dimanche 24 mai 2020

"Cette gloire que j’avais auprès de toi avant que le monde fût"


Culte et prédication in extenso
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Jean 17, 1-11 (et Actes 1, 12-14 ; 1 Pierre 4, 13-16)
1 Après avoir ainsi parlé, Jésus leva les yeux au ciel et dit : "Père, l’heure est venue, glorifie ton Fils, afin que ton Fils te glorifie
2 et que, selon le pouvoir sur toute chair que tu lui as donné, il donne la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés.
3 Or la vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ.
4 Je t’ai glorifié sur la terre, j’ai achevé l’œuvre que tu m’as donnée à faire.
5 Et maintenant, Père, glorifie-moi auprès de toi de cette gloire que j’avais auprès de toi avant que le monde fût.
6 "J’ai manifesté ton nom aux hommes que tu as tirés du monde pour me les donner. Ils étaient à toi, tu me les as donnés et ils ont observé ta parole.
7 Ils savent maintenant que tout ce que tu m’as donné vient de toi,
8 que les paroles que je leur ai données sont celles que tu m’as données. Ils les ont reçues, ils ont véritablement connu que je suis sorti de toi, et ils ont cru que tu m’as envoyé.
9 Je prie pour eux ; je ne prie pas pour le monde, mais pour ceux que tu m’as donnés : ils sont à toi,
10 et tout ce qui est à moi est à toi, comme tout ce qui est à toi est à moi, et j’ai été glorifié en eux.
11 Désormais je ne suis plus dans le monde ; eux restent dans le monde, tandis que moi je vais à toi. Père saint, garde-les en ton nom que tu m’as donné, pour qu’ils soient un comme nous sommes un.

*



« Père, l’heure est venue, glorifie ton Fils, afin que ton Fils te glorifie » : dans cette glorification du Christ annoncée par l’Évangile de Jean, le départ du Christ qui est sa mort, coïncide à son Ascension. Apparaissent deux plans : au premier plan la croix et la mort, à l’arrière plan, comme par transparence, l’Ascension.

Dans l’Ascension comme dans la crucifixion, le Christ est « enlevé » (Ac 1, 2). « Vous ne me verrez plus », disait Jésus de sa mort, puis « encore un peu de temps et vous me verrez », disait-il de sa résurrection (Jn 16, 16). « Vous ne me verrez plus » : « une nuée le déroba à leurs yeux » (Ac 1, 9) ; « puis vous me verrez encore » : bientôt la venue en gloire.

L'Ascension, comme la mort, est tout d'abord la marque d'une absence — il ne faut pas imaginer cette élévation comme un déplacement physique vers le haut qui conduirait le Christ à une droite de Dieu « géographique » : Dieu est dans un au-delà infini : une élévation comme déplacement physique durerait indéfiniment ! Et d'autre part, Dieu est universellement présent : la droite de Dieu est partout ! Et de plus le Christ ressuscité emplit lui-même corporellement toutes choses. L'Ascension est un départ, déjà signifié par la Croix.

Dans le départ du Christ, c'est une réalité essentielle de la vie de Dieu avec le monde qui est exprimée : son retrait, son absence ; après ce premier retour qu'est sa résurrection, retrait signifié à nouveau dans l'Ascension. Le Christ entre dans son règne et, voilé dans une nuée, se retire dans cette gloire qu'il avait auprès du Père avant que le monde fût (Jn 17, 5). Car si Dieu est présent partout, et si le Christ ressuscité est lui-même corporellement présent, il est aussi à présent, comme le Père, absent, caché.


Cela nous enseigne en parallèle ce qu'il nous appartient de faire en ces temps d'absence : devenir ce que nous sommes en Dieu qui s'est retiré pour que nous puissions être. Cela suppose que nous nous retirions à notre tour de tout ce que nous avons pris l'habitude de croire de nous-mêmes, cela suppose que nous nous retirions de l'image qu'a forgée de nous notre histoire, à travers nos parents, nos maîtres, nos amis ou ennemis ; que nous nous retirions de la volonté de leur plaire, de les séduire ; que nous nous retirions aussi de notre volonté de nous différencier d'eux. L’Esprit de Dieu est celui qui insuffle en nous la liberté qui rend possible de ne plus rechercher ce que nos habitudes nous ont rendu désirable, de ne plus aimer ni haïr en réaction.

Le Christ lui-même s'est retiré pour nous laisser notre place, pour que l'Esprit vienne nous animer, cela à l'image de Dieu se retirant dans son repos pour laisser le monde être. À combien plus forte raison, devons-nous voir se retirer tous nos modèles et nos anti-modèles, tous nos désirs de plaire, ou nos volontés de nous démarquer.

C'est là seulement que se complète notre création à l'image de Dieu. Pour nous, entrée dans une prière de retrait en Dieu — de sorte que l'Esprit de Dieu lui-même soit le souffle qui nous fasse accéder à la liberté de devenir enfants de Dieu.


RP, 24.05.2020
En direct sur RCF Poitou à 8H45 / dimanche 9h15

Fréquences radio : — Châtellerault : 99.2 fm — Civray : 91.9 fm
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Culte et prédication in extenso
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