lundi 13 octobre 2025

"… Car ils ne savent pas ce qu'ils font"



… Sachant que le texte d’Ésaïe, ch. 53, ne parle pas de Jésus (il n'était pas né !), mais Jésus l’a médité, et y a fondé son attitude, se manifestant ainsi comme l’agneau paisible et doux.

“Toute la somme presque de notre sagesse, laquelle, à tout compter, mérite d’être réputée vraie et entière sagesse, est située en deux parties : c’est qu’en connaissant Dieu chacun de nous aussi se connaisse.” (Jean Calvin, IRC I, i, 1)

1 commentaire:

  1. Jean-Paul Sanfourche17 octobre 2025 à 19:17

    Invitation à une lecture (théologique et philosophique) profonde, chaque croyant étant concerné. Peut-être oublie-t-on souvent que la Bible est un lieu de formation de l’identité et de décision spirituelle.
    Cette double connaissance trouve une illustration christologique : en méditant les Écritures, Jésus connaît la volonté du Père, et dans ce même mouvement, découvre sa propre identité de Fils et de Serviteur souffrant. La méditation d’Ésaïe 53 devient donc non seulement un acte spirituel, mais aussi un acte anthropologique : Jésus se comprend en Dieu, et Dieu se révèle en lui. Petit itinéraire.
    1. « Noverim me, noverim Te » (Augustin.)
    2 « Toute la somme presque de notre sagesse, laquelle, à tout compter, mérite d’être réputée vraie et entière sagesse, est située en deux parties : c’est qu’en connaissant Dieu chacun de nous aussi se connaisse. »(Institution de la religion chrétienne, Livre I, chapitre 1, paragraphe 1)
    3« Or, il est douteux lequel des deux précède et engendre l'autre ; car il n’est pas facile de savoir si l’homme commence par se connaître soi-même, avant que de lever ses pensées à Dieu, ou s’il tire de la connaissance de Dieu le fruit de se connaître. » (Institution de la religion chrétienne, Livre I, chapitre 1, paragraphe 1)
    4« Tant que nous ne regardons pas au-delà de nous-mêmes, et que nous nous contentons de notre propre opinion, nous sommes assez contents de nous-mêmes […] Mais dès que nous levons les yeux vers Dieu, […] ce qui nous faisait plaisir se changera en horreur. » Institution de la religion chrétienne, Livre I, chapitre 1, paragraphe 2)
    Bref, héritage implicite augustinien, reformulé : toute véritable connaissance de soi commence par Dieu. Alors que chez Augustin, on ne sait si je découvre Dieu en me regardant ou si en regardant Dieu je me découvre. Calvin semble trancher : la vraie connaissance de soi ne vient qu’en se confrontant à Dieu. Socle de sa théologie. Dieu miroir de notre petitesse et de notre misère. Reste que la connaissance de Dieu et de soi-même sont indissociables.

    5. Ricoeur : « Le soi ne se connaît qu’à travers la médiation de l’Autre. » (Soi-même comme un autre (1990)). Herméneutique du soi qui fait écho à Calvin. (L’Autre étant éventuellement Dieu).
    Aucune connaissance de soi ne peut être autonome.

    L’idée que Jésus « a médité » Ésaïe 53 renvoie à une anthropologie où le sujet se forme dans et par la lecture. C’est une vision qui rejoint (ou informe) les intuitions d’herméneutique philosophique (Paul Ricœur, Gadamer) : le texte — et en particulier le texte sacré — n’est pas simplement un objet à interpréter, mais le lieu, la source unique de la connaissance de soi. Christ, dans son humanité, lit, médite et se constitue comme sujet (comme on dit aujourd’hui) dans une double relation au Texte et à Dieu.

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