qui suit le 3e mardi à 20 h 30
4) Mardi 14 & jeudi 16 janvier 2014 : « L’aujourd’hui » de Dieu (PDF)


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