(photo ici)
La foi - dans l’Épître aux Hébreux : 11,1 – 12,13.
Hébreux 11, 1-7
L’Épître aux Hébreux nous a conduits jusqu’à ce ch. 11 dans sa conviction que si notre temps passager est en train de passer, si ce passage risque même de se faire dans la douleur, ce monde qui passe a un fondement inébranlable que le Christ est venu dévoiler.
Et cela de façon telle qu’ayant vécu la réalité de l’humanité, et cela jusqu’à la mort, il l’a conduite aussi, à travers ce passage de sa propre mort à son fondement éternel. Et cet accès n’est le fait que de la foi, de la foi seule, « substance des choses qu’on espère », « substance » littéralement selon le mot grec employé ici. Ce mot désigne le fondement de ce qui est, en dessous, ce qui se tient en dessous ; ici, ce qui se tient en dessous, ce qui fonde ce que l’on espère et que le Christ a dévoilé.
Rappelons que l’auteur de l’Épître tient là à ses lecteurs un propos visant à leur consolation dans un temps de détresse où ce qui tient lieu de cœur du monde et de sa relation avec Dieu, le Temple, est en proie à la violence de l’armée romaine, à la veille de sa destruction : la foi est la substance de ce que l’on espère. La foi, et rien, pas même l’Église où cette parole doit être proclamée. Comme le rite du Temple, seul rite biblique, symbolise une réalité éternelle, le rite de l’Église a fonction symbolique et la parole qu’elle porte désigne ce fondement éternel.
Les Églises et leurs rites relèvent du provisoire. Le Christ ne se confond pas avec une Église. La réalité éternelle sur laquelle il ouvre relève de la foi seule. L’auteur témoigne ainsi, malgré les différences notables qui l’en distinguent, de sa proximité d’avec Paul, avec lequel on l’a parfois confondu.
Ainsi, ce n’est pas celui qui a fait montre de puissance, Caïn que Dieu justifie, mais celui qui a foi, Abel. Ou encore, Hénoch qui selon la Genèse a accédé à la réalité éternelle par une élévation est le signe de la foi comme substance fondamentale. Noé qui selon la Genèse a traversé la destruction du monde par la foi en est un autre. « La justice s’obtient par la foi ».
Hébreux 11, 8-22
L’Épître rappelle à présent que le peuple hébreu, auquel l'auteur s’adresse en quelque sorte à travers ses lecteurs fidèles du Temple, a été fondé sur la foi en une promesse concernant quelque chose qu’il ne voyait pas encore.
Pour cela, l’Épître remonte aux racines patriarcales, aux premiers temps de la constitution du peuple, d’Abraham à l’exil égyptien.
Aucun de tous ceux-là, d’Abraham à Joseph, qui n’ait cheminé par la foi sur les routes de la promesse.
Il n’est pas jusqu’aux passages les plus concrets qui n’aient été traversés par la foi, puisque sans la foi de Sarah, devenue trop âgée pour enfanter, Isaac n’aurait pas vu le jour indispensable pour qu’advienne la réalisation de la promesse !
Pas de retour possible vers une nostalgie d’un passé qui ne reviendra pas. Nous voilà « étrangers et résidents temporaires sur la terre. » En marche vers une autre patrie, « c’est-à-dire céleste ». La transposition, pratique typique de l’Épître aux Hébreux, est ici remarquable. Transposition immédiate. La promesse est au fond, en vérité, celle de la rencontre du fondement éternel de ce temps passager : la Cité céleste.
Promesse de résurrection : il n’est pas jusqu’à la ligature d’Isaac par Abraham qui ne soit lue à la lumière de la foi à la résurrection, qui s’est à présent approchée dans le Christ préexistant dans ce monde de la résurrection et venu la dévoiler dans notre temps passager.
C’est ainsi, qu’au moment même de la mort, au moment même de la sépulture, les gestes et rites de Jacob et de Joseph, depuis l’exil d’Égypte, signifient dans la foi la certitude de l’accomplissement de la promesse.
Hébreux 11, 23-40
Après les patriarches et le début de l’exil en Égypte, la revue des pères de la foi se poursuit avec Moïse et l’Exode et avec l’entrée en Canaan.
Moïse donné comme préfiguration du Christ par cette phrase célèbre et remarquable : « Il estimait en effet que l’opprobre du Christ était une plus grande richesse que les trésors de l’Égypte ». Le cœur de la vérité de l’humain est donné dans cette formule choc qui permet de saisir combien l’alternative à l’exil spirituel, le remède à la douleur de l’exil présente au fond des consciences, n’est pas dans une évasion éthérée, mais dans un regard sans concession sur la réalité de notre condition.
C’est aussi cela que symbolise le rite de la Pâques évoqué ici, où « l’aspersion du sang » sauve de « l'exterminateur ».
La contact avec le fondement éternel de nos êtres se fait dans la profondeur de la réalité, fût-elle douloureuse, pas dans sa fuite.
Il en est de même pour les triomphes évoqués ensuite :
Viennent alors les héros — ces anciens dirigeants du peuple que sont les juges —, les rois et les prophètes. Tous leurs combats ont été ceux de la foi en regard d’une promesse pour laquelle ils ont supporté toutes les persécutions, et dont la substance a été dévoilée dans le Christ : non pas de simples lendemains qui s’éloignent toujours et déchantent toujours, mais le fondement préexistant et inébranlable de ce qui passe — fondement qui en est la perfection.
La perfection. Ce qui « nous » a été accordé : « Dieu avait en vue quelque chose de meilleur pour nous, afin qu’ils ne parviennent pas sans nous à la perfection ». Communauté de combat, communauté de foi : la parole qui fonde éternellement le projet de Dieu s’est approchée, dévoilée par le Christ.
Hébreux 12, 1-13
Puisque Jésus est au fondement et au terme de la foi par laquelle advient le salut et le monde de paix espérés, reste à garder « les yeux fixés » sur lui en considérant que toutes les épreuves traversées, et toutes les épreuves qui s’annoncent, il les a connues.
Toujours cette exhortation à ne pas céder à la tentation de se décourager. D’autant plus que le combat n’est pas terminé. D’autres persécutions s’annoncent.
Ici l’auteur reprend le thème classique dans la Bible hébraïque de la persécution comme épreuve. L’image biblique classique pour cela est celle du creuset affinant l’or par le feu. Ici la comparaison est celle de la correction — à l’époque châtiment corporel par les verges. L’illustration est donc parlante. Elle dit beaucoup concernant la dimension extrêmement désagréable de ce que vivent les lecteurs de l’Épître.
Elle suggère aussi que le désagrément est partagé par Dieu. Non seulement en ce que le Christ nous a précédés dans l’épreuve, mais aussi — tout parent lecteur de l’Épître le comprend, et cela vaut aussi pour une époque où la pratique n’est plus aux châtiments corporels ! — le parent corrigeant son enfant en partage la souffrance : mais croit cependant devoir le faire pour son avenir.
Le propos de l’Épître n’est pas de dire la légitimité ou pas de la correction paternelle (et surtout pas du châtiment corporel !) — mais de fournir une théodicée (justification de Dieu) auprès de lecteurs qui doivent bien être tentés d’en vouloir à Dieu dont ils attendent la délivrance immédiate. Et loin de voir la délivrance, c’est la persécution qui sévit et s’amplifie. C’est cela que Dieu nous envoie tandis que nous persévérons ?
Voilà alors que l’auteur fait donc des lecteurs, via ce thème du châtiment, l’avant-garde de la purification du monde. Ils subissent par leur douleur, le prix de la solidarité avec le monde où ils cheminent — comme le Christ lui-même est venu en solidarité.
Le monde de violence qui est le nôtre, sort de cette violence dans la souffrance — que subissent les persécutés. C’est là la façon dont Dieu conduit le monde à sa perfection — hélas, on voit peu de délivrances face à l’oppression qui ne prennent pas un terme à travers des souffrances et des épreuves, souffrances dès lors décrites ici comme correction. En vue du « paisible fruit de justice à ceux qu’elle a formés ».
Gardons donc « yeux fixés sur Jésus ».
Ce n’est pas le moment de se décourager. L’auteur vient de le dire. Au contraire, sur la base de la promesse, sur la certitude la fidélité de Dieu, il faut se serrer les coudes et supporter les dernières épreuves du chemin de l’Exode vers le Royaume.
Parole appuyée par les références aux promesses messianiques des prophètes. Ici l’évocation d’Ésaïe est sensible : « le boiteux bondira comme un cerf et la bouche du muet criera de joie. Des eaux jailliront dans le désert, des torrents dans la steppe. La terre brûlante se changera en lac, la région de la soif en sources jaillissantes. Dans le repaire où gîte le chacal, l’herbe deviendra roseau et papyrus. Là on construira une route qu’on appellera la voie sacrée » (És 35, 6-8a). Et de même : « Réconfortez, réconfortez mon peuple, dit votre Dieu, parlez au cœur de Jérusalem et proclamez à son adresse que sa corvée est remplie, que son châtiment est accompli, qu’elle a reçu de la main du SEIGNEUR deux fois le prix de toutes ses fautes. Une voix proclame: "Dans le désert dégagez un chemin pour le SEIGNEUR, nivelez dans la steppe une chaussée pour notre Dieu. Que tout vallon soit relevé, que toute montagne et toute colline soient rabaissées, que l’éperon devienne une plaine et les mamelons, une trouée !" » (És 40, 1-4).
RP
Une lecture de l’Épître aux Hébreux
Étude biblique 2013-2014
Église protestante unie de France / Poitiers
Chaque 2e mardi du mois à 14 h 30
& chaque jeudi qui suit le 2e mardi à 20 h 30
7) Mardi 8 & jeudi 10 avril 2014
VI. La foi : 11,1 – 12,13. (PDF).
Hébreux 11, 1-7
1 [...] La foi, c’est l’assurance des choses qu’on espère, la démonstration de celles qu’on ne voit pas.
2 C’est à cause d’elle que les anciens ont reçu un bon témoignage.
3 C’est par la foi que nous comprenons que le monde a été formé par la parole de Dieu, de sorte que ce qu’on voit ne provient pas de ce qui est visible.
4 C’est par la foi qu’Abel offrit à Dieu un sacrifice de plus grande valeur que celui de Caïn; par elle, il fut déclaré juste, Dieu lui-même rendant témoignage à ses offrandes; et par elles, quoique mort, il parle encore.
5 C’est par la foi qu’Hénoch fut enlevé, de sorte qu’il ne vit pas la mort; et on ne le trouva plus, parce que Dieu l’avait enlevé. Car avant son enlèvement, il a reçu le témoignage qu’il plaisait à Dieu.
6 Or, sans la foi, il est impossible de lui plaire; celui qui s’approche de Dieu doit croire qu’il existe et qu’il récompense ceux qui le cherchent.
7 C’est par la foi que Noé, divinement averti de ce qu’on ne voyait pas encore et saisi d’une pieuse crainte, construisit une arche pour sauver sa famille; c’est par elle qu’il condamna le monde et devint héritier de la justice qui s’obtient par la foi.
L’Épître aux Hébreux nous a conduits jusqu’à ce ch. 11 dans sa conviction que si notre temps passager est en train de passer, si ce passage risque même de se faire dans la douleur, ce monde qui passe a un fondement inébranlable que le Christ est venu dévoiler.
Et cela de façon telle qu’ayant vécu la réalité de l’humanité, et cela jusqu’à la mort, il l’a conduite aussi, à travers ce passage de sa propre mort à son fondement éternel. Et cet accès n’est le fait que de la foi, de la foi seule, « substance des choses qu’on espère », « substance » littéralement selon le mot grec employé ici. Ce mot désigne le fondement de ce qui est, en dessous, ce qui se tient en dessous ; ici, ce qui se tient en dessous, ce qui fonde ce que l’on espère et que le Christ a dévoilé.
Rappelons que l’auteur de l’Épître tient là à ses lecteurs un propos visant à leur consolation dans un temps de détresse où ce qui tient lieu de cœur du monde et de sa relation avec Dieu, le Temple, est en proie à la violence de l’armée romaine, à la veille de sa destruction : la foi est la substance de ce que l’on espère. La foi, et rien, pas même l’Église où cette parole doit être proclamée. Comme le rite du Temple, seul rite biblique, symbolise une réalité éternelle, le rite de l’Église a fonction symbolique et la parole qu’elle porte désigne ce fondement éternel.
Les Églises et leurs rites relèvent du provisoire. Le Christ ne se confond pas avec une Église. La réalité éternelle sur laquelle il ouvre relève de la foi seule. L’auteur témoigne ainsi, malgré les différences notables qui l’en distinguent, de sa proximité d’avec Paul, avec lequel on l’a parfois confondu.
Ainsi, ce n’est pas celui qui a fait montre de puissance, Caïn que Dieu justifie, mais celui qui a foi, Abel. Ou encore, Hénoch qui selon la Genèse a accédé à la réalité éternelle par une élévation est le signe de la foi comme substance fondamentale. Noé qui selon la Genèse a traversé la destruction du monde par la foi en est un autre. « La justice s’obtient par la foi ».
Hébreux 11, 8-22
8 C’est par la foi qu’Abraham, obéit à l’appel (de Dieu) en partant vers un pays qu’il devait recevoir en héritage; et il partit sans savoir où il allait.
9 C’est par la foi qu’il vint s’établir dans la terre promise comme en un pays étranger, habitant sous des tentes, ainsi qu’Isaac et Jacob, héritiers avec lui de la même promesse.
10 Car il attendait la cité qui a de solides fondations, celle dont Dieu est l’architecte et le constructeur.
11 C’est par la foi aussi que Sara elle-même, malgré son âge avancé, fut rendue capable de donner le jour à une descendance, parce qu’elle tint pour fidèle celui qui a fait la promesse.
12 C’est pourquoi d’un seul homme—et d’un homme déjà atteint par la mort—sont issus (des descendants) aussi nombreux que les étoiles du ciel et que le sable qui est au bord de la mer et qu’on ne peut compter.
13 C’est dans la foi qu’ils sont tous morts, sans avoir obtenu les choses promises, mais ils les ont vues et saluées de loin, en confessant qu’ ils étaient étrangers et résidents temporaires sur la terre.
14 Ceux qui parlent ainsi montrent clairement qu’ils cherchent une patrie.
15 Et s’ils avaient eu la nostalgie de celle qu’ils avaient quittée, ils auraient eu l’occasion d’y retourner.
16 Mais en réalité ils aspirent à une patrie meilleure, c’est-à-dire céleste. C’est pourquoi Dieu n’a pas honte d’être appelé leur Dieu; car il leur a préparé une cité.
17 C’est par la foi qu’Abraham, mis à l’épreuve, a offert Isaac. C’est son fils unique qu’il offrait, lui qui avait reçu les promesses
18 et à qui il avait été dit: C’est par Isaac que tu auras une descendance qui porte ton nom.
19 Il comptait que Dieu est puissant, même pour faire ressusciter d’entre les morts. C’est pourquoi son fils lui fut rendu: il y a là un symbole.
20 C’est par la foi qu’Isaac bénit Jacob et Ésaü en vue de l’avenir.
21 C’est par la foi que Jacob, au moment de mourir, bénit chacun des fils de Joseph, et qu’il se prosterna en s’appuyant sur l’extrémité de son bâton.
22 C’est par la foi que Joseph, proche de sa fin, fit mention de l’exode des fils d’Israël, et qu’il donna des ordres au sujet de ses ossements.
L’Épître rappelle à présent que le peuple hébreu, auquel l'auteur s’adresse en quelque sorte à travers ses lecteurs fidèles du Temple, a été fondé sur la foi en une promesse concernant quelque chose qu’il ne voyait pas encore.
Pour cela, l’Épître remonte aux racines patriarcales, aux premiers temps de la constitution du peuple, d’Abraham à l’exil égyptien.
Aucun de tous ceux-là, d’Abraham à Joseph, qui n’ait cheminé par la foi sur les routes de la promesse.
Il n’est pas jusqu’aux passages les plus concrets qui n’aient été traversés par la foi, puisque sans la foi de Sarah, devenue trop âgée pour enfanter, Isaac n’aurait pas vu le jour indispensable pour qu’advienne la réalisation de la promesse !
Pas de retour possible vers une nostalgie d’un passé qui ne reviendra pas. Nous voilà « étrangers et résidents temporaires sur la terre. » En marche vers une autre patrie, « c’est-à-dire céleste ». La transposition, pratique typique de l’Épître aux Hébreux, est ici remarquable. Transposition immédiate. La promesse est au fond, en vérité, celle de la rencontre du fondement éternel de ce temps passager : la Cité céleste.
Promesse de résurrection : il n’est pas jusqu’à la ligature d’Isaac par Abraham qui ne soit lue à la lumière de la foi à la résurrection, qui s’est à présent approchée dans le Christ préexistant dans ce monde de la résurrection et venu la dévoiler dans notre temps passager.
C’est ainsi, qu’au moment même de la mort, au moment même de la sépulture, les gestes et rites de Jacob et de Joseph, depuis l’exil d’Égypte, signifient dans la foi la certitude de l’accomplissement de la promesse.
Hébreux 11, 23-40
23 C’est par la foi que Moïse, à sa naissance, fut caché pendant trois mois par ses parents; car ils virent que l’enfant était beau et ne craignirent pas l’édit du roi.
24 C’est par la foi que, devenu grand, Moïse refusa d’être appelé fils de la fille de Pharaon
25 aimant mieux être maltraité avec le peuple de Dieu que d’avoir la jouissance éphémère du péché.
26 Il estimait en effet que l’opprobre du Christ était une plus grande richesse que les trésors de l’Égypte; car il regardait plus loin, vers la récompense.
27 C’est par la foi qu’il quitta l’Égypte sans craindre la fureur du roi; car il tint ferme, comme voyant celui qui est invisible.
28 C’est par la foi qu’il fit la Pâque et l’aspersion du sang, afin que l’exterminateur ne touche pas aux premiers-nés des Israélites.
29 C’est par la foi qu’ils traversèrent la mer Rouge comme une terre sèche, tandis que les Égyptiens qui en firent la tentative furent engloutis.
30 C’est par la foi que les murailles de Jéricho tombèrent, après qu’on en eut fait le tour pendant sept jours.
31 C’est par la foi que Rahab la prostituée ne périt pas avec les non-croyants, parce qu’elle avait accueilli pacifiquement les espions.
32 Et que dirais-je encore? Car le temps me manquerait si je passais en revue Gédéon, Barak, Samson, Jephté, David, Samuel et les prophètes
33 qui, par la foi, vainquirent des royaumes, exercèrent la justice, obtinrent des promesses, fermèrent la gueule des lions,
34 éteignirent la puissance du feu, échappèrent au tranchant de l’épée, reprirent des forces après avoir été malades, furent vaillants à la guerre et mirent en fuite des armées étrangères.
35 Des femmes retrouvèrent leurs morts par la résurrection. D’autres furent torturés et n’acceptèrent pas de délivrance, afin d’obtenir une résurrection meilleure.
36 D’autres éprouvèrent les moqueries et le fouet, bien plus, les chaînes et la prison.
37 Ils furent lapidés, mis à l’épreuve, sciés, ils furent tués par l’épée, ils allèrent çà et là, vêtus de peaux de brebis et de peaux de chèvres, dénués de tout, opprimés, maltraités—
38 eux dont le monde n’était pas digne! errants dans les déserts, les montagnes, les cavernes et les antres de la terre.
39 Et tous ceux-là, qui avaient reçu par leur foi un bon témoignage, n’ont pas obtenu ce qui leur avait été promis.
40 Car Dieu avait en vue quelque chose de meilleur pour nous, afin qu’ils ne parviennent pas sans nous à la perfection.
Après les patriarches et le début de l’exil en Égypte, la revue des pères de la foi se poursuit avec Moïse et l’Exode et avec l’entrée en Canaan.
Moïse donné comme préfiguration du Christ par cette phrase célèbre et remarquable : « Il estimait en effet que l’opprobre du Christ était une plus grande richesse que les trésors de l’Égypte ». Le cœur de la vérité de l’humain est donné dans cette formule choc qui permet de saisir combien l’alternative à l’exil spirituel, le remède à la douleur de l’exil présente au fond des consciences, n’est pas dans une évasion éthérée, mais dans un regard sans concession sur la réalité de notre condition.
C’est aussi cela que symbolise le rite de la Pâques évoqué ici, où « l’aspersion du sang » sauve de « l'exterminateur ».
La contact avec le fondement éternel de nos êtres se fait dans la profondeur de la réalité, fût-elle douloureuse, pas dans sa fuite.
Il en est de même pour les triomphes évoqués ensuite :
Viennent alors les héros — ces anciens dirigeants du peuple que sont les juges —, les rois et les prophètes. Tous leurs combats ont été ceux de la foi en regard d’une promesse pour laquelle ils ont supporté toutes les persécutions, et dont la substance a été dévoilée dans le Christ : non pas de simples lendemains qui s’éloignent toujours et déchantent toujours, mais le fondement préexistant et inébranlable de ce qui passe — fondement qui en est la perfection.
La perfection. Ce qui « nous » a été accordé : « Dieu avait en vue quelque chose de meilleur pour nous, afin qu’ils ne parviennent pas sans nous à la perfection ». Communauté de combat, communauté de foi : la parole qui fonde éternellement le projet de Dieu s’est approchée, dévoilée par le Christ.
Hébreux 12, 1-13
1 Nous donc aussi, puisque nous sommes environnés d’une si grande nuée de témoins, rejetons tout fardeau et le péché qui nous enveloppe si facilement, et courons avec persévérance l’épreuve qui nous est proposée,
2 les yeux fixés sur Jésus, qui est l’auteur de la foi et qui la mène à la perfection. Au lieu de la joie qui lui était proposée, il a supporté la croix, méprisé la honte, et s’est assis à la droite du trône de Dieu.
3 Considérez en effet celui qui a enduré de la part des pécheurs une telle opposition contre sa personne, afin que vous ne vous fatiguiez pas, l’âme découragée.
4 Vous n’avez pas encore résisté jusqu’au sang en combattant contre le péché.
5 Et vous avez oublié l’exhortation qui vous est adressée comme à des fils: Mon fils, ne prends pas à la légère la correction du Seigneur, Et ne te décourage pas lorsqu’il te reprend.
6 Car le Seigneur corrige celui qu’il aime, Et frappe de verges tout fils qu’il agrée.
7 Supportez la correction: c’est comme des fils que Dieu vous traite. Car quel est le fils que le père ne corrige pas?
8 Mais si vous êtes exempts de la correction à laquelle tous ont part, alors vous êtes des enfants illégitimes et non des fils.
9 Puisque nous avons eu des pères selon la chair, qui nous corrigeaient et que nous avons respectés, ne devons-nous pas, à plus forte raison, nous soumettre au Père des esprits pour avoir la vie?
10 Nos pères, en effet, nous corrigeaient pour peu de temps, comme ils le jugeaient bon; mais Dieu nous corrige pour notre véritable intérêt, afin de nous faire participer à sa sainteté.
11 Toute correction, il est vrai, paraît être au premier abord un sujet de tristesse et non de joie; mais plus tard elle procure un paisible fruit de justice à ceux qu’elle a formés.
12 C’est pourquoi redressez les mains abattues et les genoux paralysés.
13 Que vos pieds suivent des pistes droites, afin que ce qui est boiteux ne dévie pas, mais plutôt soit guéri.
Puisque Jésus est au fondement et au terme de la foi par laquelle advient le salut et le monde de paix espérés, reste à garder « les yeux fixés » sur lui en considérant que toutes les épreuves traversées, et toutes les épreuves qui s’annoncent, il les a connues.
Toujours cette exhortation à ne pas céder à la tentation de se décourager. D’autant plus que le combat n’est pas terminé. D’autres persécutions s’annoncent.
Ici l’auteur reprend le thème classique dans la Bible hébraïque de la persécution comme épreuve. L’image biblique classique pour cela est celle du creuset affinant l’or par le feu. Ici la comparaison est celle de la correction — à l’époque châtiment corporel par les verges. L’illustration est donc parlante. Elle dit beaucoup concernant la dimension extrêmement désagréable de ce que vivent les lecteurs de l’Épître.
Elle suggère aussi que le désagrément est partagé par Dieu. Non seulement en ce que le Christ nous a précédés dans l’épreuve, mais aussi — tout parent lecteur de l’Épître le comprend, et cela vaut aussi pour une époque où la pratique n’est plus aux châtiments corporels ! — le parent corrigeant son enfant en partage la souffrance : mais croit cependant devoir le faire pour son avenir.
Le propos de l’Épître n’est pas de dire la légitimité ou pas de la correction paternelle (et surtout pas du châtiment corporel !) — mais de fournir une théodicée (justification de Dieu) auprès de lecteurs qui doivent bien être tentés d’en vouloir à Dieu dont ils attendent la délivrance immédiate. Et loin de voir la délivrance, c’est la persécution qui sévit et s’amplifie. C’est cela que Dieu nous envoie tandis que nous persévérons ?
Voilà alors que l’auteur fait donc des lecteurs, via ce thème du châtiment, l’avant-garde de la purification du monde. Ils subissent par leur douleur, le prix de la solidarité avec le monde où ils cheminent — comme le Christ lui-même est venu en solidarité.
Le monde de violence qui est le nôtre, sort de cette violence dans la souffrance — que subissent les persécutés. C’est là la façon dont Dieu conduit le monde à sa perfection — hélas, on voit peu de délivrances face à l’oppression qui ne prennent pas un terme à travers des souffrances et des épreuves, souffrances dès lors décrites ici comme correction. En vue du « paisible fruit de justice à ceux qu’elle a formés ».
Gardons donc « yeux fixés sur Jésus ».
Ce n’est pas le moment de se décourager. L’auteur vient de le dire. Au contraire, sur la base de la promesse, sur la certitude la fidélité de Dieu, il faut se serrer les coudes et supporter les dernières épreuves du chemin de l’Exode vers le Royaume.
Parole appuyée par les références aux promesses messianiques des prophètes. Ici l’évocation d’Ésaïe est sensible : « le boiteux bondira comme un cerf et la bouche du muet criera de joie. Des eaux jailliront dans le désert, des torrents dans la steppe. La terre brûlante se changera en lac, la région de la soif en sources jaillissantes. Dans le repaire où gîte le chacal, l’herbe deviendra roseau et papyrus. Là on construira une route qu’on appellera la voie sacrée » (És 35, 6-8a). Et de même : « Réconfortez, réconfortez mon peuple, dit votre Dieu, parlez au cœur de Jérusalem et proclamez à son adresse que sa corvée est remplie, que son châtiment est accompli, qu’elle a reçu de la main du SEIGNEUR deux fois le prix de toutes ses fautes. Une voix proclame: "Dans le désert dégagez un chemin pour le SEIGNEUR, nivelez dans la steppe une chaussée pour notre Dieu. Que tout vallon soit relevé, que toute montagne et toute colline soient rabaissées, que l’éperon devienne une plaine et les mamelons, une trouée !" » (És 40, 1-4).
RP
Une lecture de l’Épître aux Hébreux
Étude biblique 2013-2014
Église protestante unie de France / Poitiers
Chaque 2e mardi du mois à 14 h 30
& chaque jeudi qui suit le 2e mardi à 20 h 30
7) Mardi 8 & jeudi 10 avril 2014
VI. La foi : 11,1 – 12,13. (PDF).
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