« C’est la voix de mon bien-aimé ! » (Cantique des Cantiques 2, 8)
« Le peuple qui marchait dans les ténèbres voit une grande lumière ;
sur ceux qui habitaient le pays de l’ombre de la mort une lumière resplendit.
Car un enfant nous est né, un fils nous est donné. » (Ésaïe 9, 1 & 5)
« Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu.
Elle était au commencement avec Dieu.
En elle était la vie, et la vie était la lumière des hommes.
La lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont point reçue. » (Jean 1, 1-2 & 4-5)
Origène d'Alexandrie (185 env. - 253 env.) explique, dans son Commentaire du Cantique des Cantiques : « Dieu est Amour absolu et celui qui est de Dieu est Amour absolu. Or qui est "de Dieu", sinon celui qui dit : "Moi, je suis sorti de Dieu et je suis venu en ce monde" ? Si Dieu le Père est Amour absolu, le Fils aussi est Amour absolu. Or Amour absolu et Amour absolu ne font qu'un et ne diffèrent en rien. Il s'ensuit donc que le Père et le Fils sont un et ne diffèrent en rien ». (Com. Cant. Prol 26)
Un siècle avant le Concile de Nicée (325), Origène, fidèle lecteur de l'Évangile de Jean, s’avère ainsi déjà confesser une essence unique du Père, du Fils et de l'Esprit saint, selon sa lecture du Prologue de Jean qu’il commente : « La noble origine du Fils est manifestée par ces paroles : "Tu es mon Fils, aujourd'hui, je t'ai engendré", prononcées par Dieu pour qui cet aujourd'hui demeure toujours : car en Dieu, il n'y a, je pense, ni soir, ni matin. Mais le temps, si j'ose dire ; coextensif à sa vie sans principe et éternelle, est pour lui cet "aujourd'hui" où le Fils a été engendré : on ne peut donc découvrir ni le début ni le jour de sa génération ». (Com. Jean 1, 204)
La fréquente compréhension d’Origène comme pré-arien est bien caricaturale. Ainsi, de même, aucune raison de comprendre ces héritiers lointains d’Origène, les cathares, comme ariens, malgré cette (relativement rare) accusation des polémistes : le discours catholique du Moyen Âge occidental connaît des glissements tendant à confondre ordre dans la Trinité et hiérarchie de substances, regardant ipso facto l'héritage post-origénien des cathares comme arien, soit par ignorance, éventuellement par malveillance. Mais rien n'oblige à recevoir une déformation polémique comme une description juste.
Aussi les quelques accusations d'arianisme contre les cathares relèvent sans doute d'une volonté de les discréditer, l'arianisme étant très mal vu au Moyen Âge. La rareté relative de cette accusation (loin d'être aussi fréquente que l'accusation de manichéisme), son absence chez des théologiens comme Bernard de Clairvaux ou Thomas d'Aquin confirme que c'est pour eux une impasse. Bernard de Clairvaux est un connaisseur d’Origène, pour s'en être inspiré dans son exégèse, notamment du Cantique des Cantiques.
« Et la parole est devenue chair, et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité ; et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme la gloire du Fils unique venu du Père. » (Jean 1, 14)
RP
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