Jean 1, 14 : « La parole est devenue chair [...]. »
Hébreux 2, 14-18
14 Ainsi donc, puisque les enfants participent au sang et à la chair, il y a également participé lui-même, afin que, par la mort, il anéantît celui qui a la puissance de la mort, c’est-à-dire le diable,
15 et qu’il délivrât tous ceux qui, par crainte de la mort, étaient toute leur vie retenus dans la servitude.
16 Car assurément ce n’est pas à des anges qu’il vient en aide, mais c’est à la postérité d’Abraham.
17 En conséquence, il a dû être rendu semblable en toutes choses à ses frères […].
18 car, ayant été tenté lui-même dans ce qu’il a souffert, il peut secourir ceux qui sont tentés.
2 Co 5, 21 : « Celui qui n'a point connu le péché, il l'a fait (devenir) péché pour nous, afin que nous devenions en lui justice de Dieu. »
Voilà des versets scandaleusement troublants (le Christ tenté comme nous — Hé 2, 18), et une approche, celle de ce ch. 2 de l’Épître Aux Hébreux, qui dit toute la radicalité scandaleuse (comme la crucifixion est scandale — 1 Co 1 & 2) de la prière de Jésus au Gethsémané (Marc 14, 32-36 et parallèles). Insistant sur le fait que le Christ n'a en aucun cas péché ! (4, 15), des textes comme 2 Corinthiens ou l’Épître aux Hébreux souligne la radicale humanité du Christ.
Au point que l'on pourrait presque se demander si le ch. 2 ne contredit pas le v. 15 du ch. 4 (« sans pécher ») ! Que signifie cette « tentation » qui a été la sienne ? Aurait-il conçu l’intention de pécher — mais cela est déjà pécher ! (Cf. Mt. 6), même si finalement il a résisté à la tentation...
La prière de Jésus au Gethsémané — « que soit faite ta volonté et non la mienne » — qu'assume donc ici l’Épître aux Hébreux, va jusqu'à recevoir ce que l’orthodoxie entérinera en 681 (au IIIe concile de Constantinople) en utilisant ces mêmes versets du Gethsémané pour refuser le « monothélisme » (l'idée qu'il n'y aurait qu'une seule volonté en Christ) et pour poser le dogme (orthodoxe) qui donne deux volontés en Christ : le Christ est doté de sa volonté propre, qui n'est pas celle du Père, ni même celle de la divinité en Christ, mais celle du Christ homme.
Marc 14, 32-36
32 Ils allèrent ensuite dans un lieu appelé Gethsémané, et Jésus dit à ses disciples : Asseyez-vous ici, pendant que je prierai.
33 Il prit avec lui Pierre, Jacques et Jean, et il commença à éprouver de la frayeur et des angoisses.
34 Il leur dit : Mon âme est triste jusqu’à la mort ; restez ici, et veillez.
35 Puis, ayant fait quelques pas en avant, il se jeta contre terre, et pria que, s’il était possible, cette heure s’éloignât de lui.
36 Il disait : Abba, Père, toutes choses te sont possibles, éloigne de moi cette coupe ! Toutefois, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux.
Luc 22, 41-44
41 Puis il s’éloigna d’eux à la distance d’environ un jet de pierre, et, s’étant mis à genoux, il pria,
42 disant : Père, si tu voulais éloigner de moi cette coupe ! Toutefois, que ma volonté ne se fasse pas, mais la tienne.
43 Alors un ange lui apparut du ciel, pour le fortifier.
44 Etant en agonie, il priait plus instamment, et sa sueur devint comme des grumeaux de sang, qui tombaient à terre.
Ainsi, sachant qu'une part de ce monde est déchéance et fruit de déchéance, la participation du Christ à la Création — « pour notre salut » — est participation mystérieuse au monde de la déchéance, ce qui se signifie en ce que le Christ est doté, outre la volonté divine incréée, d'une volonté créée, forcément distincte de la volonté divine.
Une pleine humanité donc, qui le conduit à une prière dans laquelle apparaît une lutte jusqu’à l’obéissance à Dieu pour recevoir une mort à laquelle il voudrait toutefois échapper, et donc une volonté du Christ qui se sépare, quant à son souhait, de la volonté du Père !
Cela correspond, dans les termes les plus tragiques, vécus dans toute leur intensité, à ce que dit 2 Corinthiens 5, 21 : « il a été fait péché pour nous » — sans pour autant commettre le péché, pas même en intention, mais selon l'ordre de sa participation à cette Création de péché — participation dont la marque est une volonté propre, dans la chair, et dans la volonté. Au point que lui qui n'a pas péché, prie avec nous les Psaumes portant nos confessions de péché et le Notre Père, demandant notre pardon. Solidarité totale avec nous : laisse faire ce qui est juste dit-il à Jean le Baptiste (Mt 3, 15) auquel il vient pour recevoir un baptême de repentance !
C'est ainsi que selon l’Épître Aux Hébreux, Jésus Christ est « élevé à la perfection par les souffrances » et devient pour les hommes (inscrits ainsi dans la postérité d’Abraham — Hé 2, 16) « le Prince de leur salut » : en soumettant sa volonté distincte de celle du Père (« que soit faite ta volonté et non la mienne ») ; ayant « appris, bien qu’il fût Fils, l’obéissance par les choses qu’il a souffertes » (Hé 5, 8).
RP
« Qui dites-vous que je suis ? »
Un parcours non-exhaustif de la perception de Jésus
Église protestante unie de France / Poitiers
Catéchisme pour adultes 2014-2015
Chaque 3e mardi du mois à 14 h 30
& chaque jeudi qui suit le 3e mardi à 20 h 30
3) 16 & 18 décembre 2014 - L'homme (PDF)
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