Etrange article de S. Fath. Le sociologue, qui pour être « évangélique » n’en est pas moins habituellement très… comment dire… « Télérama compatible » (selon l’expression par laquelle lui-même qualifie « les certitudes » des « hommes d’appareil » de l’EPUdF et de la FPF), donne ici l’impression très nette de… se lâcher !… Avec modération toutefois, convoquant d’entrée un élu protestant lyonnais qu’il couvre de compliments… Bons points décernés comme pour dire qu’il ne les octroie pas, oh non !, aux présidents de l’EPUdF et de la FPF…
L’article commence par l’annonce de la « fusion » (sic !) que serait l’ « EPUF ». Avec l’ombre d’un regret : que ce phénomène « minoritaire » (il y insiste à plusieurs reprises) ait été quand même « l'événement protestant du mois [de mai 2013], et l'un des faits majeurs de l'année au sein des Eglises issues de la Réforme » — bien que la chose ait été « "montée en épingle" par ses promoteurs » (l’expression "montée en épingle", pour recevoir des guillemets, n’en est pas moins de S. Fath, qui semble ne pas trop goûter le fait que les luthéro-réformés essaient de leur mieux de prendre la leçon des évangéliques en matière de communication)…
Après cette introduction pour le moins imprécise, et après les bons points décernés à l’élu lyonnais, S. Fath passe donc au cœur de son propos, la « la tentation, jamais démentie chez les protestants français réformés, de préempter l'identité protestante à leur profit ». Pour cela, il attaque vivement… l’AFP !, visant une dépêche pour le moins lamentable, en effet. Le rapport avec l’EPUdF ? On se dit que S. Fath aurait pu se renseigner : l’AFP n’est pas un organe de l’EPUdF, ni de la FPF (elle aussi interpellée) ! Si comme le remarque à juste titre S. Fath, l’AFP a produit une phrase déplorable sur les évangéliques, est-ce forcément à l’EPUdF ou à la FPF d’envoyer « un correctif à l'AFP » ? Pourquoi pas le CNEF, puisqu’il semble que ce soit certains de ses membres qui seraient visés par la dépêche caricaturale, le CNEF ou telle ou telle Eglise évangélique (celle de S. Fath par ex.) ?
Voilà qui me rappelle une récrimination de certains de mes collègues évangéliques souhaitant que l’ERF, désormais EPUdF, soit pour eux l’interface organisant leur participation auprès des catholiques lors de la semaine de l’unité — alors qu’ils sont censés être participants à plein, en tant qu’Eglise souveraine au même titre que l’EPUdF.
Le sociologue, après avoir reproché au président de l’EPUdF de n’avoir pas fait la promotion des évangéliques dans une interview journalistique consacrée à l’union luthéro-réformée, chapitre le prochain président de la FPF (sans prendre en compte que les retranscriptions écrites des deux interviews ne rendent peut-être pas au mieux l’esprit des conversations initiales), lequel tiendrait des propos « mal informés » ; — le sociologue aurait été bien inspiré de s’informer lui-même auprès de ceux qu’il attaque, avant d’écrire sa diatribe, bardée d’inexactitudes dès sa première phrase. Ayant participé à mon humble mesure (à un plan synodal régional) au travail du processus d’union, je peux témoigner de l’insistance avec laquelle on a répété qu’il ne s’agissait pas de « fusion » (terme que S. Fath reprend systématiquement), mais d’union — et qu’il fallait écrire EPUdF (avec un d) et éviter l’abréviation EPUF (que S. Fath reprend à l’envi ici, et dans tous ses articles) : à éviter au motif que ce serait très gênant dans nos relations avec les Eglises allemandes — vu que Epuf y évoquerait… le bordel / Puff ! S. Fath n’est pas obligé de connaître l’allemand, mais enfin, on se renseigne… À moins qu’il n’ait voulu suggérer que la… « bordélique » diversité protestante demeure malgré tout au sein de la nouvelle « fusion » à laquelle il semble pourtant reprocher de l’oblitérer.
J’ajoute une information qui semble aussi avoir échappé à S. Fath : il ne corrige en effet aucun de ses commentateurs qui répètent l’erreur qui veut que la dénomination-même « EPUdF » soit « préemptioniste », entre autres par son « U » : sauf que le « U » de « Unie » répond notamment à une demande des… évangéliques, transmise par le président évangélique de la FPF d’alors : ce « Unie » permet de ne pas risquer de finir par résumer en usage courant le nom de la nouvelle Union en « Eglise Protestante », sachant qu’il y en a d’autres.
À un point de sa lecture, on ne peut s'empêcher de se demander si l’article de S. Fath n'a pas quelque chose d'une saute d’humeur en forme de lapsus révélateur : on est fondé à se demander si la fameuse « préemption réformée » ne relève pas en grande partie d’un fantasme né d’un complexe de minoritaires qui ne se sentent pas suffisamment « Télérama compatibles » (contrairement aux autres « hommes d’appareil », quant à des « certitudes maquillées en doutes », dont ils ne manquent pas d’user aussi à l’occasion comme les autres — une « Télérama compatibilité » souvent réelle, qui ne manque pas de m’agacer aussi).
Finalement, que ressort-il du coup de gueule de S. Fath — qui va jusqu’à friser le point Godwin en convoquant Marine Le Pen en regard de la dépêche déplorable de l’AFP mettant en cause les « populations immigrées » de mouvance pentecôtiste ? Propos de l’AFP effectivement condamnables. Mais à nouveau l’AFP n’est pas un organe de l’EPUdF — dans laquelle, à ma connaissance du moins, on n’a pas trouvé de pasteurs membres du FN, contrairement à ce qui a pu se voir côté évangélique.
Voilà un autre point où il y aurait à balayer chacun devant sa porte, outre le complexe de « préemption » des uns largement nourri par le complexe d’infériorité des autres.
Notons en outre que le processus d’union de l’EPUdF est bien plus prudent et humble que celui qui avait présidé à l’enthousiasme de la création de l’ERF en 1938, qui avait laissé plusieurs pans des Eglises de côté : nombre de méthodistes, une moitié des libristes, les « EREI » / UNEPREF. Avec l’EPUdF, aucune Eglise de l’ex-EELF ou de l’ex-ERF n’est restée de côté.
L’enthousiasme de 1938 n’est sans doute pas étranger à l’impression de certains, dont S. Fath, qu’il y aurait — « tentation jamais démentie chez les protestants français réformés » (sic) — une « étrange spécificité nationale qui fait sourire dans bien d'autres pays, où l'on sait fort bien que le protestantisme se conjugue au pluriel. » Les protestants luthéro-réformés français (S. Fath oublie systématiquement les luthériens : seuls les réformés, apparemment, seraient victimes de « l’impensé catholico-jacobin ») ne sont peut-être pas toujours si incultes que le suggère S. Fath : ils savent parfois eux aussi « fort bien », comme dans « bien d’autres pays », que « le protestantisme se conjugue au pluriel » ! À ce point, on a l’impression que S. Fath en est resté à un état-parenthèse de la sociologie réformée française post-1938, ce qui conduirait à lui suggérer une mise à jour de ses logiciels.
L’enthousiasme de 1938 a pu faire espérer une nouvelle forme d’union, ecclésiale, là où le protestantisme français n’était pas plus ignorant de son évidente diversité (organisée en partie de façon fédérative), voire division (d’où la démarche de 1938 voulant y remédier). La pluralité, la diversité, se conjuguent avec l’unité, contrairement à la division — cf. la question de la Cène résolue dans le respect des diversités pour les luthériens et réformés. La question de l’autre sacrement, le baptême, divise encore quand un très grand nombre d’évangéliques nient la validité du baptême administré par les luthériens et les réformés, certains allant jusqu’à leur refuser le titre de « chrétiens ». À ce point la polémique soulevée par S. Fath pourrait être à double tranchant et la « préemption » pourrait se retourner, invitant chacun à modérer son ton et à prendre garde à sa poutre dans l’œil…
Où il eût été plus évangélique (au sens non-confessionnel/dénominationnel du terme — mon usage du mot dans les lignes qui précèdent aurait mérité des guillemets : les luthéro-réformés le revendiquent aussi) — où il eût été plus évangélique, au sens propre donc, de la part de S. Fath, de lire dans un esprit de bienveillance, sinon de pardon, les propos retranscrits d’interviews orales des pasteurs qu’il met en cause (quand on sait en outre combien les retranscriptions journalistiques écrites peuvent parfois trahir volens nolens les propos tenus dans une conversation informelle, en éroder les pointes d’humour, etc.). En retour je ne doute pas que, dans le même esprit évangélique, les concernés pardonneront à S. Fath son étrange coup de sang.
Attitude plus fraternelle que de renvoyer les luthéro-réformés à René Girard en enjoignant les évangéliques à s'autoproclamer martyrs sous figure de « tiers-exclu ».
Dernier point, à titre d’info : on notera que le site de la paroisse de Poitiers de l’EPUdF consacre deux (2 !) onglets aux « autres Eglises protestantes de la ville » (qu’elles soient FPF, CNEF, ou sans rattachement para-local), présentées en termes bienveillants. On serait ravi de voir apparaître la réciproque sur leurs sites, que celui de l’EPUdF met en liens…
L’article commence par l’annonce de la « fusion » (sic !) que serait l’ « EPUF ». Avec l’ombre d’un regret : que ce phénomène « minoritaire » (il y insiste à plusieurs reprises) ait été quand même « l'événement protestant du mois [de mai 2013], et l'un des faits majeurs de l'année au sein des Eglises issues de la Réforme » — bien que la chose ait été « "montée en épingle" par ses promoteurs » (l’expression "montée en épingle", pour recevoir des guillemets, n’en est pas moins de S. Fath, qui semble ne pas trop goûter le fait que les luthéro-réformés essaient de leur mieux de prendre la leçon des évangéliques en matière de communication)…
Après cette introduction pour le moins imprécise, et après les bons points décernés à l’élu lyonnais, S. Fath passe donc au cœur de son propos, la « la tentation, jamais démentie chez les protestants français réformés, de préempter l'identité protestante à leur profit ». Pour cela, il attaque vivement… l’AFP !, visant une dépêche pour le moins lamentable, en effet. Le rapport avec l’EPUdF ? On se dit que S. Fath aurait pu se renseigner : l’AFP n’est pas un organe de l’EPUdF, ni de la FPF (elle aussi interpellée) ! Si comme le remarque à juste titre S. Fath, l’AFP a produit une phrase déplorable sur les évangéliques, est-ce forcément à l’EPUdF ou à la FPF d’envoyer « un correctif à l'AFP » ? Pourquoi pas le CNEF, puisqu’il semble que ce soit certains de ses membres qui seraient visés par la dépêche caricaturale, le CNEF ou telle ou telle Eglise évangélique (celle de S. Fath par ex.) ?
Voilà qui me rappelle une récrimination de certains de mes collègues évangéliques souhaitant que l’ERF, désormais EPUdF, soit pour eux l’interface organisant leur participation auprès des catholiques lors de la semaine de l’unité — alors qu’ils sont censés être participants à plein, en tant qu’Eglise souveraine au même titre que l’EPUdF.
Le sociologue, après avoir reproché au président de l’EPUdF de n’avoir pas fait la promotion des évangéliques dans une interview journalistique consacrée à l’union luthéro-réformée, chapitre le prochain président de la FPF (sans prendre en compte que les retranscriptions écrites des deux interviews ne rendent peut-être pas au mieux l’esprit des conversations initiales), lequel tiendrait des propos « mal informés » ; — le sociologue aurait été bien inspiré de s’informer lui-même auprès de ceux qu’il attaque, avant d’écrire sa diatribe, bardée d’inexactitudes dès sa première phrase. Ayant participé à mon humble mesure (à un plan synodal régional) au travail du processus d’union, je peux témoigner de l’insistance avec laquelle on a répété qu’il ne s’agissait pas de « fusion » (terme que S. Fath reprend systématiquement), mais d’union — et qu’il fallait écrire EPUdF (avec un d) et éviter l’abréviation EPUF (que S. Fath reprend à l’envi ici, et dans tous ses articles) : à éviter au motif que ce serait très gênant dans nos relations avec les Eglises allemandes — vu que Epuf y évoquerait… le bordel / Puff ! S. Fath n’est pas obligé de connaître l’allemand, mais enfin, on se renseigne… À moins qu’il n’ait voulu suggérer que la… « bordélique » diversité protestante demeure malgré tout au sein de la nouvelle « fusion » à laquelle il semble pourtant reprocher de l’oblitérer.
J’ajoute une information qui semble aussi avoir échappé à S. Fath : il ne corrige en effet aucun de ses commentateurs qui répètent l’erreur qui veut que la dénomination-même « EPUdF » soit « préemptioniste », entre autres par son « U » : sauf que le « U » de « Unie » répond notamment à une demande des… évangéliques, transmise par le président évangélique de la FPF d’alors : ce « Unie » permet de ne pas risquer de finir par résumer en usage courant le nom de la nouvelle Union en « Eglise Protestante », sachant qu’il y en a d’autres.
À un point de sa lecture, on ne peut s'empêcher de se demander si l’article de S. Fath n'a pas quelque chose d'une saute d’humeur en forme de lapsus révélateur : on est fondé à se demander si la fameuse « préemption réformée » ne relève pas en grande partie d’un fantasme né d’un complexe de minoritaires qui ne se sentent pas suffisamment « Télérama compatibles » (contrairement aux autres « hommes d’appareil », quant à des « certitudes maquillées en doutes », dont ils ne manquent pas d’user aussi à l’occasion comme les autres — une « Télérama compatibilité » souvent réelle, qui ne manque pas de m’agacer aussi).
Finalement, que ressort-il du coup de gueule de S. Fath — qui va jusqu’à friser le point Godwin en convoquant Marine Le Pen en regard de la dépêche déplorable de l’AFP mettant en cause les « populations immigrées » de mouvance pentecôtiste ? Propos de l’AFP effectivement condamnables. Mais à nouveau l’AFP n’est pas un organe de l’EPUdF — dans laquelle, à ma connaissance du moins, on n’a pas trouvé de pasteurs membres du FN, contrairement à ce qui a pu se voir côté évangélique.
Voilà un autre point où il y aurait à balayer chacun devant sa porte, outre le complexe de « préemption » des uns largement nourri par le complexe d’infériorité des autres.
Notons en outre que le processus d’union de l’EPUdF est bien plus prudent et humble que celui qui avait présidé à l’enthousiasme de la création de l’ERF en 1938, qui avait laissé plusieurs pans des Eglises de côté : nombre de méthodistes, une moitié des libristes, les « EREI » / UNEPREF. Avec l’EPUdF, aucune Eglise de l’ex-EELF ou de l’ex-ERF n’est restée de côté.
L’enthousiasme de 1938 n’est sans doute pas étranger à l’impression de certains, dont S. Fath, qu’il y aurait — « tentation jamais démentie chez les protestants français réformés » (sic) — une « étrange spécificité nationale qui fait sourire dans bien d'autres pays, où l'on sait fort bien que le protestantisme se conjugue au pluriel. » Les protestants luthéro-réformés français (S. Fath oublie systématiquement les luthériens : seuls les réformés, apparemment, seraient victimes de « l’impensé catholico-jacobin ») ne sont peut-être pas toujours si incultes que le suggère S. Fath : ils savent parfois eux aussi « fort bien », comme dans « bien d’autres pays », que « le protestantisme se conjugue au pluriel » ! À ce point, on a l’impression que S. Fath en est resté à un état-parenthèse de la sociologie réformée française post-1938, ce qui conduirait à lui suggérer une mise à jour de ses logiciels.
L’enthousiasme de 1938 a pu faire espérer une nouvelle forme d’union, ecclésiale, là où le protestantisme français n’était pas plus ignorant de son évidente diversité (organisée en partie de façon fédérative), voire division (d’où la démarche de 1938 voulant y remédier). La pluralité, la diversité, se conjuguent avec l’unité, contrairement à la division — cf. la question de la Cène résolue dans le respect des diversités pour les luthériens et réformés. La question de l’autre sacrement, le baptême, divise encore quand un très grand nombre d’évangéliques nient la validité du baptême administré par les luthériens et les réformés, certains allant jusqu’à leur refuser le titre de « chrétiens ». À ce point la polémique soulevée par S. Fath pourrait être à double tranchant et la « préemption » pourrait se retourner, invitant chacun à modérer son ton et à prendre garde à sa poutre dans l’œil…
Où il eût été plus évangélique (au sens non-confessionnel/dénominationnel du terme — mon usage du mot dans les lignes qui précèdent aurait mérité des guillemets : les luthéro-réformés le revendiquent aussi) — où il eût été plus évangélique, au sens propre donc, de la part de S. Fath, de lire dans un esprit de bienveillance, sinon de pardon, les propos retranscrits d’interviews orales des pasteurs qu’il met en cause (quand on sait en outre combien les retranscriptions journalistiques écrites peuvent parfois trahir volens nolens les propos tenus dans une conversation informelle, en éroder les pointes d’humour, etc.). En retour je ne doute pas que, dans le même esprit évangélique, les concernés pardonneront à S. Fath son étrange coup de sang.
Attitude plus fraternelle que de renvoyer les luthéro-réformés à René Girard en enjoignant les évangéliques à s'autoproclamer martyrs sous figure de « tiers-exclu ».
Dernier point, à titre d’info : on notera que le site de la paroisse de Poitiers de l’EPUdF consacre deux (2 !) onglets aux « autres Eglises protestantes de la ville » (qu’elles soient FPF, CNEF, ou sans rattachement para-local), présentées en termes bienveillants. On serait ravi de voir apparaître la réciproque sur leurs sites, que celui de l’EPUdF met en liens…
R.P.
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