vendredi 10 juin 2016

L’Ecclésiaste - reprise et fin du discours



Ecclésiaste 12, 1b-7
[...] 2 — avant que ne s’assombrissent le soleil et la lumière
et la lune et les étoiles,
et que les nuages ne reviennent, puis la pluie,
3 au jour où tremblent les gardiens de la maison,
où se courbent les hommes vigoureux,
où s’arrêtent celles qui meulent, trop peu nombreuses,
où perdent leur éclat celles qui regardent par la fenêtre,
4 quand les battants se ferment sur la rue,
tandis que tombe la voix de la meule,
quand on se lève au chant de l’oiseau
et que les vocalises s’éteignent ;
5 alors, on a peur de la montée,
on a des frayeurs en chemin,
tandis que l’amandier est en fleur,
que la sauterelle s’alourdit
et que le fruit du câprier éclate ;
alors que l’homme s’en va vers sa maison d’éternité,
et que déjà les pleureuses rôdent dans la rue ;
6 — avant que ne se détache le fil argenté
et que la coupe d’or ne se brise,
que la jarre ne se casse à la fontaine
et qu’à la citerne la poulie ne se brise,
7 — avant que la poussière ne retourne à la terre, selon ce qu’elle était,
et que le souffle ne retourne à Dieu qui l’avait donné.

13 Écoutons la conclusion de tout le discours :
Crains Dieu et observe ses commandements.
C'est là tout l'humain.
14 Car Dieu fera venir toute œuvre en jugement,
pour tout ce qui est caché
— que ce soit bien ou mal.

*

Vivre devant Dieu

Au terme du discours, terme qui s'annonce par un poème qui dit la brièveté de la vie, se prononce ce qui résume le tout de l'humain : « crains Dieu et observe ses commandements. »

Car « Dieu est au ciel et toi sur la terre » dit aussi l’Ecclésiaste (ch. 5, v. 1). « Que tes paroles soient donc peu nombreuses »… Là, sur la terre, plutôt qu’en de vagues arrières-mondes, faire ce que ta main trouve à faire dans le temps bref qui t’est imparti :

Sous le soleil, cela sous un ciel inaccessible, signe d’un Dieu qui nous envoie sur la terre : « les choses cachées sont au Seigneur notre Dieu, les choses révélées sont pour nous et nos enfants, pour toujours, afin que nous mettions en pratique toutes les paroles de cette loi. » (Deutéronome 29, 28) — où l’on retrouve la conclusion de l’Ecclésiaste : « Crains Dieu et observe ses commandements. C'est là tout l'humain. » (ch. 12, v. 13)

La loi dont la source n'est ni une royauté ni un sacerdoce, mais qui s'ancre dans le mystère qui est que nous ne sommes pas la source de ce qui nous advient — la source de la loi du bien-vivre nous échappe aussi, ses préceptes aussi viennent de Dieu —, la loi comme indication de ce qu’est le bonheur, en ce temps-ci : dans une certaine qualité de relation au prochain sachant que le temps est bref pour l’animal social qu’est l’être humain.

Philosophie qui est aussi celle enseignée par Jésus — philosophie que l’on spécifie souvent à juste titre par ces mots, tirés du Sermon sur la Montagne : « Aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent. Alors vous serez enfants de votre Père qui est dans les cieux, car il fait lever son soleil sur les mauvais et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes. En effet, si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense aurez-vous ? » (Matthieu 5, 44-46)…

Ladite récompense devient alors une qualité de vie en lien avec la compréhension que cela nous est donné en ce temps-ci, sous le soleil, dans ce temps de vanité.

*

De cette vie qui nous est donnée, nous ne sommes ni la source, ni le garant du bonheur que nous pouvons y cueillir : cela nous échappe largement, cela vient des puissances qui nous échappent et se résument à un nom, un concept : « Dieu » : la part qui ne nous échappe pas tout-à-fait est celle que l'Ecclésiaste nous invite à mettre en œuvre : un respect reconnaissant, une loyauté : « crains Dieu et observe ses préceptes » — dont le fondement aussi nous échappe : il y aurait à s'interroger sur la notion de commandements/préceptes donnée ici : référence à la loi commune (commune ici en Israël), dont la visée universelle rejoint la conscience humaine…
Et tout ce que ta main trouve à faire, fais-le. Cueille le bonheur où il t'est donné : bois de bon cœur ton vin et jouis de la vie avec la femme que tu aimes. Tout cela est don de Elohim, « Dieu » en français. « Dieu » comme pluriel conjugué au singulier : ne pas faire de tel ou tel aspect de l'origine indiscernable de ce qui nous advient, un objet de culte particulier — une idole. Au fond, l'origine indiscernable est irreprésentable, sous quelque figure que ce soit. C'est donc ce que le français a traduit par « Dieu ».


RP
L'Ecclésiaste

Église protestante unie de France / Poitiers
Étude biblique 2015-2016
Chaque 2e mardi du mois à 14 h 30
& chaque jeudi qui suit le 2e mardi à 20 h 30
9. 14 & 16 juin (ch. 12) - Vivre devant Dieu - (PDF ici)


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