Ou : relectures et transpositions
I) Des relectures bibliques...
D’abord, il y a la sortie d’Égypte. Et un chant de triomphe à la gloire de Dieu…
Exode 15
Un Psaume d’Exode — à l’inverse des Psaumes d’exil...
(cf. Ps 137 /
Aucune institution des chantres au livre de l’Exode.
L’institution des chantres, parmi les lévites — relève du temps de la royauté :
1 Chroniques 6
1 Chroniques 15:16 Et David dit aux chefs des Lévites de disposer leurs frères les chantres avec des instruments de musique, des luths, des harpes et des cymbales, qu’ils devaient faire retentir de sons éclatants en signe de réjouissance.
Selon la tradition juive, le chant de triomphe de la sortie d’Égypte (Exode 15) est mal venu : Dieu le déplore : mes créatures viennent d’être englouties et vous chantez !
S’il y a musique, elle est portée à être aussi empreinte de nostalgie.
Aux temps modernes, cela se traduit du gospel au blues et inversement…
Royauté messianique et nostalgie
Si l’institution des chantres et le recueil des Psaumes relève de la royauté — les Psaumes de David —, on se trouve avec une royauté chargée d’une visée eschatologique — messianique.
Le roi est messie/oint et vise un roi à la fois juste et incontesté. Le Messie attendu. Où les Psaumes royaux sont aussi empreints de nostalgie.
Apparaît un autre sens des chants guerriers, des chants de triomphe, où du cœur de la faiblesse du roi jaillit la marque nostalgique d’un autre combat, d’autres victoires que celle qui engloutit les troupes de Pharaon…
« Dès le début, nous sommes placés en face d'un monde qui exclut l'indifférence. Il y a deux Voies. Non pas trois ou quatre ou autant que l'on voudra. Nous sommes avertis : le monde est cassé en deux. Le choix devient nécessaire ; il est l'exigence et le risque de cette brisure. La poésie n'est que la parure de l'enseignement : la Voie des Ténèbres et la Voie de la Lumière se partagent l'universalité du réel. Nous sommes au seuil d'une science qui se sait la plus vraie et se veut la plus exhaustive. Deux voies inégales et ennemies, mais qui coexistent dans le temps et dans l'espace où elles définissent la frontière d'une guerre ; sur cette ligne s'inscrivent les déchirements de l'Histoire. La plénitude des temps, la réalisation des promesses messianiques pourront seules faire cesser le meurtrier combat dont l'innocent demeure l'otage.
« Un Écrivain sublime anime ce drame dont l'enjeu est l'accomplissement et la libération de l'Homme. Les deux acteurs de ce duel, aux frontières de la vie et de la mort et qui s'affrontent du commencement à la fin, sont l'Innocent et le Révolté. Tous deux disent non. L'un refuse la voie de la lumière ; l'autre les ténèbres. L'un dit non à l'iniquité du monde ; l'autre à l'éternité de Dieu. Ces refus se situent à la source de la tragédie. Le conflit de deux négations contradictoires, qu'une liberté permet, définit l'axe où l'horreur assaille et meurtrit la joie. » (Chouraqui, « Liminaire pour Louanges »)
II) … À nos relectures...
… À travers une entrée dans le Psaume 40. Cf. aussi Ps 110 ; Ps 137 ; Ps 37.
Comment le priant s’approprie à juste titre le cri du Psalmiste, sa confession de péché et ses protestations de justice… En parallèle avec Job.
… La force du priant : selon une étymologie de prière — précaire !
Quelle prière du juste ? Où rejoint-elle ma prière ? Une prière sanctifiante.
Psaume 40 (TOB)
Le même mouvement qui est passage du Dieu caché au Dieu personnel, et qui fondera la lecture christologique, fonde une relation personnelle avec Dieu via la figure de celui qui personnalise le règne de Dieu, le Messie David :
Ps 110 :
Ps 137 :
// Ps 68, 22 : Dieu détruit la tête (le « principe ») de ses ennemis,
le poil (ce qui pousse) de celui qui vit dans ses crimes.
Lire « principe » au lieu de « tête » — c'est le même mot — ; entendre par « roc » le « roc » qu'est le Dieu protecteur au lieu de « roc de pierre » — cela est tout-à-fait possible : le texte ouvre lui-même à la transposition spirituelle au-delà d'une matérialité qui peut sembler croquante. Au fond c'est bien du satan qu'il s'agit (Chouraqui, « Liminaire pour Louanges », Les Psaumes, éd. du Rocher, p. 21sq.). Cela précisé, il y a dans les Psaumes la sincérité de l’épanchement d'une prière devant Dieu ; l'épanchement de tout ce que nous sommes, jusqu’à nos désirs de vengeance les plus « imbuvables » (où le contexte guerrier, la violence des persécuteurs, ne doivent pas non plus être négligés), fait partie intégrante de l'utilité des Psaumes : nous sommes invités à la même sincérité, fût-elle choquante (éventuellement, même, efficace substitut contre le passage à l’acte !), et à recevoir l'exaucement de Dieu seul (à la fois seul vengeur et consolateur qui permet de dépasser le désir de vengeance). S'en remettre à Dieu seul en toute chose...
Cf. la prédication du pasteur P. de Mareuil « Psaumes et Negro spirituals ».
Alors l’exaucement est inéluctable, qui vient sous une autre forme que celle escomptée au départ, sachant que Dieu même devient la demande du priant !
Psaume 37:4 : Fais du SEIGNEUR tes délices, Et il te donnera ce que ton cœur désire.
RP
Une prière qui engage
Église protestante unie de France / Poitiers
Catéchisme pour adultes 2013-2014
Chaque 3e mardi du mois à 14 h 30
& chaque jeudi qui suit le 3e mardi à 20 h 30
3) 17 & 19 décembre 2013 : Les prières bibliques et nous (PDF)
I) Des relectures bibliques...
1
D’abord, il y a la sortie d’Égypte. Et un chant de triomphe à la gloire de Dieu…
Exode 15
1 Alors, avec les fils d'Israël, Moïse chanta ce cantique au SEIGNEUR. Ils dirent :[…]
« Je veux chanter le SEIGNEUR,
il a fait un coup d'éclat.
Cheval et cavalier,
en mer il les jeta.
2 Ma force et mon chant, c'est le SEIGNEUR.
Il a été pour moi le salut.
C'est lui mon Dieu, je le louerai ;
le Dieu de mon père, je l'exalterai.
3 Le SEIGNEUR est un guerrier.
Le SEIGNEUR, c'est son nom.
4 Chars et forces du Pharaon,
à la mer il les lança.
La fleur de ses écuyers
sombra dans la mer des Joncs.
5 Les abîmes les recouvrent,
ils descendirent au gouffre comme une pierre.
6 Ta droite, SEIGNEUR,
éclatante de puissance,
ta droite, SEIGNEUR,
fracasse l'ennemi.
Un Psaume d’Exode — à l’inverse des Psaumes d’exil...
(cf. Ps 137 /
1 Auprès des fleuves de Babylone,
Là nous étions assis et nous pleurions En nous souvenant de Sion.
2 Aux saules de la contrée
Nous avions suspendu nos harpes.
3 Là, nos vainqueurs nous demandaient des cantiques, Et nos bourreaux de la joie :
Chantez-nous quelques-uns des cantiques de Sion !
4 Comment chanterions-nous le cantique du SEIGNEUR Sur un sol étranger ?
5 Si je t'oublie, Jérusalem, Que ma droite m'oublie ! […]).
Aucune institution des chantres au livre de l’Exode.
L’institution des chantres, parmi les lévites — relève du temps de la royauté :
1 Chroniques 6
31 Voici ceux que David établit pour la direction du chant dans la maison de l’Éternel, depuis que l’arche eut un lieu de repos:
32 ils remplirent les fonctions de chantres devant le tabernacle, devant la tente d’assignation, jusqu’à ce que Salomon eût bâti la maison de l’Éternel à Jérusalem, et ils faisaient leur service d’après la règle qui leur était prescrite.
1 Chroniques 15:16 Et David dit aux chefs des Lévites de disposer leurs frères les chantres avec des instruments de musique, des luths, des harpes et des cymbales, qu’ils devaient faire retentir de sons éclatants en signe de réjouissance.
Selon la tradition juive, le chant de triomphe de la sortie d’Égypte (Exode 15) est mal venu : Dieu le déplore : mes créatures viennent d’être englouties et vous chantez !
S’il y a musique, elle est portée à être aussi empreinte de nostalgie.
Aux temps modernes, cela se traduit du gospel au blues et inversement…
2
Royauté messianique et nostalgie
Si l’institution des chantres et le recueil des Psaumes relève de la royauté — les Psaumes de David —, on se trouve avec une royauté chargée d’une visée eschatologique — messianique.
Le roi est messie/oint et vise un roi à la fois juste et incontesté. Le Messie attendu. Où les Psaumes royaux sont aussi empreints de nostalgie.
Apparaît un autre sens des chants guerriers, des chants de triomphe, où du cœur de la faiblesse du roi jaillit la marque nostalgique d’un autre combat, d’autres victoires que celle qui engloutit les troupes de Pharaon…
*
« Dès le début, nous sommes placés en face d'un monde qui exclut l'indifférence. Il y a deux Voies. Non pas trois ou quatre ou autant que l'on voudra. Nous sommes avertis : le monde est cassé en deux. Le choix devient nécessaire ; il est l'exigence et le risque de cette brisure. La poésie n'est que la parure de l'enseignement : la Voie des Ténèbres et la Voie de la Lumière se partagent l'universalité du réel. Nous sommes au seuil d'une science qui se sait la plus vraie et se veut la plus exhaustive. Deux voies inégales et ennemies, mais qui coexistent dans le temps et dans l'espace où elles définissent la frontière d'une guerre ; sur cette ligne s'inscrivent les déchirements de l'Histoire. La plénitude des temps, la réalisation des promesses messianiques pourront seules faire cesser le meurtrier combat dont l'innocent demeure l'otage.
« Un Écrivain sublime anime ce drame dont l'enjeu est l'accomplissement et la libération de l'Homme. Les deux acteurs de ce duel, aux frontières de la vie et de la mort et qui s'affrontent du commencement à la fin, sont l'Innocent et le Révolté. Tous deux disent non. L'un refuse la voie de la lumière ; l'autre les ténèbres. L'un dit non à l'iniquité du monde ; l'autre à l'éternité de Dieu. Ces refus se situent à la source de la tragédie. Le conflit de deux négations contradictoires, qu'une liberté permet, définit l'axe où l'horreur assaille et meurtrit la joie. » (Chouraqui, « Liminaire pour Louanges »)
II) … À nos relectures...
… À travers une entrée dans le Psaume 40. Cf. aussi Ps 110 ; Ps 137 ; Ps 37.
Comment le priant s’approprie à juste titre le cri du Psalmiste, sa confession de péché et ses protestations de justice… En parallèle avec Job.
… La force du priant : selon une étymologie de prière — précaire !
Quelle prière du juste ? Où rejoint-elle ma prière ? Une prière sanctifiante.
Psaume 40 (TOB)
1 Du chef de chœur. De David, psaume.
2 J'ai attendu, attendu le SEIGNEUR :
il s'est penché vers moi, il a entendu mon cri,
3 il m'a tiré du gouffre tumultueux, de la vase des grands fonds.
Il m'a (re)mis debout, les pieds sur le rocher, il a assuré mes pas.
4 Il a mis dans ma bouche un chant nouveau, une louange pour notre Dieu.
Beaucoup verront, ils craindront et compteront sur le SEIGNEUR :
5 Heureux cet homme qui a mis sa confiance dans le SEIGNEUR,
et ne s'est pas tourné vers les hommes de Rahav (ou hautains)
ni vers les suppôts du mensonge !
6 Qu'ils sont grands, SEIGNEUR mon Dieu,
les projets et les miracles que tu as faits pour nous !
Tu n'as pas d'égal.
Je voudrais l'annoncer, le répéter, mais il y en a trop à dire.
7 Tu n'as voulu ni sacrifice ni offrande,
— tu m'as creusé des oreilles pour entendre — (cf. Hé 10, 5 / LXX)
tu n'as demandé ni holocauste ni expiation.
8 Alors j'ai dit : « Voici, je viens avec le rouleau d'un livre écrit pour moi.
9 Mon Dieu, je veux faire ce qui te plaît, et ta loi est tout au fond de moi. »
10 Dans la grande assemblée, j'ai annoncé ta justice ;
non, je ne retiens pas mes lèvres, SEIGNEUR, tu le sais !
11 Je n'ai pas caché ta justice au fond de mon cœur,
j'ai parlé de ta loyauté et de ton salut,
je n'ai pas dissimulé ta fidélité et ta vérité à la grande assemblée.
12 Toi, SEIGNEUR, tu ne retiendras pas loin de moi ta miséricorde,
ta fidélité et ta vérité me préserveront toujours.
13 Des malheurs sans nombre allaient me submerger,
mes fautes m'ont assailli, et j'en ai perdu la vue ;
j'en ai plus que de cheveux sur la tête, et le cœur me manque.
14 SEIGNEUR, daigne me délivrer !
SEIGNEUR, viens vite à mon aide !
15 Qu'ensemble ils rougissent de honte, Ceux qui cherchent à m'ôter la vie !
Qu'ils reculent déshonorés, ceux qui désirent mon malheur !
16 Qu'ils soient ravagés, talonnés par la honte, ceux qui font « Ah ! Ah ! »
17 Qu'ils exultent de joie à cause de toi, tous ceux qui te cherchent !
Qu'ils ne cessent de dire : « Le SEIGNEUR est grand »,
ceux qui aiment ton salut !
18 Je suis pauvre et humilié, le Seigneur pense à moi.
Tu es mon aide et mon libérateur ; mon Dieu, ne tarde pas !
Le même mouvement qui est passage du Dieu caché au Dieu personnel, et qui fondera la lecture christologique, fonde une relation personnelle avec Dieu via la figure de celui qui personnalise le règne de Dieu, le Messie David :
Ps 110 :
4 Le SEIGNEUR l'a juré, il ne le regrettera pas : Tu es prêtre pour toujours, à la manière de Malki-Tsédeq.
5 Le Seigneur est à ta droite, il brise des rois au jour de sa colère.
6 Il exerce le jugement parmi les nations : tout est plein de cadavres ; il brise le chef (le « principe ») d'un vaste pays.
7 En chemin il boit au torrent : c'est pourquoi il relève la tête (« exalte le Principe »).
Ps 137 :
8 Babylone la belle, toi qui vas être ravagée, heureux qui te paiera de retour pour le mal que tu nous as fait !
9 Heureux qui saisira et dispersera ta progéniture face au roc !
// Ps 68, 22 : Dieu détruit la tête (le « principe ») de ses ennemis,
le poil (ce qui pousse) de celui qui vit dans ses crimes.
Lire « principe » au lieu de « tête » — c'est le même mot — ; entendre par « roc » le « roc » qu'est le Dieu protecteur au lieu de « roc de pierre » — cela est tout-à-fait possible : le texte ouvre lui-même à la transposition spirituelle au-delà d'une matérialité qui peut sembler croquante. Au fond c'est bien du satan qu'il s'agit (Chouraqui, « Liminaire pour Louanges », Les Psaumes, éd. du Rocher, p. 21sq.). Cela précisé, il y a dans les Psaumes la sincérité de l’épanchement d'une prière devant Dieu ; l'épanchement de tout ce que nous sommes, jusqu’à nos désirs de vengeance les plus « imbuvables » (où le contexte guerrier, la violence des persécuteurs, ne doivent pas non plus être négligés), fait partie intégrante de l'utilité des Psaumes : nous sommes invités à la même sincérité, fût-elle choquante (éventuellement, même, efficace substitut contre le passage à l’acte !), et à recevoir l'exaucement de Dieu seul (à la fois seul vengeur et consolateur qui permet de dépasser le désir de vengeance). S'en remettre à Dieu seul en toute chose...
Cf. la prédication du pasteur P. de Mareuil « Psaumes et Negro spirituals ».
*
Alors l’exaucement est inéluctable, qui vient sous une autre forme que celle escomptée au départ, sachant que Dieu même devient la demande du priant !
Psaume 37:4 : Fais du SEIGNEUR tes délices, Et il te donnera ce que ton cœur désire.
RP
Une prière qui engage
Église protestante unie de France / Poitiers
Catéchisme pour adultes 2013-2014
Chaque 3e mardi du mois à 14 h 30
& chaque jeudi qui suit le 3e mardi à 20 h 30
3) 17 & 19 décembre 2013 : Les prières bibliques et nous (PDF)
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