vendredi 5 juin 2020

Il siège à la droite de Dieu



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Marc 12, 35-37
35 Prenant la parole, Jésus enseignait dans le temple. Il disait : « Comment les scribes peuvent-ils dire que le Messie est fils de David ?
36 David lui-même, inspiré par l’Esprit Saint, a dit : Le Seigneur a dit à mon Seigneur :
Siège à ma droite
jusqu’à ce que j’aie mis tes ennemis
sous tes pieds.
37 David lui-même l’appelle Seigneur ; alors, de quelle façon est-il son fils ? » ? La foule nombreuse l’écoutait avec plaisir.

*



Psaume 110, 1 de la Bible hébraïque : « Parole de l’Éternel à mon Seigneur : Assieds-toi à ma droite, Jusqu’à ce que je fasse de tes ennemis ton marchepied. » Ce texte est cité explicitement dans les versets de Marc que nous venons de lire, de même que dans Matthieu (22, 44) et Luc (20, 42) ; puis au livre des Actes des Apôtres (2, 34) ; dans le passage de Paul sur la résurrection, en 1 Corinthiens (15, 25) ; ou dans l’Épître aux Hébreux pour parler de la filiation divine de Jésus (ch. 1, 13 & ch. 10, 13).

Ce verset du Psaume 110 (numéroté 109 dans la Bible grecque des LXX et dans la version latine, la Vulgate), ce verset est aussi mentionné de façon plus allusive en un nombre considérable de textes du Nouveau Testament ; et on le retrouve de la sorte dans Symbole de Apôtres : « Il siège à la droite de Dieu, le Père tout-puissant, et il viendra de là juger les vivants et les morts. » Et dans le Symbole de Nicée-Constantinople : « Il siège à la droite du Père et il reviendra en gloire juger les vivants et les morts, lui dont le règne n'aura pas de fin ».

La citation de ce verset du Psaume que l’on retrouve selon les Évangiles dans la bouche de Jésus a donc une importance considérable, s’inscrivant dans une lecture de ce Psaume qui précède le christianisme, comme le souligne Marc disant : « La foule nombreuse l’écoutait avec plaisir. » La remarque de Jésus n’est pas en soi une nouveauté : le Psaume présente bien le Seigneur, l’Éternel, le Nom imprononçable comme invitant à sa droite celui que le Psalmiste, ici David, appelle « mon Seigneur » — avec un autre terme que le Nom imprononçable, mais qui place bien David dans une position seconde par rapport à celui qui correspond ici au Messie espéré, espéré par David lui-même.

Voilà qui nous dit beaucoup de choses . En premier lieu, la figure de David apparaît dans la Bible hébraïque comme simple moment historique, certes important, mais d’une réalité dont la racine spirituelle le déborde infiniment, et dans laquelle se fonde l’espérance messianique des contemporains de Jésus. En second lieu, Jésus de façon allusive mais non-explicite, suggère ici qu’il pourrait bien incarner lui-même cette figure messianique fondée en Dieu. Et enfin, dès le Nouveau Testament, plusieurs textes reconnaissent clairement en Jésus l’incarnation de cette figure perçue comme préfiguration céleste du Messie — céleste, voire éternelle : son règne étendu jusqu’à ce que tous jusqu’à ses ennemis le reconnaissent, n’a pas de fin, comme le dit explicitement le Symbole de Nicée-Constantinople, cela parce que, dès le Nouveau Testament, il est perçu dans plusieurs textes comme n’ayant pas de commencement, de même que la figure céleste présentée dans le Psaume est perçue comme éternelle.


RP, 05.06.2020
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